La presse était initialement conviée et le voyage n’avait rien de secret, mais tout s’est finalement déroulé dans l’intimité et bien loin des caméras. Marine le Pen était ce mardi en Russie, sans que personne ne semble être au courant de la raison de cette visite, même dans son plus proche entourage. A Moscou, elle a rencontré le président de la Douma.
Le responsable de la communication du Front national Alain Vizier est catégorique : « Je n’ai été informé de rien, je ne suis pas au courant. » Seule l’agence de presse russe Sputnik (proche du pouvoir) avance une hypothèse : Marine Le Pen serait allée à Moscou pour discuter du prêt de 9 millions d’euros consenti par la Russie à son parti.
Marine Le Pen rencontre le président de la Douma à Moscou, loin de toute caméra
Mais là encore, le trésorier du Front national, Wallerand de Saint-Just, s’étonne : « Je savais qu’elle devait s’y rendre, mais je n’ai pas participé à la préparation du voyage. Je ne sais donc pas de quoi il retourne dans le détail. Mais je ne vois pas pourquoi elle serait partie pour parler de ce prêt puisque tout est réglé. Il ne reste qu’à le rembourser. »
Le programme de la visite n’a pas été rendu public, mais le déplacement était connu de la presse qui avait d’abord été conviée, avant que cette invitation ne soit annulée.
On sait simplement que la présidente du Front national a rencontré le président de la Douma (le parlement russe) Sergeï Narychkine, un proche de Vladimir Poutine, membre de son parti Russie unie, et sous le coup des sanctions européennes depuis la crise ukrainienne.
Ce n’était pas la première rencontre entre les deux politiques : quelques semaines après l’embrasement de Kiev, en avril 2014, Marine Le Pen s’était rendue à Moscou pour affirmer le soutien de son parti aux revendications de la Russie sur la Crimée.
Pendant que le FN se rapproche de la Russie, la Russie se rapproche de la Chine communiste…
Reçue par ce dernier, elle avait alors soutenu la proposition russe d’une fédéralisation de l’Ukraine tout en dénonçant les sanctions européennes.
Selon les informations qui ont malgré tout fuité à l’issu de cet entretien, le président de la Douma aurait félicité Marine Le Pen pour le score FN aux élections départementales, qualifiant le parti de « structure stable et durable » qui incarne désormais « le temps et l’esprit de la France moderne ».
Marine Le Pen n’est pas la seule à se rapprocher de la Russie qui noue des liens avec tous les partis de droite ou d’extrême droite d’Europe, notamment depuis le début de la crise ukrainienne.
Mais la Russie se rapproche dans le même temps de la Chine communiste. Un rapprochement qui a de quoi interroger lorsque l’on sait que Vladimir Poutine est un ancien du KGB (ce qu’il n’a jamais regretté) et que la chute de l’URSS a été organisée par les Soviétiques eux-mêmes, comme l’avait annoncé avant la perestroïka Anatoliy Golitsyn dans ses deux ouvrages majeurs New Lies for Old et The Perestroïka Deception… Le communiste avancerait-il désormais masqué, avec le soutien des « droites » européennes ?