En déplacement en Côte d’Ivoire pour deux jours, Nicolas Sarkozy a appelé à « soutenir fortement le développement de l’Afrique », seul moyen selon l’ancien chef de l’Etat et candidat en recherche d’éviter « le drame de l’immigration illégale ». Alors que, dans le même temps, François Hollande se penchait sur un accord avec la Turquie qui fait grincer bien des dents, sur le continent africain, son adversaire d’hier et sans doute de demain esquissait l’ébauche d’une solution plus générale.
Prévu de longue date, le déplacement du patron des Républicains n’aura pas été remis en cause par l’attentat de Grand Bassam dimanche dernier. Certes Alassane Ouattara, le président ivoirien, n’a pas manqué de prévenir Nicolas Sarkozy – les deux hommes sont proches, « amis » même –, qui refuse de changer quoi que ce soit à son programme – hormis un hommage aux victimes.
Sarkozy en Côte d’Ivoire
Un propos fort, mais simple. « Le succès de l’Afrique et son développement feront reculer le cancer djihadiste », affirme l’ancien président de la République française.
Pour Nicolas Sarkozy, l’aide à l’Afrique est plus qu’une nécessité : une évidence. Loin des atermoiements sur la Françafrique, il observe que ce continent « connait un choc démographique sans précédent » ; un choc qui contraint chacun à revoir les bases d’une politique dépassée.
Au passage, Nicolas Sarkozy, qui n’ignore sans doute rien des discours malthusiens, s’interroge sur la capacité de notre planète à nourrir une quantité indéterminée d’êtres humains. Mais ce qui l’intéresse au premier chef, et parce que le défi est immédiat, c’est d’apporter des emplois à tous ces jeunes qui arrivent sur le marché du travail : « En Afrique sub-saharienne, 75 % de la population a moins de 35 ans. 8 à 10 % de croissance ne suffiront pas, il faut créer des emplois », observe-t-il.
Cette préoccupation économique n’est pas sans lien avec l’actualité. « Si la jeunesse n’a pas de perspective en Afrique, elle ira chercher ailleurs. (…) Or, au moment où l’Europe subit une crise sans précédent avec une forte pression migratoire, on ne pourra offrir à chacun un emploi, un logement, des conditions de vie décentes. »
Un plan africain
Il est donc à la fois sage et humain, pour Nicolas Sarkozy, d’offrir aux Africains des solutions chez eux. Quant à la question économique, il y répond sans gêne : « On a mis près de 84 milliards d’euros sur la table pour la Grèce. On est en train de mettre six milliards d’euros pour gérer les flux illégaux avec la Turquie. Il faut un plan de très grande ampleur, plusieurs dizaines de milliards d’euros, pour développer l’Afrique et réserver ce marché aux entreprises européennes. »
Le coût de la crise actuelle n’est pas pour lui donner tort. D’autant, explique-t-il, que « ça fera de la croissance pour nous, de la croissance pour eux, et ça nous donnera une chance de maitriser les flux migratoires ».
Prévenir, c’est guérir, pourrait-on dire pour résumer le propos de Nicolas Sarkozy. Qui, vraisemblablement, pencherait actuellement pour un autre dicton : Gouverner, c’est prévoir…