Diane Montagna, journaliste accréditée au Vatican, vient de publier un important entretien avec Mgr Athanasius Schneider au sujet du scandale de l’accueil du pèlerinage jubilaire « LGBTQ+ » dans la basilique Saint-Pierre alors même que ses membres brandissaient une croix aux couleurs arc-en-ciel du lobby gay et des slogans revendiquant leur mépris de la loi morale. Mgr Schneider y appelle le pape Léon XIV à reconnaître la faute commise par le Saint-Siège qui a autorisé cet événement profondément choquant, en rappelant avec quelle force Jean-Paul II avait dénoncé la tenue de la première « World Pride » à Rome au cours de l’année sainte 2000. Nous publions ci-dessous notre traduction intégrale de cet entretien.
Avant l’événement, Diane Montagna avait demandé au porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, de faire connaître la politique de Saint-Siège à l’égard du pèlerinage « LGBTQ+ Tenda di Gionata » (la tente de Jonathan), notamment en ce qui concerne les bannières, drapeaux et autres t-shirts arc-en-ciel, sans jamais obtenir la réponse pourtant annoncée. Vendredi, elle a appelé le Dicastère pour l’évangélisation, organisateur du jubilé ; son interlocuteur lui a dit qu’il ne devrait pas y avoir de problème, chose confirmée auprès de son supérieur : « Seule la croix officielle du jubilé » serait autorisée sur la Via della Conciliazione reliant le Tibre à Saint-Pierre et au passage de la Porte sainte, notamment pour des raisons de sécurité.
Un pèlerinage LGBTQ+ qui revendique un « mode de vie » contraire à la loi divine
Diane Montagna s’est rendue sur place samedi, jour du pèlerinage et s’est fait confirmer par l’organisateur de la « Tenda di Gionata » qu’aucune bannière, croix ou drapeaux n’était autorisé, mais un responsable du Dicastère pour l’Evangélisation présent au lieu de départ de la marche a semblé irrité par ses questions au sujet de la présence d’une croix arc-en-ciel.
Finalement un homme a bien porté cette croix, jusqu’à l’intérieur de la basilique, tandis que des bannières « Tenda di Gionata », de taille modeste mais bien visibles – qui leur étaient remises par les organisateurs – étaient portées par les participants. On voyait aussi des drapeaux arc-en-ciel.
Interrogés par la journaliste, les bénévoles au long du parcours ont assuré qu’ils n’avaient reçu aucune consigne à cet égard.
Mgr Scheider appelle à réparer cette « abomination de la désolation »
« On aurait pu sans peine empêcher cette affaire », écrit Diane Montagna.
Depuis lors, le 10 septembre, Matteo Bruni a déclaré à un journaliste italien que « l’événement lui-même était organisé par Tenda di Gionata sans que le Saint-Siège ne fût impliqué, si ce n’est pour ce qui concerne les aspects organisationnels en relation avec les bureaux qui supervisent les activités du Jubilé », Et de le renvoyer soit à l’association organisatrice, soit au Dicastère pour l’évangélisation, pour toute autre question.
Ce qui est une manière de s’en laver les mains.
Léon XIV avait reçu préalablement le père jésuite pro-LGBT James Martin qui à l’issue de l’audience s’était targué du « soutien » du pape. Ce dernier n’a toutefois pas salué le groupe comme il le fait pour bien d’autres pèlerinages jubilaires. Mais il n’a pas non plus exprimé de mise au point par rapport au scandale qui s’est produit, peut-être malgré lui ? Lui a-t-on tendu un piège ? Comment peut-il y rester, en ce cas ?
Ce 11 septembre, Léon XIV disait à 192 évêques nouvellement ordonnés qu’il leur faut « retrouver la passion et le courage pour une nouvelle annonce de l’Evangile ». Il faut « servir la foi du peuple », a-t-il insisté. En effet… – J.S.
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Entretien de Mgr Athanasius Schneider avec Diane Montagna au sujet du « pèlerinage LGBTQ+ » à Rome
Diane Montagna : Une photo virale montrant deux hommes homosexuels se tenant effrontément la main dans la basilique Saint-Pierre, l’un avec un sac à dos sur lequel est inscrit « F*** the Rules » (J’enc… les règles), et une autre image d’un jeune homme vêtu d’une chemise « arc-en-ciel » prenant un selfie de sa main ornée de griffes avec le Baldacchino de Bernini en arrière-plan, ont fait le tour du monde depuis le 6 septembre. Le groupe de pèlerins est parvenu à entrer dans la basilique en brandissant une croix « arc-en-ciel » ; on ignore comment un tel objet a pu passer les contrôles de sécurité. Le pèlerinage a été approuvé par le Vatican, dans le cadre de l’année jubilaire proclamée par le pape François. Quelle a été la première réaction de votre Excellence lorsque vous avez vu ces photos ?
+ Athanasius Schneider : Ma réaction a été un cri muet d’horreur, d’indignation et de tristesse. Tous les vrais croyants de l’Eglise, fidèles et clergé, qui affirment encore la validité des commandements de Dieu et les prennent au sérieux devraient vivre cette provocation comme une véritable claque. Je pense que les catholiques fidèles et les membres du clergé sont en quelque sorte assommés par un coup aussi violent et ont besoin de temps pour s’en remettre. Un acte sans précédent a eu lieu dans la basilique Saint-Pierre de Rome, un acte qui peut être décrit, selon les mots de Notre Seigneur, comme « l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint » (cf. Mt 24, 15).
Quelle est la signification de la Porte Sainte, et en quoi son sens touche-t-il la réalité de ce qui s’est passé le 6 septembre ?
L’une des significations essentielles de l’Année Jubilaire et de la Porte Sainte consiste à « conduire l’homme à la conversion et à la pénitence », comme l’a expliqué le pape Jean-Paul II dans la Bulle d’indiction de l’Année Sainte 2000. Un autre signe distinctif est l’indulgence, qui est l’un des éléments constitutifs du Jubilé. Ainsi, l’année jubilaire est un puissant moyen de la grâce de Dieu qui aide les fidèles à progresser réellement dans la sainteté grâce à une réception fructueuse du sacrement de pénitence et à l’obtention de l’indulgence, qui implique un détachement conscient de tous les péchés graves et des désordres moraux. En effet « céder consciemment au péché grave […] sépare le croyant de la vie de grâce avec Dieu et par là-même de la sainteté à laquelle il est appelé » (Jean-Paul II, Incarnationis Mysterium, 9).
L’objectif déclaré des organisations LGBTQ+ qui ont rassemblé leurs adhérents et militants en vue de ce pèlerinage jubilaire était que l’Eglise reconnaisse et légitime les soi-disant droits des homosexuels, y compris les actes homosexuels et autres formes de comportement sexuel extra-conjugal.
Les organisateurs et les participants à ce pèlerinage n’ont montré aucun signe de repentance ni de renoncement à des péchés homosexuels objectivement graves et au mode de vie homosexuel. Franchir la Porte Sainte et participer au Jubilé sans repentance, tout en promouvant une idéologie qui rejette ouvertement le sixième commandement de Dieu, constitue une sorte de profanation de la Porte Sainte, en se moquant de Dieu et du don de l’indulgence.
Les groupes impliqués dans l’événement de samedi (Jonathan’s Tent [Tenda di Gionata], le Global Network of Rainbow Catholics et Outreach, dirigé par le père James Martin, SJ) rejettent l’idée qu’il faille se convertir pour abandonner un mode de vie LGBTQ+ et estiment au contraire qu’il est temps que l’Eglise catholique reconnaisse ce dernier. Que révèle le fait que cet événement ait été autorisé au sujet de l’état actuel du Vatican ?
En agissant ainsi, les autorités responsables du Saint-Siège ont collaboré de facto à saper et à remettre en question la validité du sixième commandement de Dieu, en particulier sa condamnation explicite de l’activité homosexuelle. Elles sont restées sans rien faire et ont permis que Dieu soit ridiculisé et que ses commandements soient rejetés avec mépris.
Cet événement était-il selon vous pire que le scandale de la Pachamama ?
D’un point de vue théologique et objectif, la vénération de la Pachamama dans la basilique Saint-Pierre était pire que le pèlerinage LGBTQ+, car elle constituait une violation directe du premier commandement du Décalogue ; elle était donc plus impie qu’un événement odieux qui contredit ou ridiculise le sixième commandement. La promotion de la sodomie et d’autres immoralités sexuelles équivaut à une forme d’idolâtrie indirecte, alors que l’idole Pachamama a fait l’objet d’actes explicites de vénération religieuse : encens, lumières, bougies et prosternements. Les deux événements doivent faire l’objet d’une réparation publique par le pape lui-même. Cela est urgent, avant qu’il ne soit trop tard, car on ne se rit pas de Dieu (cf. Gal. 6, 7).
Avant le pèlerinage à travers la Porte Sainte, une messe a été célébrée par Mgr Francesco Savino, vice-président de la Conférence épiscopale italienne, dans l’église jésuite du Gesù à Rome. Tout le monde était invité à recevoir la sainte Communion. L’adhésion à tous les enseignements de l’Eglise (doctrine et morale) n’est-elle pas une condition préalable pour recevoir Notre Seigneur dans la Sainte Eucharistie ?
Oui, c’est certainement une condition préalable que Dieu impose dans les Saintes Ecritures à travers l’enseignement de saint Paul : « Celui qui mange et boit [indignement], sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit son propre jugement. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup de gens faibles et de malades, et qu’un grand nombre sont morts » (1 Co 11, 29-30). L’Eglise a conservé ce précepte inchangé et universel pendant deux mille ans et le maintient encore dans son enseignement officiel. Le Catéchisme stipule clairement que : « Si quelqu’un a conscience d’avoir péché mortellement, il ne doit pas accéder à l’Eucharistie sans avoir reçu préalablement l’absolution dans le sacrement de Pénitence. » (n. 1415). En outre, il note que les Saintes Ecritures « les présente comme des dépravations graves, [et] la Tradition a toujours déclaré que “les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés”. Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas » (n. 2357).
En autorisant ces messes publiques pour les organisations LGBTQ+ à Rome et en leur accordant le passage par la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre, les autorités du Saint-Siège ont montré au monde entier une contradiction flagrante entre l’enseignement officiel de l’Eglise et sa pratique. Ce faisant, ces hautes autorités ont effectivement rejeté la doctrine même qu’elles sont tenues de faire respecter. A la lumière de ces faits manifestes, évidents pour tous, on est en droit de se demander : le monde peut-il encore prendre au sérieux l’enseignement officiel de l’Eglise ?
L’organisation « Courage International » est un apostolat au service des hommes et des femmes qui éprouvent une attirance pour le même sexe, les aidant à mener une vie de sainteté en accord avec la plénitude de la foi catholique. Si le pèlerinage de samedi avait été parrainé par Courage, il n’y aurait pas eu de scandale. Quel message adressez-vous aux personnes qui ont participé à l’événement de samedi, qui sont induites en erreur par le père James Martin et le mouvement LGBTQ+ ?
Mon message à leur intention est avant tout un message de compassion. Car lorsqu’une personne rejette consciemment le commandement explicite de Dieu interdisant toute activité sexuelle en dehors d’un mariage valide, elle se place dans le plus grand danger qui soit : celui de perdre la vie éternelle et d’être condamnée éternellement à l’enfer. Nous devons faire preuve de compassion envers ceux qui revendiquent la légitimation de l’activité homosexuelle et persistent dans cette voie sans repentir, et même avec fierté. Le véritable amour pour ces personnes consiste à les appeler, avec douceur mais persévérance, à une conversion authentique à la volonté révélée de Dieu. Ces personnes sont induites en erreur et trompées par l’esprit malin, par Satan, le père du mensonge, et sont en fin de compte malheureuses, même si elles ont étouffé la voix de leur conscience.
Nous devons être animés d’un grand zèle pour sauver ces âmes, pour les libérer des tromperies empoisonnées. Les prêtres qui les confirment dans leur activité homosexuelle ou dans un mode de vie homosexuel sont des criminels spirituels, des assassins des âmes, et Dieu leur demandera des comptes, selon Sa parole : « Et toi, fils de l’homme, je t’ai établi comme sentinelle pour la maison d’Israël : quand tu entendras de ma bouche une parole, tu les avertiras de ma part. Quand j’aurai dit au méchant : “Méchant, tu mourras certainement !” si tu ne parles pas pour avertir le méchant de quitter sa voie, celui-ci, étant méchant, mourra dans son iniquité ; mais je te demanderai compte de son sang » (Ez. 33, 7-8).
Cet événement avait été prévu avant l’élection du pape Léon XIV. Certains ont avancé que la situation aurait pu être pire si le pape François avait encore été en vie. Ils soulignent que le pape Léon n’a pas reçu de délégation du groupe LGBT+ lors de son audience générale du Jubilé sur la place Saint-Pierre samedi matin, et qu’il n’a pas non plus envoyé de message à ce groupe.
Ces arguments ne sont pas convaincants. Le fait que le pape ait reçu une délégation pro-LGBTQ+ aurait été sans précédent et aurait constitué un scandale sans précédent. Le fait que le pape Léon XIV n’ait pas provoqué un tel scandale ne justifie en rien son consentement de facto à cet événement. En effet, on ne peut raisonnablement présumer de sa naïveté, car il était tout à fait prévisible qu’une organisation pro-LGBTQ+, ou du moins certains de ses membres, exploiterait la Porte Sainte et la Basilique Saint-Pierre comme une tribune pour promouvoir une idéologie qui méprise et rejette ouvertement la volonté explicite de Dieu telle qu’elle est exprimée dans Son saint Commandement.
Le père James Martin a diffusé des photos d’une audience qu’il a eue avec le pape Léon plusieurs jours avant l’événement. Les papes précédents ont-ils rencontré de telles personnalités de cette manière ? Que pensez-vous de cette audience et d’autres audiences récentes, comme celle avec la controversée sœur dominicaine Lucia Caram, dont on dit qu’elle soutient le « mariage gay » ?
Avant le pontificat du pape François, les successeurs de Pierre ne recevaient pas officiellement et ne posaient pas pour des photos avec ceux qui, par leurs paroles ou leurs actes, rejetaient ouvertement l’enseignement doctrinal et moral de l’Eglise. Par ces rencontres officielles et ces photos, le pape Léon a de facto envoyé au monde le message qu’il ne se distancie pas de leurs enseignements et comportements hétérodoxes et scandaleux, d’autant plus que le Saint-Siège n’a fourni aucune clarification par la suite et n’a pas corrigé les messages triomphants du père James Martin diffusés sur les réseaux sociaux. Il existe un dicton populaire qui dit : « Qui tacet consentire videtur » – « Qui ne dit mot est réputé consentir ».
Traditionnellement, l’Eglise a non seulement prêché la vérité, mais aussi activement combattu l’erreur. Alors que l’islam continue de se développer en Occident et que l’Europe se déchristianise de plus en plus, quel risque court l’Eglise catholique si elle cède son autorité morale à ces lobbies et mouvements ?
Saint Pierre et ses successeurs, les pontifes romains, ainsi que le Saint-Siège, et donc l’Eglise catholique en tant que telle, ont reçu du Christ lui-même la plus haute autorité morale qui existe dans ce monde. Cette autorité consiste à enseigner au monde entier – aux peuples de toutes les nations et de toutes les religions – les commandements de Dieu, c’est-à-dire à observer tout ce que le Christ a commandé (cf. Mt 28, 20).
Dans la mesure où le magistère de l’Eglise – au Saint-Siège et dans l’épiscopat catholique – s’affaiblit, devient flou, ambigu, voire contradictoire, l’influence de l’anti-vérité, dans toutes ses dérivations idéologiques et sous toutes ses formes religieuses, ne manquera pas de croître.
La force de l’islam peut être de plus en plus attrayante pour certains, mais l’islam ne donne pas et ne pourra jamais donner à l’âme humaine la puissance spirituelle nécessaire pour être transformée intérieurement en une personne nouvelle par la grâce du Christ. Je vis dans une région à majorité musulmane qui compte également une forte présence orthodoxe ; lorsque les gens voient ces événements, les chefs religieux et les gens ordinaires se demandent ce qui arrive au pape et au Saint-Siège.
En permettant des événements aussi scandaleux, les autorités du Saint-Siège réduisent effectivement au silence la vérité du Christ, la voix du Christ. Il est donc impératif, à notre époque, que les paroles du pape et des autorités du Saint-Siège concernant l’enseignement de l’Eglise correspondent fidèlement à leurs actes. Car il n’y a pas d’autorité morale plus élevée dans ce monde que celle de Jésus-Christ, qui a confié son autorité au Magistère du pape et à l’épiscopat. Quelle énorme responsabilité ! Et quelle immense responsabilité future devant le tribunal du Christ !
J’ai écrit au porte-parole du Vatican, Matto Bruni, pour lui demander si le Vatican allait reconnaître que cet événement n’aurait pas dû être autorisé et présenter ses excuses pour le scandale causé, mais je n’ai reçu aucune réponse. Que révèle selon vous ce silence ?
Le Saint-Siège se trouve dans une sorte d’impasse et doit faire face à deux réactions.
D’un côté, les organisations qui prônent la légitimation du mode de vie LGBTQ+ se sont réjouies. L’inclusion d’activistes LGBTQ+ parmi les groupes de pèlerins de l’Année Sainte et leur entrée solennelle dans la basilique Saint-Pierre, centre spirituel du catholicisme, ont envoyé au monde entier le message selon lequel le Saint-Siège reconnaît l’objectif premier de ces organisations : l’approbation de l’activité homosexuelle et d’autres pratiques sexuelles en dehors du mariage. Et pour cela, le monde applaudit le pape Léon XIV et le Saint-Siège.
De l’autre côté, il y a tous ceux – catholiques, bien sûr, mais aussi des non-catholiques et des adeptes d’autres religions – qui continuent à défendre la validité des commandements de Dieu et à Le prendre au sérieux, et qui se trouvent dans un état de choc. Tous les fils et filles fidèles de la Sainte Eglise se sentent profondément humiliés. C’est, pour ainsi dire, un rougissement sur les visages des enfants de l’Eglise. Nous avons honte devant Dieu.
On perçoit un silence embarrassé de la part du Saint-Siège, semblable au silence coupable de celui qui a mal agi.
Cet événement s’est produit le premier samedi du mois, jour où Notre-Dame de Fatima a spécialement demandé réparation pour les offenses commises contre son Cœur immaculé. Comment les fidèles peuvent-ils contribuer à faire réparation pour ce qui s’est passé ?
La situation qui en a résulté n’est rien de moins qu’une humiliation publique de notre Sainte Mère l’Eglise devant la jubilation éhontée des ennemis des commandements de Dieu. Nous devons tous faire un acte collectif de réparation pour l’outrage commis contre la sainteté de la maison de Dieu et la sainteté de Ses commandements. Nous, les enfants de l’Eglise – surtout le pape, et en particulier les ecclésiastiques qui ont permis, soutenu et même justifié une telle abomination – devrions faire nôtres les paroles du prophète Daniel : « A vous, Seigneur, la justice, à nous la confusion de visage, à cause de leurs iniquités qu’ils ont commises contre vous. Seigneur, à nous la confusion de visage, à nos rois, à nos chefs, et à nos pères, parce que nous avons péché contre vous » (Dan. 9, 7-8).
Lors du Grand Jubilé de l’an 2000, Rome a accueilli la toute première World Pride (du 1er au 9 juillet 2000). Le pape Jean-Paul II a publiquement dénoncé cet événement en déclarant :
« Au nom de l’Eglise de Rome, je ne peux manquer d’exprimer mon amertume pour l’affront porté au grand Jubilé de l’An 2000 et pour l’offense aux valeurs chrétiennes d’une ville si chère au cœur des catholiques du monde entier. L’Eglise ne peut taire la vérité, car elle manquerait à sa fidélité envers le Dieu créateur et n’aiderait pas à discerner ce qui est bien de ce qui est mal (CEC, n° 2358). A cet égard, je voudrais me limiter à lire ce que dit le Catéchisme de l’Eglise catholique, qui, après avoir souligné que les actes d’homosexualité sont contraires à la loi naturelle, s’exprime de la manière suivante : “Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières. Ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle ; elle constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition” (C.E.C. n. 2358). » (Angelus, 9 juillet 2000)
Votre Excellence, quel message souhaiteriez-vous adresser au pape Léon XIV ?
Je voudrais implorer le pape Léon XIV de répéter, en substance, ces paroles du pape Jean-Paul II, manifestant ainsi devant le monde entier une véritable humilité en reconnaissant la faute du Saint-Siège concernant l’événement scandaleux LGBTQ+ dans la basilique Saint-Pierre. L’humilité est le courage de la vérité. Si le pape Léon XIV rendait publics ses regrets et même ses réparations, il ne perdrait rien ; s’il ne le faisait pas, il perdrait quelque chose aux yeux de Dieu – et seul Dieu compte. Je souhaite de tout cœur au pape Léon XIV la grâce de Dieu, afin qu’il ait le courage de réparer cet acte abominable qui a souillé la sainteté de l’année jubilaire, en employant en toute vérité les paroles de saint Paul : « Je vous ai annoncé tout le dessein de Dieu, sans vous en rien cacher » (Actes 20, 26-27).
Votre Excellence, souhaiteriez-vous ajouter quelque chose ?
Le pape Léon XIV n’est pas le vicaire du pape François, mais le vicaire de Jésus-Christ, qui lui demandera des comptes pour sa défense de la vérité. Le but de Jésus-Christ n’était pas l’harmonie, sinon il n’aurait pas été crucifié. Et saint Augustin aurait joui d’une vie très harmonieuse s’il n’avait pas combattu les erreurs de son temps, y compris au sein de l’Eglise.
Que notre Saint-Père le pape Léon XIV prenne à cœur ces paroles que Notre Seigneur a adressées un jour par l’intermédiaire de sainte Brigitte de Suède à l’un de ses prédécesseurs (le pape Grégoire XI) : « Déracine, arrache et détruis tous les vices de ta cour ! Eloigne-toi des conseils de tes amis charnels et mondains et suis humblement les conseils spirituels de mes amis. Lève-toi comme un homme et avec confiance, revêts-toi de la force ! Commence à réformer l’Eglise que j’ai achetée de mon propre sang afin qu’elle soit réformée et ramenée spirituellement à son état originel de sainteté, car de nos jours, on voue plus de vénération à une maison close qu’à ma Sainte Eglise. Mon fils, écoute mon conseil. Si tu m’obéis dans ce que je t’ai dit, je t’accueillerai avec miséricorde comme un père aimant. Approche-toi courageusement du chemin de la justice et tu prospéreras. Ne méprise pas celui qui t’aime. Si tu obéis, je te montrerai ma miséricorde, je te bénirai, je t’habillerai et je te parerai des précieux insignes pontificaux d’un saint pape. Je t’habillerai de moi-même de telle sorte que tu seras en moi et moi en toi, et tu seras glorifié dans l’éternité » (Le Livre des Révélations, Livre IV, chap. 149).
Propos recueillis par Diane Montagna