Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana, au Kazakhstan, vient d’exhorter les catholiques à dénoncer le soutien apporté par le pape François à la « bénédiction » des couples homosexuels, à la manière de l’enfant qui criait « l’empereur est nu » dans le conte populaire de Hans Christian Anderson, Les habits neufs de l’empereur.

Dans un entretien accordé jeudi au père Daniel Maria Klimek, de l’université franciscaine de Steubenville aux Etats-Unis, Mgr Schneider a évoqué la large condamnation de Fiducia supplicans par des prélats du monde entier, notamment en Pologne, en Afrique, en Ukraine, en Grèce et en Hongrie.

« Voilà un signe évident de ce que ce document est inacceptable en soi pour toute personne qui utilise encore sa raison, qui a encore du bon sens », a déclaré Mgr Schneider, accusant Fiducia supplicans de promouvoir manifestement la « bénédiction du péché », sous « une forme sophistiquée très astucieuse ». Les prélats qui se dressent contre les « acrobaties mentales » de la Déclaration insistent sur le fait que le Vatican ne doit pas les « prendre pour des imbéciles », selon Mgr Schneider.

Mgr Schneider a souligné que le document du Vatican fait spécifiquement référence aux « couples », ce qui « dans notre langage indique… une relation sexuelle ». « Par conséquent, dire qu’ils ne béniront que le couple mais pas la relation est une tromperie et une insulte à notre raison », a-t-il expliqué.

Fiducia supplicans, une escroquerie à l’égard des catholiques

Rappelant le conte d’Andersen, dans lequel le plus grand nombre faisait semblant de voir l’empereur revêtu de vêtements de grand prix que seuls les plus intelligents pouvaient voir, de peur de passer pour des idiots, Mgr Schneider a appelé chaque catholique à prendre exemple sur l’enfant du conte en disant avec respect : « Saint-Père, ce que vous faites ne correspond pas à la vérité. D’abord, vous nuisez à votre propre âme, mais en même temps vous mettez en danger le monde entier. »

Peu importe que Fiducia supplicans ait été promulgué par François lui-même, a ajouté Mgr Schneider : cette Déclaration consiste à « promouvoir le péché » et constitue donc un « abus du pouvoir magistériel » qui doit « protéger la révélation divine, la conserver scrupuleusement et éviter toute ambiguïté, et pas seulement les erreurs ».

Protester est donc une obligation, a souligné le prélat, rappelant des précédents historiques d’erreurs papales comme celle d’Honorius Ier au sujet du « dogme de l’humanité de Jésus-Christ, Fils de Dieu », y compris dans des lettres au patriarche de Constantinople faisant partie du « magistère ordinaire ».

« C’est pourquoi, après sa mort, le pape Honorius a été condamné par trois conciles œcuméniques », a déclaré Mgr Schneider, ajoutant qu’ils avaient conclu que le pape avait « utilisé son magistère pour promouvoir l’hérésie ».

Mgr Schneider appelle à prier pour le pape afin qu’il se repente avant sa mort

Interrogé sur le manque d’antagonisme qu’il manifeste au souverain pontife, Mgr Schneider a répondu : « Je le plains beaucoup. Je l’aime. Ce doit être un amour surnaturel, car il est dans une situation si triste. Il abuse de ses pouvoirs pour saper la foi catholique. » Il a ajouté que de tels abus sont contraires à « la nature de la papauté » et qu’il a « beaucoup de compassion » pour François en tant que « frère qui devra un jour en répondre devant le jugement de Dieu » : le « véritable amour » consiste à l’admonester et à prier pour lui, afin qu’il puisse « affermir toute l’Eglise dans la foi, clairement et sans ambiguïté, comme le Christ le lui a ordonné par l’intermédiaire de Pierre ».

La veille, Mgr Schneider avait déclaré à Christopher Wendt de la Confraternité Notre-Dame de Fatima que les fidèles ont le devoir de réagir face à l’application de Fiducia supplicans dans leurs diocèses parce que ces bénédictions de couples homosexuels « sont une abomination » qui « crie vengeance au ciel » en encourageant de facto la « sodomie dans la vie de la société ». Elles constituent aussi un « blasphème contre Dieu » en ce qu’elles abusent de ce qui est saint pour approuver le péché.

Protestation, mais aussi des sacrifices et des actes de réparation pour le pape : « Faites réparation pour les personnes qui demandent de telles choses et pour l’évêque et les prêtres ou autres membres du clergé qui les permettent ou les promeuvent », a demandé Mgr Schneider, en suggérant que des actes de réparation collectifs aient lieu à l’extérieur des églises, ainsi que dans le secret des cœurs.

Jeanne Smits