300 scientifiques demandent à Trump de se retirer du traité de l’ONU sur le climat

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Des centaines de scientifiques ont publié la semaine dernière une lettre-pétition exhortant le président américain Trump à se retirer de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Au motif que le dioxyde de carbone doit être considéré comme un avantage et non un inconvénient… Ceux dont l’avis sur le climat va contre l’idée dominante chargent, tant qu’il est encore temps, alors que Trump est sur le point de publier plusieurs décrets sur le sujet.
 
Le président fraîchement élu avait promis d’enterrer l’Accord de Paris (COP21). Mais la Maison Blanche est, en réalité, loin d’être unanime…
 

La Pétition de « la Coalition CO2 » contre le traité sur le climat de l’ONU

 
Quelque 300 éminents scientifiques issus du monde entier et représentant des disciplines diverses, ont prié Trump d’aller plus loin que ce qu’il avait promis et de carrément faire sécession de la CCNUCC, ratifiée en 1992 par le président George H.W. Bush – elle regroupe à ce jour 96 Etats et toute l’Union Européenne
« Nous soutenons une protection raisonnable et rentable de l’environnement. Le dioxyde de carbone, l’objectif de la CCNUCC, n’est pas un polluant mais un avantage majeur pour l’agriculture et les autres formes de vie sur Terre. Les observations montrent que depuis que la CCNUCC a été signée il y a 25 ans, le réchauffement dû à l’augmentation du CO2 atmosphérique a été bénin – beaucoup moins que les prévisions du modèle initial ».
 
L’Accord de Paris ou COP21 qui prône la transition vers une économie décarbonée, est entré en vigueur en novembre dernier. Pourtant « le dioxyde de carbone n’est pas un polluant », ni « un poison », répète l’un des signataires, le Dr. Richard Lindzen, professeur émérite de sciences atmosphériques au MIT.
 
« Depuis 2009, les États-Unis et d’autres gouvernements ont entrepris des actions qui ne sont scientifiquement pas justifiées par rapport au climat mondial et qui ont déjà, et continueront de causer un préjudice social et économique grave – sans avantages environnementaux ».
 
Il faut dénoncer cet « accord international obsolète » de la CCNUCC.
 

On peut sortir de l’Accord de Paris en sortant de la CCNUCC

 
Quel intérêt à sortir de la CCNUCC plutôt que de l’Accord de Paris ?
 
Légalement, même si Obama s’est passé de l’approbation du Congrès américain, il n’est possible pour aucun pays ayant signé le Traité de Paris ou COP21 d’en sortir dans les trois premières années suivants son entrée en vigueur ; un préavis supplémentaire d’un an doit, en outre, être respecté. Ce qui nous mène à l’après Trump – s’il n’est pas réélu.
 
En revanche, comme le stipule un article de l’Accord, si une partie dénonce la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, elle « sera réputée avoir dénoncé également le présent accord », puisque l’accord de la COP21 a été adopté sous les auspices de la CCNUCC…. Comme la Convention-cadre est en vigueur depuis 1994, la condition des trois ans est remplie – il suffirait d’attendre un an pour en sortir tout de go.
 
Le seul hic est que la CCNUCC est un traité américain approuvé par le Sénat il y a vingt-cinq ans… Même si l’issue est potentiellement favorable, le processus de retour arrière n’est pas rien, bien qu’envisageable.
 

Des décrets promulgués la semaine prochaine

 
Maintenant, jusqu’où peut aller Trump ? Tout le monde attend les décrets qu’il doit promulguer la semaine prochaine, si l’on en croit les rumeurs de la Maison Blanche. Des décrets qui se conformeront apriori à la volonté de Trump et des Républicains de revenir sur les initiatives engagées par Obama pour lutter contre « le changement climatique », en particulier le moratoire fédéral sur le charbon qui empêche la concession de nouvelles mines et le « Clean Power Plan » qui vise à réduire de 32  % les émissions de dioxyde de carbone des centrales d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005 – pas encore, même, mis en œuvre. L’Environmental Protection Agency (EPA) subira également des coupes dans son budget – un nouvel administrateur, climato-sceptique a été nommé à sa tête.
 
Mais de projet de dénonciation de l’Accord de Paris, voire de la CCNUCC, rien n’est moins sûr. Si Trump avait fait de l’annulation de l’Accord de Paris, une promesse de campagne, la Maison Blanche est farouchement divisée sur le sujet.
 
En lice : le conseiller principal et soutien de Trump, Stephen K. Bannon, contre le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, la fille du président, Ivanka, et un grand nombre de conseillers de politique étrangère et de diplomates de carrière… Des personnalités qui font partie, comme la majeure partie des media et de l’élite politique, de ce qu’on appelle outre-Atlantique le « Green Blob » ou « le complexe industrialo-climatique », ce puissant lobby aux intérêts pluriels dont le climat n’est pas vraiment le souci.
 

Les scientifiques alarmistes – et tout le lobby – contre Trump

 
Mêmes les scientifiques de ce « Green Blob » ne sont pas convaincants. La lettre ouverte des 800 alarmistes enjoignant, en décembre, au président de « prendre des mesures immédiates et soutenues contre le changement climatique causé par l’homme » est instructive. Elle parle d’économie américaine, de sécurité nationale, de santé publique, mais ne propose aucun argument scientifique – « pas besoin, c’est évident », nous diront-ils.
 
Le dernier paragraphe est le plus éloquent : si vous ne reconnaissez pas l’urgente menace du changement climatique, 25 années de négociations entre presque tous les pays de la Terre seront mises à la poubelle et les Etats-Unis perdront leur leadership « politique, technologique et moral » ! Nous y sommes : la question est d’un autre ordre.
 
C’est pourquoi ces partisans sont tant opposés à sortir de l’Accord de Paris, encore plus de la CCNUCC. Concrètement, ça n’aurait pas grande conséquence, les engagements de la COP21 n’étant pas contraignants – Trump peut revoir ses objectifs à la baisse (c’est d’ailleurs ce qu’ils lui disent tous).
 
Mais l’image renvoyée serait terrible. Le coup porté à cette politique globalisante mondialiste serait un désaveu impensable…
 

Clémentine Jallais