La nomination de l’Allemand Martin Selmayr au poste de secrétaire général de la Commission européenne donne raison aux partisans du Brexit

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L’ascension de l’Allemand Martin Selmayr à l’abri des projecteurs et sa nomination-surprise le 21 février par Jean-Claude Juncker au poste de secrétaire général de la Commission européenne montre combien les Britanniques ont eu raison de choisir de quitter l’Union européenne en votant en faveur du Brexit.
 

L’attribution du poste de secrétaire général à Selmayr, un coup d’Etat des comploteurs de la Commission européenne

 
C’est ce qu’explique l’éditorialiste Fraser Nelson dans les colonnes du Telegraph, mais il ne semble apparemment pas être seul à le penser. Même un journal comme Libération – oui, le très européiste Libération –, parle lui aussi d’un coup d’Etat. Car pour propulser son protégé à ce poste d’influence à la tête d’une administration comptant quelque 32.000 fonctionnaires, le président de la Commission semble avoir pris des libertés avec les règles de ce fameux état de droit dont Bruxelles prétend aujourd’hui se servir contre la souveraineté des peuples. En effet, explique Libération, Selmayr n’étant auparavant que chef de cabinet du président de la Commission, il avait le grade de directeur. Or pour être nommé secrétaire général de la Commission européenne, il faut avoir été au moins directeur général adjoint. Selmayr s’est donc porté candidat à un poste de DGA fin janvier et a obtenu satisfaction en un temps record, dès le 21 février, juste avant la démission du Néerlandais Alexander Italianer du poste de secrétaire général. Les commissaires européens n’avaient pas été informés, et Selmayr, surnommé « le monstre » ou encore le « Raspoutine » de Bruxelles, entrera en fonction le 1er mars prochain et pourra ainsi assurer la continuité après le départ de Juncker en 2019, ce qui est le but avoué du président de la Commission.
 

Martin Selmayr à l’origine du choix du Français Michel Barnier pour négocier le Brexit

 
Martin Selmayr est considéré comme étant à l’origine du système actuel d’encadrement des commissaires par des vice-présidents. Avant d’entrer au service de Jean-Claude Juncker, il avait été chef de cabinet de la très gaucho-fédéraliste commissaire luxembourgeoise Vivianne Reding. Son ascension ne peut que compliquer encore plus le Brexit selon Fraser Nelson, car Selmayr est lui aussi un fédéraliste pur jus et il ne porte pas les Britanniques dans son cœur. C’est lui qui aurait également été l’initiateur de la décision de choisir l’intraitable Michel Barnier pour négocier le Brexit au nom de la Commission européenne, ce qui a poussé la Bulgare Kristalina Gueorguieva, 3e vice-présidente de la Commission chargée du Budget et des Ressources humaines, à démissionner à la fin de l’année 2016.
 

Un encouragement à la dérive fédéraliste de l’UE

 
Cependant, le plus gros succès d’un Martin Selmayr qui ne s’est jamais présenté à des élections aurait été de pousser Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne par le système du Spitzenkandidat, qui veut que le président de la Commission soit désormais choisi parmi les candidats avancés par les groupes politiques au Parlement européen. L’effet pervers de ce système, avance le Britannique Fraser Nelson, c’est que la Commission n’est plus au service des Etats membres de l’UE mais au service d’un projet européen tendant vers toujours plus de fédéralisme.
 
La dernière tentative sérieuse pour contrer cette évolution et remettre les institutions bruxelloises à leur place était menée par le Britannique David Cameron et le Néerlandais Mark Rutte en 2014, mais elle a échoué. Avec la sortie du Royaume-Uni, la possibilité de réformer l’UE s’évanouit, et pour Fraser Nelson l’optimisme du Groupe de Visegrád qui prétend redonner de la souveraineté aux nations est presque touchant : les Britanniques s’y sont essayés pendant des décennies, mais cela n’a pas empêché la machine européenne d’acquérir toujours plus de pouvoir sans pour autant se démocratiser.
 
L’extraordinaire ascension de Selmayr incarne parfaitement ce déficit démocratique croissant pour les pays qui n’ont pas encore fait le choix de quitter l’Union européenne.
 

Olivier Bault