En proie à un hiver démographique dont elle ne peut quasiment plus se relever, l’Allemagne cherche des moyens pour encourager sa population en âge de procréer à avoir davantage d’enfants, dans un pays où il est mal vu pour une mère de jeunes enfants d’être au travail. A l’inverse de la France où la plupart des mamans de jeunes enfants jongle entre leur profession, les gardes d’enfants et le travail à la maison, les Allemandes choisissent souvent de mettre leur carrière – ou leur travail d’employée ou d’ouvrière – entre parenthèses à l’arrivée de leur premier bébé qui sera aussi souvent le dernier. Le ministre de la famille, Manuela Schwesig, vient de proposer que la semaine de travail des parents d’enfants de moins huit ans puisse être ramenée de 36 heures en moyenne à 32 heures, afin qu’aucun des deux ne soit contraint d’abandonner son activité professionnelle.
La nouvelle mesure telle que l’imagine le ministre de la famille permettrait aux jeunes parents de bénéficier d’un temps de travail réduit pendant deux ans en percevant une allocation mensuelle de 300 euros, afin qu’ils puissent tous deux s’engager aussi pleinement auprès de leurs enfants qu’au travail. Tout cela pour un coût de moins d’un milliard d’euros par an pour le contribuable allemand. Et sans doute d’innombrables nouveaux casse-têtes pour les employeurs !
Le ministre de la famille veut soutenir la natalité en Allemagne
L’investissement serait sûrement plus intéressant pour l’avenir de l’Allemagne que celui actuellement consenti avec largesse pour l’accueil des migrants, souvent à fonds perdus.
Mais l’idée est aussi teintée d’idéologie du genre : comme dans un grand nombre de pays occidentaux, le soutien aux familles postule l’interchangeabilité de l’homme et de la femme en essayant de répartir également les tâches domestiques sous la contrainte d’allocations étudiées à cet effet. On l’a vu en France où les allocations pour jeunes enfants sont aujourd’hui réduites dans la durée pour les parents qui refusent de faire tour à tour une parenthèse professionnelle – en pratique, les pères s’y résolvent très peu et les mères bénéficient de pauses moins longues. L’idéologie ne cherche pas à s’adapter à ce que veulent vraiment les parents…
Manuela Schwezig a assuré de son côté au quotidien Bild qu’« une claire majorité de jeunes parents veut partager les soins aux enfants, le travail domestique et leurs carrières à 50-50 ». Peut-être l’idéologie est-elle en voie d’entrer dans les mœurs ?
Que changera la mise en place d’une telle mesure, si Mme Schwezig parvient à la faire approuver par Angela Merkel qui s’est jusqu’ici montrée rétive face à de telles propositions ? On ne le sait pas vraiment. Jusqu’ici, la semaine de travail allemande faisait partie des plus courtes du monde développé, avec néanmoins, en contrepartie, une exceptionnelle productivité, liée à une discipline rigoureuse. Mais la mode des horaires extensibles des pays voisins, où il est mal vu pour un cadre de ne pas rester au travail bien au-delà des théoriques « heures de bureau » commence à s’étendre.
Idéologie du genre et semaine de 32 heures
Il y a sans doute peu de chances que les hommes allemands se plient aux expériences sociales – car finalement c’est bien de cela qu’il s’agit – de la ministre. Aujourd’hui, dans 44 % des familles, le père travail à temps plein tandis que la mère travail à temps partiel. Dans 17 % des cas, ce sont les deux parents qui travaillent à plein temps. Et seules 2 % des familles sont concernés par le travail à temps partiel du père et de la mère.
En cherchant à peser sur ces choix par des incitations financières, il s’agirait au fond pour l’Etat de redessiner la société allemande.
Que celle-ci en ait besoin est indiscutable : un pays incapable de renouveler les générations est évidemment gravement malade. Son déclin inexorable se mesure au vieillissement et au dépassement du nombre des naissances par celui des décès. On peut visualiser cette chronique d’une mort annoncée sur une pyramide des âges animée, publiée par l’Office allemand des statistiques.
L’interventionnisme de l’Etat pour « diriger » les parents
C’est un problème national, que d’aucuns attribuent au sentiment de culpabilité des Allemands après la guerre – mais l’Allemagne aussi a connu son baby-boom après 1945. La difficulté croissante de faire vivre une famille avec le salaire de son « chef » (horresco referens !) a certainement joué un rôle et cela aussi résulte de choix publics.
Pour l’heure, la mort lente de l’Allemagne sert surtout de prétexte à l’immigration voulue en tant que telle, puisque l’expérience prouve que les allochtones ont le plus grand mal à s’insérer dans la population active.