Mes bien chers frères,
Dans les litanies du Sacré-Cœur, nous le célébrons comme une fournaise ardente de Charité. On peut en effet lire en saint Luc : « Je suis venu allumer le feu dans le monde ». Parlant du Sacré-Cœur, il s’agit non pas d’un feu métaphorique mais d’un feu bien réel bien que céleste, qui comme le feu terrestre éclaire, consume et se propage. A défaut de ce feu purificateur qu’est la Charité, dont le rôle est d’en finir avec tous les pharisaïsmes, il faut craindre le feu vengeur allumé par la haine que l’enfer même excite et s’emploie à diffuser.
Parlant du Sacré-Cœur, parlant de cette Charité, de cet amour que diffuse le Sacré-Cœur, nous parlons donc d’abord d’un feu qui éclaire. La première propriété du feu, c’est d’éclairer. On allume une torche pour marcher dans les ténèbres. Les scouts savent bien ça. Dieu a créé le soleil, source de pleine lumière et à la fois foyer de chaleur et ainsi avec cet amour, cette Charité qui éclaire l’esprit réchauffant le cœur, on a pu dire que seul l’amour fait voir. Sans lui, l’intelligence se meut dans la pénombre. Cette intelligence aligne des concepts qui sont rendus insuffisants pour pénétrer la réalité et la comprendre.
Et sans cet amour, ici quand on parle d’amour on parle de Charité, d’amour de Dieu, sans cet amour, la science, une des idoles du monde moderne, cette science sans cette Charité, va engendrer l’orgueil, la volonté de puissance qui va l’amener fatalement à la voluptuosité de détruire pour ériger son trône sur les ruines qu’elle a semées. Sans cet amour, la foi même demeure incertaine et morte.
De là vient le reproche de Jésus ressuscité à ses disciples, aux disciples d’Emmaüs à savoir : avoir le cœur lent à croire les Ecritures.
Sermon de l’abbé Beauvais pour la solennité du Sacré-Coeur le 10 juin 2018