L’ancien premier ministre israélien Shimon Pérès a proposé que le pape François prenne la tête d’une « ONU des religions ». Cela s’inscrit dans un mouvement décelé dès les années mil-neuf-cent-soixante visant à établir un mondialisme spirituel et religieux, renouvelé par la guerre avec l’islam menée au Proche Orient.
Le concile Vatican II et la déclaration d’amour faite à l’ONU par Paul VI en 1964 à New York avait conduit feu l’abbé de Nantes à dire que l’Eglise allait prendre la tête d’un mouvement d’animation spirituelle de la démocratie universelle, en abrégé MASDU. Depuis, la thèse de la liberté religieuse, fondée sur le concept de médiation universelle de la conscience humaine, aucune loi extérieure ne pouvant lui être imposée, et la notion d’unité spirituelle du genre humain, posée comme un acte, ont donné de la consistance à cette façon de voir les choses. D’autant que beaucoup de catholiques, clercs ou laïques, ont porté l’œcuménisme à la limite du syncrétisme, l’exemple le plus frappant en étant la rencontre d’Assise voulue par Jean Paul II.
L’ONU des religions appelée à civiliser le mondialisme
Sur les marges de l’Eglise ou en dehors, des initiatives telles que le Weltethos, dont l’initiateur fut le théologien suisse hérétique Hans Küng, entendent formuler une base morale commune à toutes les religions et aux grandes civilisations historiques. En 1993, ce projet se joignait au Parlement des religions du monde, d’origine protestante, dont l’objectif est de promouvoir un « dialogue interconfessionnel global ».
On aurait pu croire à une agitation religieuse douteuse ou à des rêveries humanistes si les politiques n’avaient repris le flambeau. En 2008 à Ryiad devant le roi Fahd, Nicolas Sarkozy, qui avait déjà promu la laïcité positive au Latran, assignait aux « grandes religions » la mission de « civiliser la politique de globalisation ». Aujourd’hui, face au califat, en ouverture du sommet de l’Otan au pays de Galles, Barak Obama veut s’assurer « que nous organisons le monde arabe, le Proche Orient, le monde musulman, en collaboration avec la communauté internationale, pour isoler ce cancer. » Enfin Shimon Pérès, le pape de la gauche israélienne, qui avait déjà planté un olivier de la paix en juin au Vatican, en compagnie de Mahmoud Abbas et du pape François, invite-t-il celui-ci à prendre la tête d’une ONU des religions. Pour « s’opposer aux terroristes qui tuent au nom de la foi », et parce que le Pape François « est peut-être le seul leader respecté » dans le monde.
Shimon Pérès et le pape François confronté à la violence et à l’islam
Trois remarques. Le moment est venu parce que le terrorisme islamique présente au monde un visage horrible soigneusement mis en scène : Israël, qui a poussé le Hamas face à l’OLP, et les Anglo-Saxons, qui ont encouragé le rigorisme sunnite des frères musulmans égyptiens au tabligh pakistanais, en passant par le wahabisme saoudien et Ben Laden, n’ont pas craint de jouer à fond dans un premier temps le choc des civilisations pour aboutir dans un deuxième à la synthèse des religions. Le pape François est l’homme du moment parce qu’il allie à l’autorité de sa fonction l’image d’un homme « libre », prisée des altermondialistes.
Troisième remarque pour faire bon poids : la morale commune, la spiritualité globale, la religion de l’homme planétaire, chère, tant à Hans Küng qu’à Nicolas Sarkozy, sont parfaitement conformes aux souhaits de penseurs juifs tels qu’Elie Benamozegh ou James Darmesteter. L’ONU des religions portée par Shimon Pérès sur les fonts baptismaux ne manque donc pas de parrains.