Alors que plusieurs pays sont engagés dans des processus législatifs en vue de dépénaliser l’euthanasie – et non des moindres, puisque la France et le Royaume-Uni sont en première ligne – l’exemple de la petite Slovénie devrait nous interpeller. Avec ses quelque deux millions d’habitants, elle a rejeté la légalisation de ce qui est mensongèrement appelé la « mort douce » par le biais d’un référendum remporté, le 23 novembre dernier, avec 53,4 % des voix. L’affaire semblait pliée : lors d’un référendum consultatif l’été dernier, 55 % des votants avaient au contraire soutenu, non pas un texte précis, mais l’idée générale qu’une telle loi devait être adoptée. Comment la Slovénie a-t-elle inversé la tendance de manière aussi spectaculaire et en si peu de temps ? C’est la question à laquelle répond Robert Clarke pour thecritic.co.uk. Cet avocat de l’Alliance Defending Freedom International estime que les électeurs ont pu prendre conscience de la sinistre réalité de la « mort assistée » telle qu’elle existe dans le monde réel.
Au moment de se rendre aux urnes, les Slovènes avaient en tête les fameux 55 % de l’été et tant les sondages que les prévisions des partisans de l’euthanasie légale donnaient celle-ci gagnante.
Une leçon pour la lutte contre l’euthanasie
« Ce qui est clair, c’est que le soutien à cette mesure a diminué à mesure que les détails précis du projet de loi sont devenus plus nets. Les Britanniques ne devraient pas s’en étonner, car nous avons observé le même phénomène à Westminster. Alors que le projet de loi Leadbeater, très controversé, avançait péniblement au Parlement, nous avons vu le soutien diminuer et l’opposition croître. Entre la deuxième et la troisième lecture à la Chambre des communes, sa majorité est passée de 55 députés à seulement 23. A la Chambre des lords, il fait face à une opposition encore plus forte », observe Robert Clarke.
L’expérience a remplacé l’idéologie, estime-t-il.
Les Slovènes ont ainsi appris de la communauté médicale que les soins palliatifs sont difficilement accessibles – chose qu’elle s’évertuait à signaler depuis des années – et en restent « à la phase du développement » selon les évaluations internationales. Or, écrit Clarke, « quand de véritables options palliatives font défaut, le fait de proposer une prescription létale cesse de ressembler à l’“autonomie” tant vantée et commence à ressembler à de la résignation ».
En France, on parle de déserts palliatifs. Au Canada, l’« option » euthanasique est désormais diffusée par les médecins confrontés à une pathologie lourde, proposée par ordre du gouvernement à chacun, y compris personnes qui ne sont pas forcément en phase terminale mais, surtout, qui sont vulnérables, handicapés, pauvres…
La Slovénie constate que les garde-fous contre l’euthanasie ne fonctionnent pas
La deuxième leçon retenue par Robert Clarke, c’est que les Slovènes ont pu prendre acte de ce que les « garde-fous » dans les lois en vigueur là où l’euthanasie est déjà entrée dans les mœurs ne tiennent pas leurs promesses. Qu’il s’agisse des évaluations psychiatriques, de la définition des « souffrances insupportables », des mécanismes mis en place pour autoriser des euthanasies en passant au-dessus de l’avis négatif d’un médecin traitant, le principe de la « pente savonnée » s’est activé partout.
A quoi s’ajoute le mensonge lorsque l’euthanasie, mise à mort délibérée, n’est pas mentionnée par le certificat de décès, mais la maladie sous-jacente, note Clarke ; mais aussi l’atteinte à l’objection de conscience dès lors qu’un médecin qui refuse de pratiquer l’euthanasie est contraint de renvoyer son patient vers un confrère qui n’y voit aucun inconvénient moral.
Voilà de quoi alimenter le jugement des braves gens qu’on a interrogé depuis longtemps sur leur volonté, ou non, de subir des souffrances insupportables en fin de vie. Ce qui a provoqué le refus inattendu des Slovènes, relève Robert Clarke, c’est l’existence d’un débat effectif autour d’une loi très détaillée.
Il est encore possible de convaincre les gens, telle est la leçon slovène, mais avec des faits, l’observation du réel, l’analyse sérieuse, pas avec des slogans.











