La SNCF vend ses cars Macron Ouibus à Blablacar : tout sauf le train !

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En 2015, Macron ministre des finances encourageait le privé à lancer des lignes de cars. La SNCF se mit sur le marché avec Ouibus. Aujourd’hui, elle vend Ouibus à Blablacar, le géant du covoiturage où elle a pris une participation. Un micmac financier loin du train qui est son métier.
 
Souvenez-vous, c’était la grande loi qui devait relancer l’économie française, imaginée par un jeune et sémillant ministre des finances, Emmanuel Macron. Il n’en reste que quelques cars qui sillonnent la France et l’Europe à (relativement) bas prix. La SNCF s’est bien sûr mise sur le coup. Voilà vingt ans, en 1998, la SNCF, alors « en phase de reconquête face à l’avion et la route », lançait un slogan : « A nous de vous faire préférer le train ». Depuis chaque fois que les usagers préfèrent un autre moyen que le train, elle suit le mouvement pour essayer de combler ses déficits qui ne cessent de croître.
 

Le catoblépas de la SNCF mange ses propres trains et cars

 
C’est un étonnant phénomène d’auto-concurrence qui se croit certainement avisé mais qui rappelle le catoblépas, animal fabuleux cité par Pline l’ancien dans ses histoires naturelles, qui tenait sa tête si basse que Flaubert imagine dans la Tentation de saint Antoine qu’il dévora un jour ses propres pattes en broutant.
 
Donc, quand Macron lança l’idée des cars, la SNCF lança des cars à longue distance Ouibus pour concurrencer ses trains, qui déjà perdaient de l’argent. Elle les revend aujourd’hui, avec un déficit de 162 millions d’euros sur cinq ans, car les meilleures plaisanteries ont une fin. Et à qui les revend-elle ? A Blablacar. Ça, c’est un vrai coup de génie.
 

La SNCF vend Ouibus pour acheter du Blablacar

 
Blablacar, pionnier du covoiturage, est un exemple typique de communisme individualiste, de socialisme libéral. Il est né de deux choses, l’échec des transports en commun, le moralisme écologique. La SNCF est la grande organisatrice de la première. Avec ses tarifs incompréhensibles et trop élevés, ses horaires dissuasifs sur les petites lignes, ses grèves à répétition, elle a réussi à faire préférer à ses clients, malgré la sécurité et les performances de beaucoup de matériels, tout sauf le train. Et comme le bus est lent, inconfortable et bruyant, l’usager se réfugie dans la voiture particulière. Mais comme il regarde son portefeuille et les émissions de CO2, il choisit le covoiturage. Et il y a de gros malins comme Blablacar qui prélèvent leurs profits sur ces transports en commun individuels, sans autre peine ni investissement qu’un peu d’informatique.
 

De Ouibus à Blablacar, le train du monde selon Macron

 
Et ça marche. Blablacar fait beaucoup d’argent. Il veut en profiter pour lancer des lignes de car à grande distance à travers l’Europe. C’est pour cela qu’il rachète Ouibus à la SNCF. Et celle-ci en profite pour prendre une participation très minoritaire chez Blablacar, elle aura un strapontin au conseil d’administration. Et elle gagnera peut-être enfin un peu d’argent en prélevant sa dime sur les voyages de ses anciens clients qu’elle a au préalable poussés à préférer le convoiturages. Ainsi va le train du monde.
 

Pauline Mille