« Sortir de l’impasse » : Martine Aubry s’en prend à François Hollande

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Jeudi 25 février, Martine Aubry sort des studios de RTL à Lille.

 
Plusieurs personnalités de gauche, parmi lesquelles Martine Aubry, signent un réquisitoire très dur, dans les colonnes du Monde, contre la politique menée par François Hollande et Manuel Valls, politique qui risque d’entraîner, déclarent-elles, un « affaiblissement durable de la France », au lieu de l’aider à « sortir de l’impasse ».
 
« Trop, c’est trop ! » Les signataires de la tribune parue dans Le Monde – Martine Aubry, Daniel Cohn-Bendit, Benoît Hamon, Daniel Cohen, etc. – n’en peuvent plus. Dressant un inventaire des « reculs » imputés au gouvernement, du pacte de responsabilité au projet de réforme du Code du travail en passant par le « désolant débat sur la déchéance de nationalité », ils s’écrient : « Pas ça, pas nous, pas la gauche ! »
 

Le cri de Martine Aubry : « Sortir de l’impasse »

 
En fin de journée mercredi, Martine Aubry décidait d’enfoncer le clou, en dénonçant les « vieilles recettes » de Manuel Valls qu’elle opposait à la réalité progressiste : « La gauche progressiste, la gauche moderne, c’est nous ! » Une critique dont elle exceptait, à ce moment-là, François Hollande, estimant que « le président de la République n’a pas besoin d’aller dans une primaire ». Pour le dissuader de se présenter du tout ?
 
Peu importe, en définitive. Les signataires de la tribune évoquent un malaise réel, fondé sur des « désaccords mués en une grande inquiétude ». « Ce n’est plus simplement l’échec du quinquennat qui se profile, mais un affaiblissement durable de la France qui se prépare, et bien évidemment de la gauche, s’il n’est pas mis un coup d’arrêt à la chute dans laquelle nous sommes entraînés », écrivent-ils en un reproche quasi systématique de la politique menée sous la houlette de l’actuel exécutif.
 
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est, nommément pointé du doigt, le projet de loi de réforme du Code du travail que doit présenter Myriam El Khomri en conseil des ministres le 9 mars.
 
Ce texte, dénoncent-ils, « a provoqué non plus de la déception, mais de la colère ! » « C’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes, et en privilégiant l’accord dans l’entreprise. »
 

Contre François Hollande

 
Et ils ajoutent, pour bien marquer ce que leur opposition a d’irrévocable : « Il n’y a ni vraie réforme ni social dans nombre de politiques qui sont menées depuis deux ans. On y trouve des propositions puisées dans le camp d’en face, qui n’ont rien de moderne, et qui sont inefficaces. »
 
Il y a, et les jours qui viennent vont être l’occasion de débats redondants sur le sujet, bien des choses à dire sur la question du travail, et des 35 heures, qui semblent être l’épine dorsale du projet gouvernemental.
 
Mais dans l’opposition de Martine Aubry, il y a quelque chose de plus que ce débat sur des questions de sociétés. Il y a l’organisation même du Parti socialiste, et, au-delà, la question de l’élection présidentielle en 2017. Car c’est grâce au soutien de dernière minute de Martine Aubry, que la motion menée par Jean-Christophe Cambadélis a pu l’emporter il y a bientôt deux ans. Et ce n’est pas, en tant que telle, la ligne Cambadélis qui a ainsi gardé la main sur le parti, mais la ligne Hollande.
 
Martine Aubry faisant défection, François Hollande se retrouve donc minoritaire parmi les socialistes. Sans doute feint-il de l’ignorer sous prétexte de prendre de la hauteur lorsqu’il assure qu’il se doit à sa fonction, et non tremper dans des questions électorales. Qu’il prenne garde pourtant ! Lorsque Martine Aubry assure qu’il n’a pas besoin d’aller dans une primaire, c’est peut-être, avant tout, un avertissement !
 

François le Luc