La souris qui transforme du venin de scorpion en banal analgésique

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Un scorpion natif de l’Arizona – l’un des plus venimeux d’Amérique du Nord malgré sa petite taille – a trouvé un adversaire, et un seul, à sa mesure dans une souris du Sonora qui en fait allègrement son souper… même après avoir été piqué plusieurs fois par le méchant animal. Son secret ? La souris – qui semble apprécier particulièrement le goût du centruroides sculpturatus – possède une protéine dans son système nerveux qui lui permet de transformer une dose de venin létale pour elle en analgésique après une première sensation de douleur. Cela lui permet de soutenir une nouvelle salve de piqûres et de finir par avaler l’insecte.
 

 
C’est d’autant plus remarquable que sur un homme adulte, la piqûre de centruriodes sculpturatus provoque une douleur extrême sinon mortelle et que les sujets âgés et les enfants finissent le plus souvent à l’hôpital après une piqûre du scorpion.
 

L’évolution au secours des souris contre le venin des scorpions

 
Des scientifiques de Michigan State University ont trouvé l’explication à l’apparente immunité de la petite souris en étudiant les attaques en laboratoire. Et sans surprise, ils attribuent sa survie à l’évolution.
 
Cela ne manque pas de piquant, puisque les souris, une fois piquées avant d’avoir « évolué » dans le bon sens, n’auraient guère eu l’occasion de « développer » une telle immunité : par définition, elles seraient toutes mortes…
 
L’évolutionnisme suggère donc (pas à une confusion près) que c’est la « sélection naturelle » qui a permis aux souris de s’adapter en tant qu’espèce. C’est la fameuse survie des plus aptes qui demande à la fois mutations ciblées, renforcement des caractères génétiques et durée considérable pour que tout cela puisse se mettre en place, donnant une avance certaine aux scorpions déjà parfaitement armés face à l’adversaire.
 
Une deuxième question se pose : pourquoi ces seules souris auraient-elles connu cette « sélection » face aux violents neurotoxiques dont le scorpion se sert aussi bien pour immobiliser ses proies que pour se défendre des prédateurs ?
 

De nouveaux analgésiques ?

 
En attendant, les chercheurs pensent que la technique de défense de la souris du Sonora pourrait donner des idées pour développer des analgésiques plus efficaces pour l’être humain. Ils n’envisagent d’ailleurs pas d’attendre que cela se fasse tout seul, par la grâce de l’évolution…