Benjamin L. Cardin et Barbara Mikulski, sénateurs du Maryland, ont annoncé mardi l’octroi d’une subvention fédérale de 238.055 dollars à l’université de l’Etat pour étudier pourquoi on trouve tant de poissons intersexués dans la baie de Chesapeake. Les mutations sexuelles sont en augmentation « dramatique » et justifient une étude qui portera sur les gestagènes d’origine pharmaceutique présentes dans l’eau.
L’US Geological Survey financera une étude portant plus précisément sur les effets des sous-produits des produits pharmaceutiques sur les vairons à tête plate de Chesapeake Bay, sous-produits issus tant des effluents agricoles que des stations d’épuration.
Mutations sexuelles des poissons et hormones de contraception
Benjamin Cardin, président de la subdivision « eau et vie sauvage » de commission du Sénat sur l’environnement et les travaux publics, estime que l’étude sur les mutations sexuelles et les variations hormonales se justifie en raison de son importance pour la santé publique nationale et la qualité de l’eau potable – et pas seulement pour les poissons eux-mêmes.
Les caractéristiques « intersexuées » – telle la présence d’œufs immatures chez des poissons mâles – se notent également sur des poissons présents dans les plus grands fleuves qui se jettent dans la baie de Chesapeake : le Potomac et le Susquehanna, mais aussi dans d’autres fleuves des Etats-Unis, en Pennsylvanie notamment.
L’étude de Chesapeake mérite une subvention fédérale
Si les pesticides et herbicides utilisés dans l’agriculture sont « très probablement » l’une des sources de cette pollution hormonale invoquées par les chercheurs, ils sont moins précis en ce qui concerne les résidus d’origine pharmaceutique présents dans les eaux usées. Or les gestagènes, ou progestatifs, sont les hormones qui président au déroulement de la grossesse ; dans leur version de synthèse, ils constituent l’élément actif empêchant l’ovulation dans les contraceptifs chimiques.
Mais dire que la contraception est à l’origine d’une catastrophe « environnementale » aussi inquiétante que celle des mutations sexuelles n’est décidément pas politiquement correct. La recherche écologique sérieuse peut se retourner contre les exploitants habituels de l’écologisme.