L’euthanasie et le suicide assisté en tant qu’outils d’ajustement des frais de santé et de subsistance des plus vieux et des plus fragiles : la réalité cynique au sujet de ces transgressions majeures se cache derrière la promotion de la mort choisie au nom de la « liberté », de l’« autonomie », de la « compassion ». Mais à mesure que la légalisation de la mise à mort médicale des fatigués de vivre progresse dans le monde, des voix s’élèvent. Comme celle, courageuse, des évêques catholiques d’Ecosse qui viennent d’interpeller le gouvernement après la mise sur les rails d’une proposition parlementaire visant à légaliser la « mort assistée pour les adultes en phase terminale de maladie ». Le texte veut « offrir une alternative rapide et bon marché » aux soins et une telle loi risquerait de pousser les personnes âgées et vulnérables à éprouver un « devoir de mourir » – dès l’âge de 16 ans. Economies et inhumanité en vue !
Le texte est dans l’attente de l’approbation d’une commission parlementaire en vue d’une éventuelle discussion par l’assemblée législative.
La loi a été proposée au mois de mars au Parlement écossais par l’élu Liam McArthur au nom d’une « autonomie, d’une dignité et d’une maîtrise » accrues de la part des patients sur leur propre fin de vie, en « aidant l’Ecosse à devenir une société plus compassionnelle ». Pour autant, la présentation du texte par McArthur comporte bel et bien un couplet sur les économies, notamment au titre des soins palliatifs, à prévoir si le suicide assisté devient légal.
Les évêques d’Ecosse condamnent rondement le suicide assisté
Les dix évêques d’Ecosse ont présenté leur rapport d’évaluation de la proposition à la commission de la santé, de la protection sociale et des sports qui a demandé l’éclairage de diverses personnalités et institutions. Ils écrivent, au sujet des aspects économiques de la légalisation du suicide assisté : « Cette inquiétude se voit renforcée par ce qu’avance M. McArthur en faveur d’une telle loi, en reconnaissant froidement qu’il coûte moins cher de mettre fin à une vie que de proposer des soins. Il faut se focaliser sur la proposition de soins, et non sur la fourniture d’une mort au rabais. »
Et d’ajouter : « Les soins palliatifs constituent une expression authentique de cette activité humaine qu’est le soin offert, symbole tangible du fait de demeurer, dans la compassion, aux côtés de celui qui souffre. » « Pour le dire sans détours », affirment-ils au sujet de la loi, « celle-ci fournit une alternative rapide et peu coûteuse aux soins palliatifs ».
Soulignant que le suicide assisté est contraire à la dignité humaine et « conduit à jauger toujours davantage la vie par rapport à son efficacité et à son utilité », les évêques mettent en garde : « Lorsque les personnes âgées et handicapées expriment leur crainte d’être un fardeau, la juste réponse n’est pas de suggérer qu’elles ont le devoir de mourir ; il s’agit plutôt de s’engager à répondre à leurs besoins et à leur fournir les soins et la compassion nécessaires pour les aider à vivre. »
Le projet « suicide assisté » vise des objectifs économiques
Avec le suicide assisté vient l’idée qu’« un individu peut perdre sa valeur et sa dignité », remarquent les évêques, qui soulignent l’opposition marquée à la proposition de loi du Royal College des médecins généralistes et de l’association pour les soins palliatifs du Royaume-Uni.
Outre la coercion sociale et l’atteinte portée au devoir de respecter la vie, les évêques d’Ecosse redoutent des effets négatifs sur la qualité des soins palliatifs, mais aussi et plus largement sur la prévention du suicide, dans la mesure où celui-ci serait légalement « soutenu par l’Etat ».
« Si l’Ecosse rend accessible la fourniture de la mort à la demande et que celle-ci devient une pratique normale, comment cela ne se transformera-t-il pas en attente culturelle vis-à-vis des plus vulnérables et notamment des anciens, des handicapés et des isolés ? Les pauvres et les personnes vulnérables se battent déjà pour vivre. Les parlementaires d’Ecosse doivent leur offrir les soins et le soutien nécessaires à la vie, pas un breuvage concocté pour les faire mourir. Tuer n’est pas une solution à la mauvaise santé, à la pauvreté ou à n’importe quel autre problème social. L’Etat doit faciliter la fourniture de soins, et non le fait de tuer délibérément, à ceux qui sont en fin de vie », observent les évêques pour finir.
Leur mobilisation intervient alors que le Royaume-Uni dans son ensemble pourrait être confronté à des démarches pour légaliser non seulement le suicide assisté, mais encore l’euthanasie, alors que le nouveau Premier ministre, Kier Starmer, s’est dit personnellement favorable à de nouvelles lois en ce sens.