La Suisse envisage depuis l’an dernier à mettre en place un plan d’urgence pour faire face à de potentielles pénuries d’énergies. Un projet d’ordonnance a été publié l’an dernier, et les Suisses n’y ont échappé que grâce à l’hiver clément qui a évité à l’Europe le régime de coupures de courant annoncé sur le mode « fais-moi peur » à l’automne 2022. On en reparle aujourd’hui à l’approche de l’hiver dont rien ne garantit qu’il sera doux, même pas le « réchauffement climatique ». Ce qu’il y a d’intéressant en Suisse, c’est l’idée que les autorités publiques pourraient définir des activités jugées non essentielles – tout comme la vente de chaussettes pendant les confinement covid – pour bloquer ou interdire certaines activités. Vous avez dit totalitarisme ?
Cela va en tout cas contre la volonté du peuple…
Ainsi, parmi les utilisations d’électricité jugées bureaucratiquement superflues, on peut citer les consoles de jeux, les services de streaming, les événements sportifs, les activités de loisirs… Les horaires des magasins à certaines périodes ainsi que le recours au chauffage intérieur pourraient être soumise à restrictions ; l’interdiction pure et simple des illuminations de Noël était envisagée, alors même qu’avec l’avènement de l’ampoule LED elles ne pompent certainement pas beaucoup d’énergie.
Confinements climatiques en vue : les véhicules électriques pourraient être interdits de circuler
Cerise sur le gâteau, l’utilisation des véhicules électriques pourrait elle-même être restreinte. Ce qui serait une façon de maintenir les gens là où ils sont.
David Blackmon, auteur du blog Energy Transition Absurdities, commente :
« Le fait que le gouvernement suisse intègre l’utilisation des véhicules électriques dans sa liste de restrictions montre qu’il est pleinement conscient de la contrainte massive que la recharge des VE fait peser sur le réseau déjà sous-alimenté du pays. L’imposition de telles restrictions dans le cadre d’un effort de planification d’urgence comme celui-ci équivaut à une tentative désespérée de repousser la crise ultime dont tout le monde sait qu’elle se profile à l’horizon, et non à un quelconque effort visant à résoudre le problème et à éviter la crise. »
Pour l’heure, le projet d’ordonnance ne prévoit pas de pénalités pour non-respect de ce « confinement » énergétique. Mais selon le site d’informations Blick, un responsable du Département fédéral des affaires économiques à d’ores et déjà signalé que les violations des éventuelles restrictions pourront être punies par des amendes, voire de la prison.
Il est clair que les plans n’ont pas du tout été enterrés. Interrogé par un journaliste de SwissInfo (média semi-public), l’Office fédéral de l’énergie n’a pas voulu répondre par oui ou par non à une question sur une éventuelle pénurie d’énergie cet hiver : « Les marchés de l’énergie demeurent volatils, et les prix réagissent fortement à de nouvelles incertitudes. »
La Suisse prépare la baisse de la consommation et de la production d’énergie
La Suisse dépend totalement des importations pour le gaz, dont les deux tiers servent au chauffage des immeubles, et elle s’est alignée sur l’Union européenne pour mettre en place un plan de réduction volontaire de 15 % de la consommation de gaz cet hiver de manière à éviter les manques.
Pendant ce temps, alors que la Suisse dépend à environ 30 % du nucléaire pour sa production d’électricité, le gouvernement fédéral s’est engagé à démanteler progressivement ses centrales. Mauvaise idée alors que le moindre débit alimentant ses centrales hydroélectriques cet été en raison d’une pluviométrie basse en Europe – elles représentent 60 % de la production d’électricité – a déjà entraîné une baisse de production. On se pose tout de même la question : pourquoi donc, s’il est vrai que les glaciers fondent à un rythme exceptionnel ?
N’organiserait-on pas la pénurie ?
Laissons encore la parole à David Blackmon :
« Les lourdes difficultés et les privations imposées aux gens ordinaires ne sont pas des accidents de parcours de ce plan, mais ses objectifs ultimes. Ces privations sont en fait des caractéristiques du plan global, et l’ont toujours été. »
Sans quoi l’accent serait mis non sur les restrictions et le démantèlement de sources d’énergie existantes, mais sur la recherche de vraies solutions.