Mardi, Barack Obama a montré sa capacité à évoluer sur le dossier syrien, en rejoignant, au cours d’une rencontre à New York à l’occasion du sommet de l’ONU où le président russe faisait sa réapparition, le point de vue de Vladimir Poutine sur la Syrie. Mais, si le président américain s’aligne sur la position de son homologue russe, cette évolution ne signifie pourtant pas qu’il en admet les moindres détails, notamment sur la question du devenir de Bachar el-Assad. Il estime néanmoins nécessaire, semble-t-il, de temporiser.
Durant leur tête à tête, les présidents russe et américain se sont donc mis d’accord sur l’aspect militaire de la question, de façon notamment à éviter tout incident lors d’éventuelles opérations dans la région.
Syrie : Obama s’aligne sur Poutine
Ce rapprochement était déjà sensible, plus tôt dans la journée, à l’occasion de leurs interventions respectives à la tribune de l’ONU. Le président russe y a réaffirmé son désir d’une coalition élargie en Syrie pour lutter contre les « terroristes », et réaffirmé son soutien au régime syrien, jugeant que le refus de coopérer avec Bachar el-Assad constituait une « énorme erreur ».
Si Barack Obama a répété que, toute solution ne pouvait passer, à terme, que par une transition politique, sans demander explicitement le départ d’Assad, il a cependant mis de l’eau dans son vin en indiquant que les Etats-Unis étaient « prêts à travailler avec toutes les nations, y compris la Russie et l’Iran ».
En pratique, alors que la Russie marque sa volonté de camper sur sa position, en appelant notamment à « soutenir ceux qui résistent et combattent sur le champ de bataille contre les terroristes, à commencer par l’Etat islamique », les Etats-Unis temporisent.
Aussi le président américain a-t-il dû trouver l’intervention de François Hollande un brin trop catégorique, sans finesse diplomatique (mais ce n’est ni une surprise, ni une nouvelle), puisque le président français a tenu à affirmer que « cette transition, elle passe nécessairement par le départ de Bachar al Assad, rien n’a changé ».
Il est vrai que le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a tenu un propos similaire, si bien que le président russe a répliqué le soir que c’était au peuple syrien de décider du sort du président syrien, et non à Barack Obama ou à François Hollande.
Seule possibilité prévue : un arrangement mondialisé
Il va de soi que le propos de ce dernier n’a strictement aucune importance, et que ni Vladimir Poutine, ni Barack Obama ne s’intéresse, autrement que par politesse, à l’avis d’un François Hollande. Ce dernier parle trop habituellement à tort et à travers pour que cela ait quelque impact. Et surtout, en ce qui concerne le Proche-Orient, la France n’y représente un risque pour personne, et n’est pas en mesure de contrer l’influence de l’un des deux Grands.
Ceux-ci semblent désormais décidés, hormis pour la galerie, à passer au-delà de la dialectique qu’ils entretenaient depuis des mois, pour parvenir, sous des dehors de réalisme, à mieux étendre dans cette région l’idéologie socialiste mondialisée à quoi tend leur habituelle politique.
Certes, ils ont, de part et d’autre, beaucoup traîner pour se faire. Mais l’extension de l’Etat islamique était un mal nécessaire, puisque, aujourd’hui, tout le monde se prononce pour un aménagement de l’islam, et un règlement international, mondial de la crise, dont les vagues successives de migrants ont permis la nécessaire déstabilisation du Proche-Orient, et des pays d’accueil notamment européens.
L’exigence mondialisée (ou presque) d’une solution dont Obama et Poutine sont, en quelque sorte, les chevilles ouvrières tend à prouver que l’opération est en passe de réussir…