Le recul de l’Etat islamique, en début de semaine, face à Kobané marque-t-il un tournant dans la guerre en Syrie ? Les djihadistes y ont perdu une partie de leurs forces, et ont été contraint de reculer sur les précédentes positions. D’aucuns – de très loin le plus souvent – crient déjà victoire. Mais n’est-il pas trop tôt pour parler d’un rééquilibrage des forces ?
D’après le département d’Etat américain, spécialement intéressé par les évolutions de la situation syrienne du fait, notamment, de l’engagement de ses forces sur le terrain, nombre de combattants étrangers ayant rejoint l’Etat islamique seraient restés sur le terrain au cours des combats contre les Kurdes de Kobané. L’information précise que ces combattants seraient d’origines très diverses, venant de Tchétchénie, du Canada, d’Australie, de Belgique…
« Le nombre de combattants étrangers tués à Kobané est très important », a déclaré l’un de se représentants, en affirmant qu’ils étaient certainement plus de mille. Cependant, ajoute-t-il, « personne n’est en train de déclarer mission accomplie ». Avec sans doute une certaine expérience, il ajoute qu’en l’occurrence il ne s’agit pas même d’un tournant majeur dans la lutte contre les djihadistes. Et pour cause…
Délicat rééquilibrage des forces en présence
De fait, les Américains ont quelque idée précise de la situation, puisque la chute de Kobané a été empêchée notamment, affirment les observateurs, par un parachutage d’armes des Etats-Unis aux défenseurs kurdes. Sans oublier, bien sûr, les frappes aériennes de la coalition internationale.
Néanmoins, dans un entretien publié en début de semaine par le Council on Foreign Relations, mais réalisé cependant par le Foreign Affairs Magazine avant les événements de Kobané, le président syrien Bachar el-Assad, s’est interrogé sur la réalité de ce partenariat avec les Américains, affirmant notamment : « (…) La question que nous posons est : est-ce que les États-Unis ont vraiment la volonté de combattre le terrorisme sur le terrain ? Jusqu’à présent, nous n’avons pas constaté quelque chose de concret malgré leurs attaques contre l’EIIL dans le nord de la Syrie. Rien de concret. Ce que nous avons vu est, disons, juste une vitrine. Rien de réel. »
Les relations de la Syrie avec les Etats-Unis
Et le président syrien d’ajouter : « (…) Jusqu’à quel point les États-Unis veulent-ils agir sur les Turcs ? Car si les terroristes ont pu résister aux frappes aériennes pendant toute cette période, c’est bien parce que la Turquie continue à leur envoyer des armes et de l’argent. Est-ce que les États-Unis ont mis la Turquie sous pression pour qu’elle cesse de soutenir Al-Qaïda ? Ils ne l’ont pas fait. »
En clair, Assad souligne que les Etats-Unis n’ayant pas l’accord des autorités syriennes pour intervenir sur le sol syrien se trouvent en situation illégale : « Les troupes qui ne travaillent pas en collaboration avec l’Armée syrienne sont illégales et devraient être combattues. C’est très clair. »
Et le président syrien d’appeler de ses vœux une politique « qui préserve la stabilité au Moyen-Orient. La Syrie est le cœur du Moyen-Orient. Tout le monde sait cela. Si le Moyen-Orient est malade, le monde entier sera instable ».
Certes, les affirmations de Bachar el-Assad quant à ses responsabilités dans la situation actuelle de son pays peuvent sans doute être discutées. Il n’empêche que ses affirmations sur la présence américaine au cœur de son pays controuvent pour le mois le discours, quasi angélique s’il n’était question de guerre et de morts, de Washington sur le sujet.