La Fed prend-elle le risque de plonger les Etats-Unis dans la récession en augmentant ses taux d’intérêts ?

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On s’attendait à ce que la Réserve fédérale américaine augmente ses taux au jour-le-jour d’un quart de point de pourcentage mercredi, ce qui constituerait la deuxième augmentation cette année et la sixième sur les 18 derniers mois. Cette hausse continue des taux d’intérêts de la Fed inquiète certains observateurs qui craignent que cela ne finisse par casser la bonne croissance actuelle et n’entraîne les Etats-Unis dans la récession. Ces inquiétudes sont renforcées par le fait qu’une inversion des courbes de taux semble se profiler à l’horizon, avec un spread entre les taux à deux ans et les taux à dix ans qui est passé en un an de 125 points de base (1,25 point de pourcentage) à 45 points de base. Une inversion de ces courbes (quand les titres de dette à long terme ont des rendements inférieurs à ceux à court terme) a par le passé généralement précédé des phases de récession. Dans le New American, Bob Adelmann explique néanmoins que l’impact de la hausse prévue pour mercredi devrait être minime. Il en profite pour écorner au passage la Fed qui prétend par ces hausses de taux vouloir freiner une inflation qu’elle a elle-même causée en créant des milliards de dollars de monnaie numérique pour renflouer les grandes banques après l’éclatement de la bulle immobilière en 2007-2008. Avec un bilan aussi gigantesque – plus de 4.000 milliards de dollars –, la Fed est obligée aujourd’hui de se débarrasser d’une partie de ses réserves.
 

La Fed va continuer d’augmenter ses taux d’intérêts pour prévenir l’inflation causée aux Etats-Unis par ses propres politiques d’assouplissement quantitatif

 
Tout d’abord, explique Adelmann, la reprise de l’inflation aux États-Unis, qui pourrait conduire la Fed à accroître encore ses taux à l’avenir, n’est pas aussi forte qu’il y paraît. Car si la hausse de l’indice des prix à la consommation a accéléré en mai pour atteindre 2,8 % sur un an, la Fed lui préfère un autre indice qui n’inclut pas les produits alimentaires et les hydrocarbures. Ce deuxième indice, lui, n’est en hausse que de 1,8 % sur un an. Cela n’empêchera certes pas la Fed d’augmenter ses taux de manière préventive puisque, explique Adelmann avec dérision, ses « experts » (avec des guillemets dans le texte), s’appuyant sur leur « manuel keynésien », s’imaginent qu’ils peuvent « gérer l’économie plus efficacement que les consommateurs individuels votant avec leurs dollars ».
 
Ensuite, argumente-t-il, l’inversion des courbes de taux n’a pas toujours été le signe avant-coureur d’une récession et elle n’en est pas la cause, cette dernière étant plus à chercher dans les ingérences de la Fed dans l’économie. Et de citer les calculs de la Réserve fédérale de Cleveland qui estiment la probabilité d’une récession au cours des 12 prochains mois à 13,4 %, contre une estimation à 13,8 % le mois passé. Cela ne veut pas dire que la politique de la Fed n’est pas à surveiller de près, mais « la prochaine hausse des taux au jour-le-jour prévue pour mercredi aura très probablement un impact peu significatif sur l’économie florissante [de la présidence] Trump ».
 

Olivier Bault