Dans un communiqué tartarinesque, le mouvement clandestin FLNC 22 octobre menace le terrorisme islamique de représailles, afin de se poser en défenseur du peuple corse. Sa véritable cible : la France, dont il dénonce la politique, tant intérieure qu’extérieure. Profitant de la déliquescence de l’Etat, il prétend non seulement le combattre mais le remplacer.
C’est digne d’une opérette d’Offenbach : le mouvement clandestin terroriste corse FLNC 22 octobre, qui venait d’annoncer sa « démilitarisation » voilà moins de trois mois, menace haut et fort l’Etat islamique de représailles en cas d’attentat sur le sol corse. Le texte de son communiqué ne manque pas de panache : « Sachez que toute attaque contre notre peuple connaîtrait de notre part une réponse déterminée sans aucun état d’âme ». Il comprend aussi une analyse politique : « La volonté des salafistes est clairement de mettre en place chez nous la politique de Daech et nous nous y sommes préparés ». Sans oublier une touche morale : « Votre philosophie moyenâgeuse ne nous effraie pas ». Il y a en effet terrorisme et terrorisme, et le FLNC revendique des « choix politiques difficiles », tout en se flattant que ceux-ci ne l’ait « jamais fait basculer comme (l’Etat islamique) dans la barbarie ». En d’autres termes, les bombes et les mitraillages, oui, l’égorgement, non. Oui au terrorisme démocratique moderne, non au terrorisme islamique « médiéval ».
Comment le FLNC menace la France et l’Etat
Là où ça se corse, c’est que cet aspect paradoxal du choc des civilisations est en fait un paravent pour combattre la France. La lutte contre le terrorisme islamique et les revendications du mouvement séparatiste corse sont un détour dialectique pour combattre l’Etat-nation, celui-ci se faisant objectivement complice de la manœuvre par sa nullité intégrale. Ainsi le communiqué du FLNC révèle-t-il avec une fierté sournoise « avoir permis au mois de juin de déjouer un attentat sur (le) territoire (corse) dans un lieu fréquenté par le public ». Sous-entendu : la France et son Etat impuissant n’ont pas été capables de le faire tout seuls. Puis le FLNC passe de l’ironie à la menace et à la délation. Le « message à l’Etat français » qu’il envoie en marge de sa menace contre Daech continue ainsi : « si un drame devait se produire chez nous, (l’Etat aurait) une part importante de responsabilité car il connaît les salafistes en Corse (…) qui seraient au nombre de huit ». Ici le FLNC accuse la France de collusion et de magouilles policières, affirmant savoir « avec certitude que l’un des imams de Corse est un indicateur de police ».
Une leçon corse sur le terrorisme islamique
Non content de vouloir usurper la fonction régalienne de protection de la population, que la France n’exerce pas selon lui, le FLNC accuse donc l’Etat, sinon à proprement parler de trahison, du moins de non-assistance au peuple corse en danger. Et il va plus loin : la France pourrait causer le pire en Corse non seulement en ne surveillant pas comme il le faut les radicaux qui nourrissent le terrorisme islamique, mais aussi par une politique étrangère qui provoque celui-ci. Ici, le FLNC est formel, et même un peu solennel : « Il faudra que la France cesse sa propension à intervenir militairement et à vouloir donner des leçons de démocratie à la terre entière, si elle veut éviter que les conflits qu’elle sème à travers le monde ne reviennent comme un boomerang sur son sol ». Le ton péremptoire est amusant, venant d’un mouvement terroriste corse, mais la pensée l’est moins : elle revient à imputer la responsabilité des attentats en France à la politique étrangère de notre pays, ce qui est, de la manière dont c’est fait, une erreur d’analyse. Ce ne sont pas les interventions militaires de la France qui ont créé le terrorisme islamique, c’est sa complaisance envers les Etats-Unis et les monarchies arabes qui financent le terrorisme islamique. Et ce qui permet à celui-ci de s’exercer en France est la folle politique d’immigration menée depuis trente-cinq ans.
Combattre le terrorisme islamique sans amalgame
Mais celle-ci ne choque pas le FLNC 22 octobre, il ne la critique pas le moins du monde, il l’approuve même implicitement, la suite politiquement très correcte de son communiqué en atteste. C’est en effet au nom d’une démocratie irréprochable que le terrorisme corse condamne et menace le terrorisme islamique. Il n’entend combattre que « les radicaux», et refuse tout « amalgame » avec l’islam, conformément au dogme médiatique. Il affirme même clairement que « l’amalgame n’existe que dans l’esprit des faibles ». Il appelle d’ailleurs les « musulmans de Corse » à « prendre position » et à dénoncer « l’islamisme radical » en signalant « les dérives chez des jeunes désœuvrés tentés par la radicalisation ». L’enjeu, selon le FLNC, est capital : « Si l’État islamique revendiquait des actions sur notre sol, nous ne pourrons vaincre qu’ensemble ». Ce vaincre ensemble ressemble autant au vivre ensemble de l’humanisme laïque qu’à l’attentifs ensemble du plan Vigipirate. La philosophie du FLNC 22 octobre se situe au confluent de la police et de l’humanisme maçonnique.
Le terrorisme politiquement correct du FLNC
Le communiqué prend d’ailleurs parti sur le ton de l’indignation contre « les idéologies fascisantes qui alimentent les esprits fragiles et les réseaux sociaux » et prend ses distances avec dégoût de la réaction de certains Ajacciens (jugée évidemment « raciste » par la grande presse) au guet-apens tendu par des jeunes contre des pompiers dans une cité en décembre
2015. Le FLNC, son vocabulaire vaut son pesant de caramel, appelle « à la vigilance et à la barbarie ». Et il se défend bien évidemment d’être « le refuge des frustrés d’une lutte raciale ou xénophobe ». Bref, il reprend intégralement la phraséologie et la pensée de la gauche mondialiste qui domine les médias. Simple précaution tactique, pour ainsi dire apologétique ? Il ne semble pas, si on la place dans son contexte, c’est-à-dire l’ensemble du communiqué.
Le terrorisme islamique et le FLNC servent la même dialectique mondialiste
Le FLNC est un mouvement séparatiste qui fait partie de ces organisations dites par antiphrase nationalistes financées et fondées voilà quarante ans par une URSS soucieuse d’affaiblir les nations d’Europe. Son logiciel est d’extrême gauche et antinational, même si certains de ses militants peuvent avoir une sensibilité beaucoup plus enracinée, voire identitaire. Ce qui est piquant, c’est de le voir opérer en opposition dialectique avec l’Etat islamique pour aboutir au même but, l’affaiblissement de la France et des nations européens, au profit du mondialisme. L’Etat islamique est lui-même manipulé les Etats-Unis. Si l’on se rappelle que les Etats-Unis ont participé à la création et à la croissance de l’URSS, même s’ils devaient ensuite, durant la guerre froide, se trouver en opposition dialectique avec elle, on constate qu’en l’occurrence les deux visages du terrorisme qui s’opposent, islamique et corse, ont la même origine mondialiste et la même finalité mondialiste. C’est assez cohérent, presque élégant.