De la théorie du genre à la pratique : un(e) transgenre britannique mâle est enceinte d’un enfant

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La théorie du genre qui n’existe pas se trouve mise en pratique jusqu’à l’absurde. Un enfant (le premier britannique du genre) va naître d’un transgenre britannique née femme, mais qui se veut mâle et l’est pour l’état civil, et qui interrompt sa « transition » pour l’occasion. C’est l’incarnation d’une volonté maladive de nier l’ordre naturel.
 
Les plus grands désordres découlent aisément de petites idées toutes faites, de préjugés ordinaires – ou devenus tels. Un enfant à naître d’un mâle « enceinte » était dans l’Empire romain décadent l’objet d’étonnements grivois, et voilà trente ans un sujet de film. On a bien ri en voyant le séducteur latin Marcello Mastroianni enceinte jusqu’aux yeux dans L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la terre, ou Arnold Schwarzenegger, le roi de la muscu, dans Junior. Aujourd’hui, nul ne rit plus. Il est presque ordinaire et normal qu’un homme soit enceinte. C’est l’effet de la propagande féministe devenue en pratique idéologie dominante : madame Michu ne croit plus en l’ordre naturel, elle choisit sa vie, elle est ouverte au monde, elle est adepte de la théorie du genre. Le reste n’est qu’une question de technique.
 

Le mâle, la femme, l’enfant, la coiffure, le transgenre

 
L’opinion que Cynthia Nixon vient de donner au Telegraph est à cet égard édifiante. L’actrice a triomphé des saisons entières dans l’un des personnages de la série culte Sex and the City, et elle s’apprête à jouer le rôle Nancy Reagan, l’épouse du président de la guerre des étoiles. Elle s’intéresse au personnage, tout en le trouvant effroyablement conservateur, ou plus exactement « d’un autre âge, d’une autre époque ». A l’époque de Cynthia Nixon, les ménagères de moins de cinquante ans ont intériorisé toutes les conquêtes du féminisme, dont bien sûr le mariage gay, et pensent donc que « les parents homos sont exactement les mêmes que les parents ordinaires, un enfant est un enfant, un parent est un parent, c’est tout. » Après, il ne s’agit plus que de se parler, d’apprendre à se connaître pour lutter contre la « défiance ». Il n’y a pas d’ordre naturel, il y a le monde ouvert que créent chaque jour les hommes et les femmes de bonne volonté.
 

Devenir transgenre, de la théorie à la pratique

 
Cette phraséologie n’est pas follement neuve. Sous le regretté président Pompidou, les bourgeoises disaient déjà qu’il faut vivre avec son temps. Le temps d’aujourd’hui est celui de Hayden Cross. Cet être humain britannique, il n’y a pas d’oxymore, est né femme mais, s’étant senti mâle lors de son adolescence, a commencé un traitement hormonal pour devenir un homme. Il a aujourd’hui vingt ans, le plus bel âge disent certains, mais aussi celui de l’incertitude : il a eu un petit moment d’hésitation et voulu goûter la joie de la maternité. Ou plutôt le bonheur absolu de la parenté totale. Il a demandé à la NHS, le système de santé britannique, de congeler ses ovules, qu’il entendait féconder une fois l’évolution transgenre arrivée à son terme. Mais l’administration britannique est pingre, la chose coûtait 4.000 livres, avec le Brexit on regarde son porte-monnaie, elle a refusé. Qu’à cela ne tienne Hayden Cross a de la ressource, il a demandé sur Facebook le sperme d’un donneur et se trouve aujourd’hui enceinte.
 

La Britannique enceinte deviendra papa britannique

 
Voilà donc la situation actuelle, la merveille ultime de la volonté de l’homme lorsqu’il se substitue à l’ordre naturel : une femme qui veut devenir mâle se retrouve par caprice enceinte en tant que femelle. Sans doute ce petit « retour en arrière » est-il une épreuve. Mais Hayden Cross est sûr(e) que c’est la bonne solution : « J’étais en face de la perspective de ne pas devenir le mâle que je suis supposé être, physiquement, ou de ne pas devenir un père. Je ne me sentais pas comme si j’avais eu le choix, je n’en avais pas d’autre qu’avoir un bébé maintenant, puis revenir au processus ». (Ouf ! Quand on n’est pas transgenre, ça ne coule pas de source!) Une fois qu’elle aura accouché, elle continuera donc sa transition : un chirurgien lui ôtera ses ovaires et sa poitrine. Hayden Cross en exulte déjà : « Je veux le meilleur pour le bébé. Je serai le plus grand des papas » !
 

Les vieux chaudrons de l’existentialisme, et avant

 
Cette bouillie pour les chats ne paraît pas telle aux journaux qui la rapportent. Elle participe naturellement (si j’ose dire) d’un galimatias dominant où voisinent le sentimentalisme des séries anglo-saxonnes, l’idée que tout se vaut, la certitude que la nature n’existe pas ou du moins qu’elle est entièrement subordonnée à la volonté humaine. C’est la soupe féministe, elle-même recuite dans les vieux chaudrons de l’existentialisme (on devient ce qu’on a décidé d’être, non ce qu’on a été créé, le crime capital c’est « l’essentialisation » : ce n’est pas pour rien que Simone de Beauvoir est l’une des squaws référentes de la tribu), et, si l’on remonte plus loin, bien avant le Déluge, ce n’est rien d’autre que la vieille bourde soufflée à Eve par le serpent : « Vous serez comme des Dieux ». On sait où cela a mené. Il n’y a pas de raison que le processus actuel sorte de l’ornière. Simplement, la chute est plus visible, plus rapide, plus sordide : on se croirait dans le Satyricon, version expressionniste de Fellini. Je ne sais pas vous, mais j’ai envie d’aller prendre une douche après avoir écrit cet article.
 

Dieu permet les délires de l’idéalisme

 
La question que peut se poser un chrétien est : pourquoi Dieu permet-il de tels délires ? La question est aussi vieille que le mal d’une part, la révolution de l’autre. Le réaliste dit avec Saint Thomas d’Aquin, on ne discute pas contre les faits. L’idéalisme révolutionnaire répond, on ne discute pas en effet, on les change. Le dernier avatar un peu réfléchi de l’idéalisme révolutionnaire fut, on vient de le dire plus haut, l’existentialisme. Alors, pourquoi Dieu permet-il à travers la révolution la réalisation de l’idéalisme, si bête et qui fait tant de mal ? Pourquoi permet-il le monde Matrix qui sort des limbes avec sa morale contre nature et sa monnaie détachée de toute matière, simple impulsion électrique dans un ordinateur ? Pourquoi Dieu permet-il la désincarnation et le mensonge ? Parce que, dès l’origine, il a permis le Mal. Il nous a créé libres de commettre l’horreur, et nous en abusons.
 

Pauline Mille