On sait l’importance du football dans nos sociétés. De l’Azerbaïdjan au Zimbabwe, ce que les anglo-saxons nomment soccer, pour le distinguer du football américain qui est une sorte de mauvais rugby, soulève les foules. Et se trouve ainsi en position de les instruire, les endormir ou les formater. Le mondial de foot est l’occasion de réciter le catéchisme de l’union des peuples, et chez nous un Mbappé ou un Thuram font fonction de grands instituteurs de l’inclusion. En somme, le foot est le principal cours d’instruction civique arc-en-ciel. C’est pourquoi on aura suivi avec attention le tirage au sort de la ligue des champions européens, compétition où brillent des noms tels le Barça, Real Madrid, PSG, Milan AC ou Arsenal. L’article de L’Equipe à ce sujet est un peu difficile à suivre pour les non-initiés, mais une chose est sûre, là où seul régnait le hasard, l’homme a désormais installé l’Intelligence artificielle, sous prétexte, si l’on comprend bien, d’écourter la cérémonie. Etant donné l’importance symbolique et pédagogique du football rappelée plus haut, on peut parler d’une révolution philosophique : qu’ils croient au hasard, à la nécessité, ou à la providence, les hommes, dans des occasions solennelles, et même pour choisir un chef suprême, s’en sont remis depuis des millénaires à quelque chose d’indépendant d’eux, destin, dieux ou Dieu, pour décider. Aujourd’hui donc ils ont choisi de faire de l’Intelligence artificielle leur destin, leurs dieux, leur Dieu. Ce n’est vraisemblablement pas pour des prunes et mériterait de plus amples développements. Mais déjà on peut faire une hypothèse raisonnable : la caste dirigeante a décidé d’imposer l’IA partout. Donc de remplacer l’homme.