FANTASTIQUE La Tortue rouge ♠


 
La Tortue rouge est un dessin animé, où il est question d’un naufragé et de tortues. S’il ne comporte rien de choquant pour le jeune public, il ne s’adresse selon nous pas à lui, car il ne se passe pratiquement rien sur une heure vingt de contemplation d’un monde micro-insulaire. Le public adulte le mieux disposé lui-même trouve très vite le temps trop long ; des enfants ne tiendraient absolument pas. Les images sont absolument superbes, et forment la grande qualité du film, en jouant des dessins simples, rappelant la ligne claire, mais pas simplistes, et des dégradés légers de couleurs qui diffusent parfois sur les images une luminosité superbe.
 

La Tortue rouge ne peut être recommandé

 
Le film débute avec une approche relativement réaliste : au milieu de l’océan, un naufragé surnage dans la tempête. Il échoue miraculeusement sur une île. Il l’explore, organise sa survie, puis construit un radeau pour s’évader. Il multiplie d’ailleurs les radeaux, tous détruits en mer, au niveau du banc de sable corallien encerclant l’île, par une force sous-marine mystérieuse, qui se révèle être une Tortue rouge. En dépit de sa couleur et de son comportement singulier, il s’agit a priori d’une tortue de mer géante assez banale. Ces grandes tortues ont des gabarits supérieurs à ceux des hommes, et peuvent vivre parfois deux siècles, sinon davantage. Elles ont fasciné les peuples premiers du Pacifique, d’où le basculement dans le fantastique du film, reprenant certainement une légende polynésienne. Le naufragé se venge de la Tortue rouge en la retournant sur une plage. Elle meurt, et se métamorphose en femme, bien vivante. Ils ont un enfant, un humain normal en apparence, qui, quelques années plus tard, à l’âge adulte, décide de s’évader de l’île en traversant le Pacifique à la nage, en accompagnant des tortues géantes. Il y avait là matière à un court métrage onirique, exercice estimable. Mais, et nous avons délibérément omis les très rares petits coups de théâtre, il faut reconnaître et déplorer qu’il ne se passe vraiment rien dans la Tortue rouge. Les personnages ne dialoguent ou ne monologuent pas, communiquent par cris ou hurlements à l’occasion.
 
Cette animalisation de l’homme est menée en parallèle avec l’humanisation des tortues. Il nous a semblé voir une morale dite « antispéciste » dans l’air du temps, ne distinguant pas hommes et animaux, ce qui est fort grave philosophiquement et surtout spirituellement. Du fait de l’absence d’action et de ce message probable, malgré la beauté indiscutable des images, nous ne recommandons absolument pas la Tortue rouge.
 

Hector JOVIEN

 
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