Un film présenté comme une farce, se moquant « gentiment » de la Religion, est sorti sur les écrans en France le mercredi 9 septembre. Il s’agirait d’une vaste plaisanterie travestissant l’imagerie catholique traditionnelle. Évidemment, il eût été impensable de s’en prendre à des succédanés de croyances juives, ou même musulmanes. Le film a été très diffusé, porté par les noms de grands acteurs fort connus, dont Benoît Poelvoorde – Dieu -, Yolande Moreau –Mme Dieu-, Catherine Deneuve – Martine, disciple.
Peut-on rire, s’amuser des représentations chrétiennes, sans commettre le péché mortel de blasphème ? L’exercice serait des plus délicat, et toujours discutable. Signalons toutefois l’existence de cet improbable tour de force, d’une farce vraiment morale, réflexion sur la Providence Bruce-Tout Puissant (Amazing Bruce, 2003) : dans cette parabole, Bruce, un Américain moyen qui ne cesse de pester contre la Providence, du fait de quelques désagréments du quotidien, se voit confier par l’Ange de Dieu des pouvoirs divins, l’invitant à gérer sa ville avec eux. Bruce découvre alors la difficulté de l’exercice, l’impossibilité d’exaucer en même temps toutes les prières, souvent contradictoires –tout le monde ne peut pas gagner au loto, en même temps, par exemple. Bref seul Dieu peut gouverner l’Univers par sa Providence, juste et bonne, même si nous ne la comprenons pas le plus souvent, ou si nous rencontrons certainement bien des épreuves durant nos vies.
Il s’agissait d’un film américain, ambitionnant de toucher un large public. Même s’ils existent aussi hélas, les blasphèmes, surtout explicites, sont beaucoup plus rares que dans le cinéma européen. Or le Tout Nouveau Testament est un film européen, et même précisément franco-belge, ce qui renvoie à un contexte des cultures anticléricales des plus virulentes de notre continent déjà fort peu pieux. Nous avons fait l’effort, très pénible, tant sa dimension satanique devient de plus en plus massive et évidente au fil des trop longues minutes, de voir le film, afin de le dénoncer en toute connaissance de cause.
Le Tout Nouveau Testament est centré sur les aventures d’Ea, Dieu-Fille, préadolescente d’environ 10 ans, qui enseignerait aux hommes la voie de vérités authentiques. Loin de rassurer le recours à un tel personnage inquiète d’emblée, car il est typique des manipulations démoniaques qui surviennent en particulier lors de phénomènes dits paranormaux. Elles inspirent particulièrement confiance aux naïfs, plus que des adultes, des garçons, ou a fortiori des formes non-humaines.
UN PREMIER DEGRE DE FARCE BLASPHEMATOIRE
La bande-annonce insistait sur la dimension de farce du film. La drôlerie supposée a été le grand argument de promotion, et le parfum de provocation, ô combien usé pourtant, et quelques blasphèmes devaient assurer la sympathie et complaisance des critiques désinformateurs. Certains ont joué le jeu. D’autres ont déploré de n’avoir ri qu’en début de film, puis plus du tout après. La dimension comique est en effet plutôt concentrée en début de film lors de l’explosion, puis est diffusée de manière moins dense par la suite.
Le tout début, et lui seul, est assez drôle, objectivement. Dieu crée le monde, c’est-à-dire Bruxelles, et peuple cette ville d’animaux. Des autruches traversent la ville déserte. Puis il procède à un essai d’une civilisation de poules, et Bruxelles est peuplée de poules, dans les bureaux, les restaurants, les cinémas…Tout ceci n’amuse pas longtemps, ce qui est vrai, donc Dieu crée l’homme à son image, puis la femme, et ils ont beaucoup d’enfants, de toutes les couleurs, pour peupler Bruxelles. Remarquons que le péché originel est totalement absent de ce récit. Moins grave, le public jeune et peu éduqué pourrait croire que Bruxelles a toujours été la ville-monde qu’elle est aujourd’hui, avec des populations très diverses.
Puis tout bascule : Dieu-la-Fille, Ea, âgée en apparence de dix ans, se révolte contre Dieu-Père, au nom de l’amour de l’humanité. Ceci donne lieu à des scènes de ménage, avec un Dieu en tyran domestique reprenant l’image du cas social wallon, frère du nordiste pour un registre comique français peu fin et autorisé : se moquer des autochtones oui, des allochtones, hors de question. La petite fille se rebelle contre un père odieux, devant une mère passive. Toutes les familles présentes dans le film sont ou ridicules, ou tristes, ou abominables. La charge n’est évidemment pas innocente ou gratuite. Après la Religion, la Famille est attaquée.
Ici, dans cette HLM divine, manque JC, le fils aîné, parti depuis longtemps. Ea, avant de s’enfuir, sabote l’ordinateur divin, qui permet à Dieu de contrôler Bruxelles et d’infliger moult tourments aux hommes. Le passage entre l’appartement, de type HLM, divin, et notre monde, Bruxelles, s’effectue par la tuyauterie de la machine à laver divine, qui débouche dans une laverie terrestre. D’où des traits d’esprit, si l’on ose dire, du niveau de la tarte à la crème, avec un Dieu au visage couvert de lessive. Ce serait de l’humour liégeois, variante anticléricale de l’humour belge.
A l’extérieur, ce Dieu est pris pour un clochard. Il est régulièrement ramassé par des associations d’aide aux SDF, dont des organisations catholiques. Ces dernières, qui dans la pratique se concentrent exclusivement sur le social, sont vues plutôt positivement, pourraient servir de ligne de défense, bien légère, contre l’accusation de haine du christianisme, pourtant évidente.
La fillette, Ea, collecte des disciples improbables, qui offrent tous en principe un potentiel comique. La farce ne devrait pas cesser. Or, pratiquement plus rien n’est drôle. Martine, interprétée par Catherine Deneuve, commet l’adultère avec un gorille, littéralement. Serait-ce un hommage à Georges Brassens ?
Les critiques désinformateurs ont perdu le fil, peu ri, vraisemblablement dormi, ont connu un bref réveil grâce au gorille, tout en trouvant la chose plutôt ridicule. Or, si le Tout Nouveau Testament ne distrait plus du tout, c’est qu’il se concentre sur la diffusion de son message, celui de l’enseignement d’Ea, proprement satanique.
UNE ANTI-TRINITE
Certains critiques désinformateur ont perçu l’existence d’un propos démonstratif, d’une sorte de catéchisme, de contre-catéchisme plus exactement. Ils ont trouvé l’art ennuyant ; ils ont eu raison, et n’y ont rien compris. Il y a à l’inverse bien des choses à saisir et le propos central dans la construction l’œuvre lui donne toute sa dimension véritablement satanique, bien au-delà de la farce blasphématoire, qui serait une triste banalité parmi des milliers d’autres en France, jusqu’à des sketchs quotidiens de Canal+ ou de « comiques » radiophoniques, souvent payés avec nos impôts.
Rien n’est gratuit, même ce qui semble relever de la farce. En une HLM divine, cohabitent père tyrannique, mère idiote et passive, fille intelligente et rebelle. Ces trois personnages divins proposent une contrefaçon blasphématoire de la vraie Trinité, Père -Fils- Saint-Esprit. La fille a un prénom : Ea. Certains journalistes désinformateur, dans un effort superficiel de compréhension, ont voulu y voir un pronom démonstratif latin récupéré, ea, forme féminine de is, signifiant celle-ci, celle-là. Ils n’ont rien compris. Piste plus intéressante, toujours latine, on pourrait voir en ea, l’indication d’un moyen, d’un chemin, au sens de par là (dictionnaire Olivetti). Ceci prend un sens dans la logique, Ea proposant une voie, qui est tout sauf honnête.
Pourtant, il faut surtout reconnaître en Ea est un dieu akkado-sumérien fondamental, ce qui n’est certainement pas un hasard. Le passage du masculin au féminin n’étonne pas, dans un contexte satanique. Ea est le nom akkadien, postérieur, au sumérien Enki. Enki est un dieu des eaux et des mondes souterrains, ce qui ne nous éloigné guère de l’idée de l’Enfer, et créateur de l’Homme. Cet Homme a été formé pour servir d’esclave aux dieux. Or les faux-dieux sont des démons, suivant l’interprétation traditionnelle chrétienne. Les hommes devraient servir les démons, message implicite.
UN ENSEIGNEMENT PROPREMENT SATANIQUE
Ea enseigne peu, directement. En quelques répliques, elle professe le matérialisme, du moins à l’usage des hommes. Non, il n’y aurait que la matière de réelle pour les hommes. Après leur mort, il n’y aurait rien. On naît, on meurt, et rien après –comme rien avant en leur logique- selon la philosophie antique provocatrice des Epicuriens. Les Epicuriens, au sens stricts, étaient austères, car la course aux plaisirs rend malheureux. Sur ce point, leur sagesse n’est pas déraisonnable. Or Ea encourage l’hédonisme, la recherche de ses plaisirs, la volonté de satisfaire ses désirs, et ce sans aucun frein. Elle invite ses disciples à dépasser leurs tabous, freins « moraux » inventé par un Dieu-père mauvais, menteur, pour leur empoisonner l’existence. Elle annule les valeurs morales proposées par son grand frère Jésus, émancipateur, mais avec des limites liées à l’univers mental des hommes de son temps. Soit ici une forme de modernisme le plus pur, faire un tri dans les Evangiles entre ce qui reste à notre goût, et d’autres éléments, les plus contraignants, rejetés comme des archaïsmes qui seraient périmés, à ne plus suivre. Ea conseille à ses disciple de tout oser, jusqu’à s’accoupler avec un gorille donc, pour rejoindre la farce, chose promise dès la bande-annonce.
Ea rassemble six disciples. Le film propose des explications loufoques, des additions improbables, évoquant le total des joueurs d’une équipe de hockey sur glace. Le hockey emploie six joueurs en même temps sur la glace pour une équipe, 18 joueurs de champ en tout. Est aussi évoqué le baseball, avec neuf joueurs sur le terrain en même temps, le double pour une équipe. Les six disciples d’Ea complèteraient les douze du Christ, soit 18.
Ces six dicteraient par leurs témoignages ce Tout Nouveau Testament, suivant une prétention assez rare de compléter la révélation divine, après les expériences de Mahomet et son Coran, ou des Mormons avec leurs livres complémentaires –très fantaisistes, hérétiques, mais qui restent dans un cadre culturel chrétien. Toutes ces fantaisies numérologiques sont volontairement basées sur des sports peu suivis en France ou Belgique. Ainsi, elles visent à occulter volontairement mal l’essentiel, l’évident : 6 est le chiffe du Diable. Ea mène une œuvre satanique. Il y a là une signature explicite, qui a bizarrement été assez peu reconnue.
La perversion des sociétés, des mœurs, ne passe pas tant par la négation frontale des vérités précédemment admises, celles de la Chrétienté, que par un travail de sape systématique, de perversion des termes, et par l’usage, si nécessaire, d’une attitude chrétienne, détournée pour détruire. Par exemple : il faut aimer son prochain. Il faut aimer – surnaturellement- son prochain même s’il est un horrible vicieux, exigence ô combien difficile. Mais il ne faut certainement aimer le vice. Là non, Ea, compatissante, écoute et encourage les vicieux à sombrer toujours plus en avant dans leurs mauvaises tendances. Elle les pousse à dicter dans son sens leurs témoignages plus qu’orientés.
Ainsi revenons à Martine. Martine porte le prénom d’un des plus grands saints de Gaule, saint Martin, dérision sûrement pas gratuite. Riche femme seule et un peu âgée – interprétée par Catherine Deneuve, rappelons-le – elle a quelque honte de payer des jeunes hommes prostitués pour satisfaire ses envies libidineuses. Elle est déjà un peu excusée dans le récit filmé, du fait du caractère peu sympathique du mari, très absent en outre, retenu pour ses affaires. Ea la déculpabilise complètement, la pousse à suivre son vice jusqu’à la zoophilie, avec un gorille donc.
Parmi les six d’Ea, figurent bien quelques asociaux inoffensifs, comme un comptable dépressif qui parle aux oiseaux. Mais il n’y a néanmoins personne de normal, oserait-on dire. Et aucun ne possède de croyance religieuse. Pourtant, se distinguent quelques grands vicieux loués pour leur vice : un obsédé sexuel est encouragé, comme la nymphomane-zoophile, l’assassin, et un garçon de dix ans est encouragé à « devenir une fille »… Là, avouons-le, le film atteint le sommet de l’insupportable. Satan paraît plus visible que si par quelque effet spécial un monstre cornu apparaissait sur les images : un préadolescent perturbé est plus qu’encouragé sur cette voie contrenature qui, à tout point de vue, n’est qu’une impasse.
Elle est justifiée narrativement par l’imminence de la mort. La plupart des disciples, jusqu’à un assassin, trouvent une justification, si l’on ose dire, par la proximité de cette fin, proclamée définitive. On songe à la formule condensée tirée de Dostoïevski : « si Dieu (le rai) n’existe pas, tout est permis ». Suivant un hédonisme exacerbé, il faudrait jouir sans entraves jusqu’à la mort. Le seul frein, si l’on ose dire, formulé comme un conseil ou une promesse, consiste en s’efforcer, doucement, de persuader l’assassin qu’il devrait essayer de cesser de tuer ; tuer les gens ce n’est pas gentil, car cela mettrait fin précocement à leurs jouissances. Ce passage est peu clair, car l’ambiance est celle d’une fatalité déresponsabilisant complètement l’Homme. Tout le mal dans le monde serait de la faute d’un Dieu-père, méchant, programmateur sadique.
DES VISAGES DU DIABLE ET DE L’ANTECHRIST
La fausse trinité divine doit être comprise en fait comme un binôme, du fait de la passivité de la mère, entre Ea et son père. Le père, pseudo-Dieu, est Satan, et la pseudo-Fille de Dieu, est l’Antéchrist. Rien n’empêche un Antéchrist féminin. Satan et l’Antéchrist se rejoignent pour faire souffrir les hommes, et surtout les damner. La fausse-consolation d’Ea vise à damner les âmes sous couleur de leur Bien, beaucoup plus efficacement que les gros malheurs expédiés par un Satan en apparence peu fin. Satan sait très bien ce qu’il fait, et consentirait volontiers à passer pour un être brutal, effrayant, et en façade d’un manque de subtilité confinant à la bêtise, pour arriver à ses fins. Or Satan est extrêmement intelligent, et déterminé. L’Homme ne peut lui résister que par l’aide de Dieu, le vrai, et la prière.
UN DEVOILEMENT DE LA COHERENCE CACHEE DES EVOLUTIONS DE LA SOCIETE DANS LAQUELLE NOUS VIVONS
Tous les vices de notre époque, toutes les lois mauvaises, de l’avortement au « mariage » homosexuel, se rattachent ainsi à cette volonté satanique. Le Tout Nouveau Testament ose montrer, au-delà de la comédie finalement fort peu drôle, opinion commune très au-delà des seuls croyants choqués, le plan satanique à l’œuvre pour détruire la Chrétienté, ou ce qu’il en reste. Il annonce les évolutions prévues : les parents, l’école, seront demain sommés de respecter le « choix » d’un préadolescent masculin désireux de « devenir » une fille, ou la dépénalisation de la zoophilie, peut-être seulement avec les grands singes dans un premier temps. L’abolition de la frontière, pourtant évidente, entre gorilles, chimpanzés, bonobos, et humains, semble aussi au programme. Plutôt que de faire sortir les chimpanzés des laboratoires, où ils y souffrent certainement pour le bien des hommes, ce qui constitue donc une fin permise, on y fera rentrer demain des humains. Entre l’avortement et l’euthanasie, ce ne serait même plus étonnant.
Le règne de Satan est annoncé, les prodromes en sont déjà bien visibles, et il sera absolument terrible. Nous devons plus que jamais prier et préserver les enfants des mauvaises influences, si communes et répandues, jusque dans les écoles publiques dans les pays européens ou américains. Que Jésus-Christ nous sauve des griffes de Satan ! Tel est le cri, l’oraison jaculatoire qui sort du cœur du croyant, vraiment choqué, après en avoir pourtant tant vu à notre époque guère chrétienne, après cette vision d’horreur proposée par le Tout Nouveau Testament.