Les sept façons dont le transhumanisme va (veut ?) changer le monde d’ici 2030

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C’est aux entreprises et aux organisations que s’adresse cet article paru dans la revue Forbes. Le transhumanisme qui « est » le futur de l’humanité, va profondément changer le monde qui nous entoure et les stratégies de ces dernières doivent s’adapter. Elles doivent voir plus loin que le premier horizon des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle ou l’internet des objets. Elles doivent déjà travailler sur la convergence de toutes ces tendances diverses, dans tous les secteurs concernés, des progrès médicaux aux changements comportementaux pour voir comment tirer profit de ces évolutions « inéluctables » qui affecteront la façon dont les hommes vivent, travaillent et jouent…
 
Toujours cette idée qu’il faut s’y préparer – que ce ne sera dans l’intérêt de personne de rester en arrière.
 

A la poursuite du monde qui va changer

 
Est à l’origine de ce petit tour d’horizon, une étude publiée par le Groupe d’Innovation Visionnaire du cabinet de conseil d’affaires « Frost & Sullivan », impliqué dans l’étude de marché et la stratégie de croissance. Pour lui, la transformation via la technologie sera rapide, donc complexe et désordonnée. Pour mieux la cerner, d’ici 10 à 15 ans, il s’est basé sur les trois piliers fondamentaux de l’individu à savoir notre corps, notre pensée et notre comportement et en a extrait sept thèmes clés.
 
Première perspective : notre corps sera augmenté, rendu plus fort, plus intelligent, plus capable. On pense derechef à ce qu’on appelle les « wearables », ces objets connectés que l’on porte sur soi : des lentilles de contact-caméras aux écouteurs de traduction simultanée universelle, en passant par les prolongements mécaniques corporels (« exosuits »). Mais les implants verront aussi leur utilisation croître via des micropuces cérébrales ou les puces RFID sous-dermiques qui contiendront tous nos codes d’identification et de paiement… Surtout, l’augmentation biologique viendra de la sélection des embryons, évidemment les plus intelligents, et dépourvus de toute maladie héréditaire…
 

Le transhumanisme : pour vivre heureux, ne vivons plus cachés

 
Nos raisonnements seront plus rapides et plus transférables grâce aux BMI, ces interfaces cerveau-machine portables et surtout implantables. La transmission ne sera plus limitée par la parole ou le geste, elle sera entière et non filtrée. La start-up d’Elon Musk, Neuralink ou le Darpa, laboratoire de recherche du ministère américain de la défense travaillent déjà sur des modèles.
 
Les sciences du comportement ainsi que la ludification, c’est-à-dire l’utilisation des mécanismes du jeu en milieu professionnel ou autre, augmenteront la productivité humaine. La société Uber soigne particulièrement ses chauffeurs à ce sujet. Et bien des gouvernements ont déjà adopté des tactiques similaires avec des unités de sciences du comportement : d’ici 2030, nous dit l’étude, tous les départements RH, stratégie et conseil auront ou rechercheront des spécialistes en la matière.
 
L’adoption de la réalité virtuelle nous rendra plus empathiques. L’article de Forbes donne l’exemple très symbolique des réfugiés : mis à leur place dans une simulation, nous serons plus enclins à les accueillir, à donner notre argent… Comme nous pourrons être poussés à économiser davantage si on nous projette dans notre retraite…
 
Le concept de la personnalisation sera poussé à outrance, dans tous les aspects de nos vies, en tant que consommateur, salarié, malade… tous les produits et services seront entièrement configurés en fonction des besoins et des préférences personnelles.
 
L’intelligence artificielle envahira les milieux professionnels. La plupart des employés auront un homologue AI avec lequel ils collaboreront ou grâce auquel leur travail sera amplifié. Certains futuristes prédisent que d’ici 2026, les entreprises auront une machine AI en tant que membre de leur conseil d’administration.
 
Et quelles valeurs choisira de préserver, développer la société ? Privilégieront-elles l’individu, le pays, l’espèce ?! Les débats sur les valeurs sociétales seront au cœur de la réflexion, pour Frost & Sullivan.
 

L’homme à la recherche de l’infini sur la terre

 
Et il faut se demander lesquelles ! Beaucoup de risques émergent de ces prévisions, pas si à long terme que ça… et l’étude ne les omet pas, parlant des problèmes potentiels de contrôle, de hiérarchisation de la société (les alpha et les gama d’Huxley), ou encore des risques de cybersécurité. Mais elle les voit comme des faits qu’il faut juste orienter dans la bonne direction. Car il faut évidemment faire partie du train, le « déclassement » serait la pire option : entre fascination et répulsion, il y a le mot « résignation » – c’est ce que signifie le terme « adaptation ».
 
Peu de crainte pour l’eugénisme qui en résultera, la restriction de liberté via la personnalisation et cette obligation de transparence totale. Au contraire d’Orwell il n’y a pas de dictature politique évidente. Il semble qu’on veuille nous soumettre en quelque sorte à nous-mêmes. Et à des idées qui seront évidemment le Bien commun de tous… Rappelons que beaucoup des principes élaborés par les transhumanistes ou futuristes balayent les croyances et portent au pinacle les associations pro-choix ou les mouvements LGBTQIA. C’est la logique même de cette notion de Progrès transhumaniste, de cette idéologie de dépassement de la nature humaine : rien ne doit être fixé, que ce soit une donnée naturelle ou une idée, une foi.
 
D’ailleurs, le plus simple sera d’inventer une nouvelle religion pour satisfaire au besoin des peuples, une religion adossée à l’évolution technologique en cours. C’est ce que vient de faire un ancien d’Uber, petit génie de la Silicon Valley, Anthony Levandowski, avec Way of The Futur (WOTF) qui veut promouvoir l’idée d’un dieu basée sur l’Intelligence Artificielle, quand le Jour de la Singularité (le dépassement de l’homme par la machine) sera advenu…
 

Clémentine Jallais