Ancien journaliste et bloggeur américain, Zoltan Istvan est le premier transhumaniste à se porter candidat à une élection présidentielle américaine : il se présente au scrutin de 2016. Istvan vient de publier une tribune sur le site MotherBoard dans laquelle il répond à la question de l’avenir de la politique de manière assez glaçante.
Sans prétendre savoir de quelle manière la technologie pourra influencer la nature de la gouvernance d’ici à quelques dizaines d’années, Istvan estime qu’il est possible de l’imaginer de manière plausible. La seule question qui se pose dans l’esprit de ce transhumaniste est de savoir si le gouvernement suivra la tendance actuelle à la numérisation de tous les domaines de la vie.
Qui gouvernera les réalités virtuelles ?
L’intrusion croissante de la réalité virtuelle dans la vie courante pose déjà la question : les gens immergés dans cette réalité virtuelle seront de plus en plus nombreux, il est donc possible qu’une civilisation entière apparaisse dans le monde virtuel. Mais qui la dirigera ?
Les gouvernements ? Les propriétaires ? Les concepteurs ?
Zoltan Istvan défend ici l’idée de sociétés sans Etats, organisées en réseau pour le « bien » de tous.
C’est finalement l’objectif de son Parti Transhumaniste, créé à l’origine sur Facebook pour unifier tous les partis transhumanistes qui se lancent timidement à travers le monde.
Zoltan Istvan pose donc la question : est-il possible que les Etats tels que nous les connaissons disparaissent dans un futur proche ?
Le transhumanisme annonce la disparition du langage parlé
La réponse est oui, à condition que la technologie continue à se développer. Il cite alors Jose Cordeiro, un professeur de l’Université américaine de la Singularité qui affirmait en 2014 que le langage parlé pourrait « commencer à disparaître dans 20 ans » : des casques capables de lire les pensées pourraient le remplacer, ébauches d’intelligence artificielle pour « améliorer l’Homme ».
Zoltan Istvan s’en félicite : ces casques permettraient des « concerts virtuels », et traduiraient en direct la langue maternelle en n’importe quelle autre langue si bien que « tous les hommes de la terre se comprendraient instantanément ». Il affirme que cela pourrait devenir notre principal moyen de communication d’ici à 20 ans. Voilà qui attribue bien des capacités à la traduction automatique. Si on en arrive là, ce sera au prix d’une radicale mécanisation de la pensée et de la communication.
Zoltan Istvan annonce une population mondiale connectée grâce à des implants
En plus de cela, poursuit-il, tous les hommes auront dans la tête des implants : peu importe la crainte de la surveillance, « ce sera simplement trop utile pour ne pas en avoir » explique-t-il avant d’ajouter : « Tout le monde aura un implant, et ils surveilleront toutes les dimensions de notre vie : la santé, le bien-être mais également notre sécurité ».
La suite logique qu’expose Zoltan Istvan sera une globalisation : une monnaie mondiale, plus de frontière pour vivre, travailler, voyager.
Une bonne nouvelle pour lui puisque « les règles et les frontières n’aident pas la prospérité contrairement à la liberté et à la technologie ».
La réponse naturelle à une telle globalisation serait donc un gouvernement… mondial.
Un gouvernement mondial robotisé aux mains des intelligences artificielles ?
Istvan imagine une sorte d’agence centrale qui enverrait les informations à la population mondiale entièrement connectée. Et qui lui proposerait, pourquoi pas, de voter ses projets en temps réel.
La question se pose alors : laisserons-nous des humains gérer ce gouvernement mondial, ou le confierons-nous à des intelligences artificielles qui auront alors largement dépassé les capacités de l’intelligence humaine et pourraient, précise-t-il, devenir 10.000 fois plus intelligentes que l’Homme ? Ce serait l’assurance d’une paix et d’une prospérité durables pour le monde, assure Zoltan Istvan, puisqu’elles seraient impassibles devant les lobbies et dépourvues d’égoïsme…
Le scénario est toujours « une pilule difficile à avaler » pour ce candidat transhumaniste, mais l’avenir nous apprendra peut-être, pense-t-il, que « nous penserons différemment lorsque nous aurons expérimenté une santé presque parfaite, une sécurité sans précédent et une existence transhumaniste ».
Ou les hommes dirigés par les robots.