Le candidat républicain attaque bille en tête l’idole de l’établissement US, la banque centrale des Etats-Unis (Federal Reserve, en abrégé FED), dénonçant la manipulation artificielle des taux d’intérêt qui amène la ruine de l’économie et de la monnaie au seul profit de la haute finance.
Il fallait rien moins qu’un milliardaire pour oser prendre le veau d’or par les corne : l’attaque à laquelle se livre Donald Trump est pensée, réitérée, et décidée. Et elle touche. Hillary Clinton, que même son camp (en particulier les partisans de Bernie Sanders) considère comme la « candidates des banksters de Wall Street », réagit comme un serpent dont on écrase la queue. Elle accuse Trump de « calomnier » la FED et de risquer de déstabiliser la bourse de New York par des déclarations intempestives. Elle en a été remerciée immédiatement par ses amis : Goldman Sachs a interdit à ses cadres de faire le moindre don à la campagne présidentielle de Donald Trump. Et les grandes banques américaines donnent généreusement à la fondation Clinton. Voilà qui est clair.
Trump : les taux d’intérêt de la FED « hautement politiques »
C’est d’abord à la politique des taux d’intérêts fixés par la FED que s’en est pris Donald Trump : « Ils maintiennent des taux si bas que toute l’économie baisse avec eux. La seule chose qui soit haute, c’est la bourse, une hausse artificielle. Nous avons une économie complètement artificielle. Arrivés à ce point, il faut que ça change. » En effet, la politique des taux d’intérêts bas s’est accompagnée d’un soutien fédéral massif aux banques et à la bourse. La bulle boursière créée par la FED, avec pas moins de trente mille milliards de dollars insufflés en renflouements et consolidations divers depuis la crise de 2008, est monstrueusement artificielle, elle n’est que l’effet d’une volonté « hautement politique » (c’est ainsi que Trump définit la gestion de Janet Yellen, la patronne actuelle de la FED) et peut exploser à tout moment, avec les terribles conséquences financières, économiques et sociales que l’on sait.
Trump attaque le secret qui entoure l’économie artificielle
Le deuxième angle d’attaque choisi par Donald Trump est le secret qui entoure la FED et ses décisions. Jouant sur le caractère privé de son capital et de sa gestion, la FED, dont la politique s’impose aux Etats et à l’Etat fédéral, refuse toute procédure fédérale d’enquête et de contrôle. Un paradoxe qui agace tant à gauche qu’à droite, mais pas tout le monde. Pendant la primaire républicaine, Trump avait égratigné son rival Ted Cruz : « Il est très important d’auditer la FED, et cependant Ted Cruz a raté le jour du vote de la loi qui aurait rendu la chose possible ». Pour que le message passe bien, l’un des plus proches collaborateurs de Trump, Roger Stone, faisait cette confidence à un journaliste très populaire aux Etats-Unis, Alex Jones : « Trump n’est pas un grand fan de la FED. Il a un peu peur des banquiers centraux. Il a un peu peur du consortium Washington/Wall Street/D.C. consultant/lobbyist, de cette super caste. Il est profondément méfiant au sujet de la FED et je crois qu’il a l’esprit et les yeux ouverts à propos de la FED. » Une disposition d’esprit qui choque l’établissement financier mais rejoint le sentiment des citoyens américains : selon un sondage Rasmussen, les trois quarts d’entre eux sont favorables à un audit de la FED, y compris deux tiers des Démocrate, malgré l’inaction des parlementaires.
Trump contre la FED : un bijou dialectique ?
Comme si cela ne suffisait pas à aiguillonner la mauvaise humeur de la FED en particulier et de la haute finance en général à son égard, Donald Trump a lancé quelques appels du pied en direction de l’étalon or. Il a dénoncé le « système monétaire » corrompu des Etats-Unis, ajoutant : « Hélas nous savons tous ce qui est arrivé au dollar » depuis que la FED a été créée en 1913. Il a perdu 95 % de sa valeur « ce n’est pas joli-joli, et il n’est soutenu ni par une politique appropriée ni par une pensée juste ». Le vice-président potentiel de Trump, le gouverneur de l’Indiana Mike Pence ajoute : « Nous avons un étalon sur lequel fonder notre monnaie ». Et Trump, critiquant la façon dont la banque centrale crée de la monnaie avec du vent, en accroissant la dette, a eu cette déclaration pleine d’une nostalgie étudiée : « Revenir à l’étalon or serait très difficile, mais, mon Dieu, ce serait merveilleux ».
Hillary Clinton, de son côté, tempête. Elle récite la leçon de ses maîtres, « un président américain, où celui qui aspire à le devenir, ne doit pas faire de commentaire sur la FED. » Donald Trump s’en fiche, un parce qu’il a l’oreille du peuple américain, et deux parce qu’il estime à juste titre que la FED est une institution nocive. Une troisième raison pourrait peut-être lui donner la victoire : c’est que certaines forces politiques dont il est pourtant l’ennemi déclaré, et qui sont à l’œuvre dans le mondialisme, souhaitent mettre au pas la haute finance. La FED mise au pas par un antimondialiste au profit de la gouvernance globale : ce serait une petite gâterie dialectique.