Malgré l’enthousiasme où Donald Trump jette ses partisans et le sentiment de libération qu’il répand pour certains, malgré le désir de tordre le cou à la folie arc-en-ciel qu’il a montré à son investiture, le nouveau président n’est pas le maître de la contre-révolution dont il s’est fait le héraut. Pour au moins trois raisons. La première tient au poids des techniques, des groupes de pression, et des institutions qui influent sur la politique. La deuxième est spirituelle, plus exactement religieuse. La révolution arc-en-ciel est d’abord une révolte contre l’ordre de Dieu : il est possible que Trump, bien disposé par son histoire récente, veuille la combattre, mais les hommes providentiels sont rares, et le Ciel ne missionne pas une Jeanne d’Arc tous les jours. La troisième est opérationnelle ; sans doute Trump vise-t-il quelques-uns des réalités et des mythes dont se sert l’arc-en-ciel, invasion migratoire, réchauffement, pandémie, théorie du genre : mais ils ont déjà joué leur rôle subversif dans la révolution arc-en-ciel et celle-ci peut continuer si on les met en veilleuse ou si on les remplace par d’autres. Le véritable combat est spirituel, non politique, et son issue dépend du Ciel. Aussi, comme pour les trois mousquetaires, qui étaient quatre, il existe une quatrième raison qui peut entraver l’action bénéfique de Trump : lui-même. Sur plusieurs questions importantes, dont l’avortement, il n’a pas toujours été clair.
L’arc-en-ciel panique devant la contre-révolution qui monte
La contre-révolution n’est pas une fantaisie, une idée née du spectacle de l’investiture de Donald Trump. C’est une réalité que les tenants de l’arc-en-ciel ont exprimée en manifestant leur crainte ces dernières semaines à l’approche du changement que pourrait causer ou accentuer le nouveau président américain. En matière d’environnement, par exemple, notre confrère Le Monde s’inquiète de la « montée de l’indifférence climatique » en France. Selon une étude Obs’Cop pour EDF, les sondés qui se disent « très préoccupés » par le climat, qui étaient 35 % l’an dernier, ne sont plus que 29 %. Il y aurait une « accoutumance » au réchauffement, ou une « relativisation » de celui-ci, que la guerre et le pouvoir d’achat expliqueraient. Plus grave pour l’arc-en-ciel, le phénomène touche une partie de la finance internationale. Le géant de la gestion d’actifs BlackRock a quitté Net Zero Asset Managers Initiative, NZAM, l’Alliance mondiale des sociétés de gestion d’actifs pour le climat. Comme si Trump, avant même son investiture, avait libéré les entreprises de la pression de l’arc-en-ciel et en particulier de son dogme vert. D’autres banques ont quitté la NZAM : Citigroup, Bank of America, Goldman Sachs, Wells Fargo, Morgan Stanley. La même débandade touche l’Alliance mondiale des assureurs pour le climat, NZIA.
Depuis que Trump est élu, les vestes se retournent
Pour le toron le plus spectaculaire de l’arc-en-ciel, les mœurs et le genre, on relève que Marc Zuckerberg a cessé de faire la promotion des LGBTQ+ et qu’il a réprimandé ses fact-checkers coupables de censure au profit du politiquement correct. De même Harrison Ford a-t-il choqué certains de ses fans en devenant le nouveau visage du studio de cinéma « anti-woke » de Mel Gibson. Il semble bien qu’un fort mouvement de contre-révolution arc-en-ciel anime les Etats-Unis, et que Hollywood, toujours à l’affût des affaires qui marchent, s’y intéresse. Non seulement les tentatives répétées par Disney pour pervertir son jeune public avec sa propagande arc-en-ciel ont toutes été des échecs, mais encore un nouveau cinéma conservateur rassemble-t-il des millions de spectateurs sur des films chrétiens et familiaux. Produits naguère par de petites entreprises marginales chrétiennes, ils trouvent désormais dans les grands studios des oreilles intéressées, avides de trouver de nouveaux publics.
Les peuples demandent la contre-révolution, les élites tremblent
Inutile de multiplier les exemples : il existe de par le monde une immense demande de contre-révolution chez les peuples soumis au matraquage des pouvoirs arc-en-ciel. C’est elle qui explique la victoire de Trump et la montée des prétendues « extrêmes droites » en Europe. C’est elle que vient de satisfaire en partie le nouveau président des Etats-Unis par ses premiers executive orders, notamment celui qui met en congés payés tous les employés fédéraux impliqués dans les programmes DEI (diversité, équité, inclusion), supprime leurs postes et leurs actions en cours et organise la réduction de leurs effectifs. C’est la peur panique que ce type d’action se généralise qui a poussé, par exemple, Aurélie Didier, directrice éditoriale adjointe de l’information à la RTBF à demander que soit érigé un « cordon sanitaire » autour du discours de Donald Trump.
L’arc-en-ciel dispose de toutes les puissances
Mais la peur ainsi manifestée par l’arc-en-ciel, surjouée ou non, semble excessive. Car le système dispose, pour enrayer la contre révolution, d’une écrasante majorité des grands médias mondiaux, de la quasi-totalité des organisations internationales et supranationales, de la plupart des faiseurs d’opinion, sportifs ou du spectacle, de la plupart des juristes, et, en Europe, du gros des Educations dites nationales. En somme, l’idéologie dominante dans le monde est globalement arc-en-ciel, tout comme l’est la caste dirigeante. D’autre part, les conditions matérielles qui tendent vers le monde ouvert et sans frontières cher à George Soros pèsent de tout leur poids, moyens de transport et grand commerce international, internet, et bientôt l’Intelligence artificielle, la moins connue mais la plus dangereuse des menaces. Dans un monde qui serait exclusivement régi par la matière, donc pesable, les chances d’une contre-révolution contre l’arc-en-ciel seraient quasi nulles.
Révolution arc-en-ciel, révolte contre Dieu et l’ordre naturel
Il n’en est heureusement rien, mais son triomphe n’en est pas pour autant ipso facto assuré. En effet, la révolution arc-en-ciel n’est pas seulement un projet économique et politique mondialiste, c’est un projet spirituel, une révolution contre Dieu. Elle ne sera donc vaincue que si la société dans son ensemble, et d’abord l’Eglise catholique, revient à la foi, à la pratique, et à la reconnaissance de l’ordre chrétien. Or, sans être défaitiste, on doit bien admettre qu’il reste du boulot à faire en la matière. En particulier, les dernières déclarations du pape François sur Trump et l’immigration ne portent pas à l’optimisme. Et plus généralement les dérives du synode des synodalités, après les folies de la théologie amazonienne, de la Pachamama, et celles de Fiducia Supplicans incitent les chrétiens à ne pas voir d’autre salut que dans la prière. La barque de Pierre ressemble aujourd’hui à un bateau ivre, à une nef des fous arc-en-ciel.
L’arc-en-ciel a plusieurs cordes à son arc
Une troisième raison, liée aux deux autres, rend difficile la contre-révolution et ne désigne pas a priori Donald Trump comme son chef. Elle est opérationnelle : la révolution arc-en-ciel se sert de plusieurs mythes qu’elle répand (climat, pandémie, genre, etc) et d’une réalité qu’elle nie (l’invasion migratoire) pour subvertir l’ordre naturel, imposer son empire et créer son nouvel homme, régi par ses us et croyances. C’est leur usage par la révolution qui compte, non leur contenu. Cela signifie deux choses. D’abord, une fois utilisés, ils peuvent être oubliés et jetés comme des Kleenex. Ensuite, ils peuvent être remplacés par d’autres, qui attireront l’attention du bon peuple et par lesquels on pourra le manipuler aussi efficacement. Alors que jusqu’ici les gros machins internationaux se bouchaient les yeux sur la question démographique, et voilà que le forum économique mondial de Davos s’en empare, comme l’explique Jeanne Smits. Pour quoi faire, sinon préparer le prochain pas de la révolution ? Après la destruction des sociétés traditionnelles par la croissance démographique incontrôlée du sud et l’immigration, l’invasion des robots par la panne démographique mondiale. L’important, c’est la révolution arc-en-ciel, ce ne sont pas les mensonges (les « narratifs ») dont elle se nourrit, dont chacun se doute plus ou moins sur le moment qu’ils ne valent pas grand-chose, et dont ils gardent peu de souvenir après coup – l’exemple du covid est à ce sujet fort éclairant.
L’investiture de Trump ne supprime pas l’invasion acquise
D’autres exemples aideront à mieux faire sentir ce point central. Sur l’immigration, par exemple. Rêvons que, surmontant tous les obstacles juridiques, son opposition intérieure, les intérêts du Citrus californien, les associations, les églises, etc., Donald Trump parvienne à stopper complètement l’immigration illégale et même (le rêve est maximaliste) à obtenir une partie des rémigrations qu’il demande. Imaginons même que, sous son influence et malgré toute la caste dirigeante vent debout, les Européens l’imitent. Eh bien, même comme cela, avec les envahisseurs installés, la parole des églises, des loges, des écoles, les associations, il en résulterait une société, qui, sous le poids de la démographie, serait à dominante non européenne, pluriculturelle, plurireligieuse, d’une part. Et de l’autre, elle serait pourrie, chez les Européens, de mauvaise conscience : François a déjà dénoncé la « globalisation de l’indifférence ». Voilà qui ouvrirait la voie à une cohabitation de groupes humains antagonistes sous l’empire d’un arc-en-ciel inspiré de la maçonnerie.
La révolution survit à la mort des mythes
Ainsi l’arc-en-ciel a déjà acquis des positions que les politiques dites anti-woke de Trump ne semblent pas pouvoir emporter : bien qu’elles aillent dans le bon sens et fassent plaisir, elles ont un coup de retard. D’autres exemples le confirment. Ainsi le climat. Dans l’article où il déplore « l’indifférence climatique », notre confrère Le Monde note cependant que « les préoccupations environnementales ont franchi un palier ». Même si on parvient à se débarrasser de la grosse sottise d’un homme qui changerait le climat, l’anxiété climatique qui empêche les jeunes de procréer durera, la dictature du « ressenti » qui interdit toute mesure sérieuse est installée, tout comme l’obsession de sauver la planète en faisant pipi sous la douche ou de « limiter son empreinte carbone ». Le poison de la révolution survivra au mythe.
Trump fléau de Dieu a-t-il pris la mesure de l’arc-en-ciel ?
De même pour le genre. Personne n’a pu croire sérieusement aux inepties que Judith Butler a tirées de la French theory, mais cela a fait plaisir à trois douzaines de sophistes existentialistes et à ceux qui les manipulent, tout en jetant dans le malheur et le péché la malheureuse chair à canon arc-en-ciel des LGBTQ+. Si demain l’illusion se dissipe, cela ne mettra pas un terme à ces existences follement perturbées. Donald Trump a-t-il pris la mesure de la révolution arc-en-ciel et compris sa nature ? Rien ne le dit. Il n’est pas exclu toutefois qu’il aille dans le bon sens, et prédispose les hommes, en balayant les plus grosses folies que la révolution veut leur imposer, à revenir vers ce que la Loi naturelle leur propose. Mais il ne saurait se substituer à Dieu. Si déjà, il déblaie un peu la nef des fous, il pourra se retirer satisfait. Il aura vérifié la réputation d’Attila que lui font ses ennemis. Il aura été le fléau de Dieu.