Donald Trump vient de signer un décret visant à limiter, dans un premier temps, le ministère fédéral de l’Education américain. Installé à la Maison blanche devant un parterre d’élèves de toutes nuances à leur pupitre, il n’a pas caché sa volonté d’aller plus loin : « Nous allons l’éliminer et le fermer aussi rapidement que possible. » Mais pour une fermeture officielle, il faudrait recueillir 60 voix au Sénat où le parti républicain ne dispose que de 53 sièges. Le président Trump procède donc, en la matière, par « executive orders » comme la Constitution américaine le lui en donne le droit. Il a déjà licencié « la moitié » (soit 2.000) des « bureaucrates » qui le composaient (4.000 en tout) pour rétablir la souveraineté des « Etats » en la matière. Une goutte d’eau par rapport au mastodonte français (1.055.000 agents en 2022) où tout est centralisé, mais un acte symboliquement fort : c’est le premier coup de marteau dans la statue de l’Etat central (ici, fédéral) pédagogue, qui s’est autoproclamé maître de ce qu’il faut enseigner. Les Etats, en Amérique, les électeurs de Trump en particulier, se lassent de la tutelle de Washington, surtout en matière d’enseignement arc-en-ciel (LGBT, Black lives Matter, réchauffement).
Trump porte un premier coup au mammouth de l’éducation US
Donald Trump a donc promis de « prendre toutes les étapes légales pour dissoudre le ministère de l’Education aussi vite que possible ». Sa porte-parole, Caroline Leavitt, estime que ce faisant il « vole au secours des enfants américains ». Selon elle, ce ministère « a coûté plus de 3.000 milliards de dollars aux contribuables américains depuis sa création en 1979 (sans jamais avoir) éduqué un seul enfant. Tout ce qu’il a fait, c’est voler l’argent des contribuables ». Sans employer de mots aussi forts, Trump a rappelé les résultats très médiocres du collège américain, comparé à « la Norvège, le Danemark et la Suède ». Le décret mentionne l’évaluation NAEP de 2024, selon laquelle 70 % des élèves de quatrième se situent sous le niveau de lecture courante en anglais, et 72 % sous celui de compétences requises en mathématiques. Il constate un fait qui marque aussi l’Education nationale : on ne peut pas assurer l’enseignement des savoir et des compétences de bases, ni l’esprit critique nécessaire, si l’on s’occupe d’endoctriner les élèves avec la nouvelle morale présentée comme progressiste.
Derrière la statue de l’Etat pédagogue, le mur des juges
Naturellement, les progressistes américains sont vent debout contre ce décret. Le chef des Démocrates au Sénat américain, Chuck Schumer estime que c’est « l’une mesures les plus destructrices et dévastatrices » jamais prises par le président. « Cette décision horrible désolera les enseignants, les parents, les dirigeants d’école, et pèsera sur la qualité de l’éducation que nos enfants reçoivent. » Les radicaux se sentent attaqué, du point de vue symbolique, en plein cœur de leurs œuvres vives. C’est à la fois leur meilleur agent électoral et leur dogme idéologique qu’on touche quand on remet en question la fonction de l’Etat central pédagogue. C’est pourquoi d’ailleurs le syndicat des enseignants AFT annonce qu’il va, lui aussi, contester le décret en justice. Non sans rappeler que d’autres tentatives de suppression d’agences fédérales ont déjà été jugées inconstitutionnelles. Il met le doigt sur une question importante : quelle sera la portée et la durée de l’œuvre de Trump ? Le nouveau président s’est déjà heurté au mur d’argent, avec une Wall Street maussade. Va-t-il se heurter, avec les tout puissants juges américains, au mur de l’impuissance ?