Donald Trump crée un « Jardin national des héros » – des saints catholiques en feront partie

 

40 millions de dollars pour un projet au rebours du wokisme ambiant : c’est la somme attribuée dans le cadre du budget fédéral – récemment adopté à l’instigation de Donald Trump sous l’intitulé « Une grande belle loi » – à la création d’un Jardin national des héros américains. Conçu pour glorifier la mémoire nationale, le parc était déjà sur les tablettes lors du premier mandat présidentiel de Trump, et sa réalisation concrète semble désormais imminente – on parle de quelques années tout au plus – maintenant que des fonds fédéraux lui ont été alloué. Selon le décret présidentiel à l’origine du projet, il vise à honorer des individus qui ont incarné « l’esprit américain d’audace et de crânerie, d’excellence et d’aventure, de courage et de confiance, de loyauté et d’amour ». Des héros donc, mais aussi des saints, et même des saints catholiques, intégrés à part entière parmi ceux qui ont « fait » les Etats-Unis.

Le décret présidentiel a été révoqué par Biden et rétabli l’an dernier par Trump.

Sur les quelque 200 personnages mises à l’honneur dans le nouveau « Jardin national », cinq sont des Américains canonisés, portés sur les autels de l’Eglise universelle. Il s’agit notamment de saint Junipero Serra – bête noire des « woke » –, saint John Neumann, sainte Katherine Drexel, sainte Elizabeth Ann Seton, et sainte Kateri Tekakwitha.

A leurs côtés, le vénérable Mgr Fulton Sheen, le vénérable Augustus Tolton, et la servante de Dieu Dorothy Day.

 

Jardin national : pour faire un pays, il faut des saints

L’éventail est des plus variés. Junipero Serra, franciscain, fait partie des évangélisateurs venus d’Espagne au XVIIIe siècle pour convertir les autochtones du Nouveau monde : universitaire et érudit, il a renoncé à sa carrière de professeur pour parcourir à pied d’innombrables kilomètres pour fonder des églises tout au long de la côte ouest – les neuf premières missions de la Californie actuelle – et a fortement œuvré pour la reconnaissance des droits des Indiens.

Saint John Neumann, venu de Bavière, a évangélisé la région de Buffalo au nord des Etats-Unis au XIXe siècle, vivant dans un extrême dénuement… avant d’être élu évêque de Philadelphie en 1852, de construire cinquante églises et même le début d’une cathédrale. Il a également fondé près de 100 écoles. Il est mort subitement en 1860 après seulement huit ans d’épiscopat, mais son œuvre impressionnante.

Sainte Katherine Drexel, elle, est née dans une famille de riches banquiers en 1858. Lors d’un voyage vers l’Ouest avec sa famille, elle fut témoin des conditions de vie misérables des autochtones, et a dès lors consacré sa vie au développement social et spirituel des communautés noires et autochtones, embrassant la vie religieuse et renonçant à sa fortune. Elle a elle aussi fondé des dizaines d’écoles.

 

Donald Trump veut faire honorer des catholiques aux USA

Sainte Elizabeth Ann Seton, épiscopalienne de naissance – en 1774 – et membre de la haute société new-yorkaise, se maria mais devint veuve en 1803 lors d’un voyage en Europe. C’est à Livourne que, recueillie avec sa fille par de charitables amis catholiques, elle se convertit à la religion catholique deux ans plus tard, déclenchant l’hostilité de sa famille qui ne la soutint plus. Elle choisit la vie religieuse et devint la première supérieure des Sœurs de la Charité aux USA, et fonda des œuvres pour la formation des jeunes filles. Elle est la première sainte canonisée des Etats-Unis.

Sainte Kateri Tekakwitha, « Lys des Mohicans », est née en 1656 d’une femme catholique de la tribu des Algonquins, enlevée par les Mohicans, et d’un père païen. C’est au contact de missionnaires jésuites qu’elle commença à aimer le Christ et qu’elle décida de consacrer sa virginité à Dieu, mais demanda le baptême à l’âge de 18 ans seulement. Elle choisit de fuir son village, où violence et débauche régnaient en maîtres, et s’établit près de Montréal au Québec, entièrement vouée à la prière et à la pénitence, connue pour sa dévotion au Saint-Sacrement. Elle est morte à 24 ans. Première sainte autochtone du Nouveau Continent, elle a été canonisée en 2012.

 

Des catholiques au Jardin national des Etats-Unis aux côtés de célébrités de tous ordres

Le vénérable Fulton Sheen, né en 1895 dans l’Illinois, a été ordonné prêtre en 1919. Il est surtout connu pour sa forte présence médiatique et ses écrits religieusement traditionnels et très anticommunistes.

Augustus Tolton, né dans une famille d’esclaves noirs catholiques en 1854, a rejoint l’armée de l’Union lors de la guerre civile américaine avant d’être enrôlé dans une école paroissiale réservée aux Blancs grâce à l’aide d’un prêtre qui le baptisa et encouragea sa vocation au sacerdoce. En raison du refus des séminaires américains de recevoir un candidat noir, il fit ses études à Rome en fut ordonné à l’âge de 31 ans, et fut ainsi le premier Afro-Américain à devenir prêtre. Au cours des 12 ans qui lui restaient à vivre, il fonda une première paroisse pour catholiques noirs à Chicago.

Pour finir, Dorothy Day, née en 1897 à New York et baptisée épiscopalienne à 12 ans, devint journaliste pour le plus grand quotidien socialiste des Etats-Unis. Après une âpre lutte spirituelle, elle se convertit au catholicisme en 1927 et fonda le Mouvement des Travailleurs catholique voué à aider directement ces derniers et menant des actions non violentes de défense pour leurs droits, l’égalité raciale et la paix, ce qui lui valut de multiples arrestations à la suite d’actes de désobéissance civile. Elle mourut en 1980 au terme d’une vie de pauvreté volontaire.

Voilà bien des figures qui ne ressemblent pas à l’image publique que l’on donne de Donald Trump…

 

Jeanne Smits