Plusieurs colis suspects ont été déposés chez des personnalités démocrates notoirement opposées à Trump. On a parlé « d’explosifs potentiels » et de « poudre blanche ». Alors que les élections américaines de mi-mandat présidentiel vont avoir lieu, qui vise qui ?
C’est un ouragan médiatique tel que même le président Trump a parlé d’actes « odieux et ignobles » contre lesquels il a appelé ses compatriotes à s’unir parce que « la violence politique n’a pas sa place aux Etats-Unis ». Mais dans les faits, six colis suspects auraient été déposés par des gens dont on n’a pas la moindre idée chez quelques personnalités démocrates, sans le moindre effet : il n’y a pas eu d’explosion et la vie des cibles putatives « n’a pas été mise en danger ». Le bruit n’est dû qu’à la personnalité des « victimes » et à la crainte d’un complot contre la nation américaine qu’entretiennent conjointement, par tradition, les autorités et les médias.
Suspects ? Vous avez dit colis suspects ? Comme c’est suspect !
Voyons les choses de plus près. Un engin aurait été déposé chez George Soros « quand il n’était pas chez lui ». C’est fort intéressant, mais cela ne nous dit pas à quoi il ressemblait ni ce qu’il contenait. Est-ce le genre poudre noire ou mélange de désherbant que fabriquaient nos cousins ? Le reste des constatations n’est pas plus éclairant. On parle de colis « potentiellement explosifs ». Cela me laisse rêveuse. On précise tout de même que l’un serait « en état de marche ». Pour faire nombre, les « live » nous parle de la sénatrice Kamala Harris, dont un bureau à San Diego a été évacué à cause de colis suspects. Renseignement pris, les colis ne lui étaient pas destinés, et, tout suspects qu’ils étaient, ils ne contenaient, quand on les a ouverts, que des « objets anodins ». Sauf erreur d’appréciation de ma part, toujours possible, il paraît donc acquis que ces colis suspects, dont Hillary Clinton et Barack Obama ont bien sûr été destinataires parmi d’autres, sont une farce qui tombe à pic dans les élections de mi-mandat. Reste à savoir au profit de qui.
Démocrates et Républicains saisis par la même terreur
Nous avons un précédent aux Etats-Unis, auquel la « poudre blanche » relevée plus haut me fait penser, c’est l’anthrax. L’anthrax est le nom anglais de la maladie du charbon, grave, commune à l’homme et aux herbivores, dont l’agent d’infection, bacilius anthracius, extrêmement virulent, avait été choisi pour créer une psychose en Amérique après les attentats du 11 septembre 2001. 7 lettres anonymes contenant des spores de bacilius anthracius avaient été adressées à des politiciens américains. Pas un n’avait été touché mais six quidam, dont deux postiers et une retraitée de 94, en moururent, et des milliers d’enveloppes contenant de la « poudre blanche », ou noire, selon l’imagination des fêlés qui les envoyaient, circulèrent. Durant plusieurs semaines l’Amérique, à laquelle on parlait d’armes de destruction massive, vécut dans la peur de la guerre bactériologique.
Le précédent de l’anthrax éclaire les élections de mi-mandat
Des années passèrent. Une immense et interminable enquête fut lancée (plus de mille pistes), établissant d’abord que tous les spores de Bacilius Anthracius retrouvés venaient de la même souche, une vache nommée Ames morte en 1981. Elle conclut en août 2008 que le seul et unique responsable de toute cette folie, celui qui avait posté les sept enveloppes suspectes, se nommait Bruce Ivins. Il était chercheur dans un laboratoire militaire de Maryland. Comme il venait de se suicider le 29 juillet, l’affaire fut close. Beaucoup ne crurent pas à sa culpabilité. On ne lui connaissait pas de mobile. Il fut déclaré fou à titre posthume. Cela arrangeait tout le monde. Le bacille du charbon, comme d’autres qui avaient été cultivés longtemps par l’armée américaine et quelques autres dans l’idée d’une guerre bactériologique, n’était théoriquement plus l’objet d’aucune manipulation depuis 1972 et la signature d’un traité passé par Nixon avec l’URSS. De cette histoire nébuleuse et cafouilleuse n’émerge qu’une conclusion claire : le budget de la défense biologique des Etats-Unis a été multiplié par cinq entre 2001 et 2005.
Trump responsable, Trump coupable, Trump, Trump, Trump !
Dans l’affaire des colis-suspects-contenant-des-engins-potentiellement-explosifs, il est facile à mon sens de déterminer à qui le crime profite. Le chœur des pleureuses démocrates indique le but de la manœuvre. La ligne générale des éléments de langage démocrates est d’une clarté attique. Sans doute Donald Trump n’est-il pas coupable, mais il est responsable. Et l’on apprendra quelque jour qu’il a « libéré » l’action de quelque particulier ou groupe « d’ultra-droite ».
Pour la cheftaine démocrate Nancy Pelosi, « Trump divise l’Amérique avec ses mots et ses actes ». Il a traité Hillary Clinton « d’escroc » et laissé chanter ses fans « Jetez-la en prison ». C’est normal après cela qu’on dépose des colis suspects chez elle. Comme l’explique Steve Schmidt, l’un des proches de McCain, « Trump a attisé une guerre civile dans ce pays. Que quelqu’un tente de tuer ses ennemis politiques n’est pas une aberration mais la conséquence inévitable de ses incitations ». Ouais, bien sûr. Si je note que Macron est un crétin qui nuit à la France, j’incite tout le monde à lui tirer une balle dans la tempe.
Critiquer CNN, c’est nier la démocratie et encourager la mort !
La même rhétorique est reprise à propos de CNN. Cette grosse chaîne de télévision américaine a, elle aussi, reçu un colis suspect qui a provoqué une alerte à la bombe. Son patron, Jeff Zucker, a immédiatement déclaré : » Le président ne comprend absolument pas que ses attaques répétées contre les médias ont des conséquences. » Parbleu, oui, Trump a traité CNN, MSNBC et le New York Times de « Fake news media » et constaté qu’elles étaient des officines de propagande de certaines élites, donc des « ennemis du peuple ». C’est donc lui qu’il faut incriminer pour les colis suspects. Ça tombe sous le sens ! Reinformation TV, Christine Boutin et plusieurs journaux catholiques ont souvent noté l’ignominie de Charlie Hebdo. Et puis voilà, on a vu ce qui s’est passé, des journalistes ont été mitraillés : c’est notre faute !
Quand les objets suspects volent en escadrille
Le pire n’est pas le niveau intellectuel de ces gens-là, mais leur certitude d’y abaisser celui du public. On peut tirer de ces quelques remarques une conclusion probable : le Système, qui ne sait plus quoi faire contre Trump, ayant épuisé ses Scuds (ces missiles terribles sur le papier qui ne touchaient jamais rien d’important), dont les premiers furent lancés bien avant la campagne des primaires pour la présidentielle de 2016, jette ses fonds de tiroir dans la bataille, après la terrible défaite qu’il a essuyée avec le juge Kavanaugh. Trump les embête vraiment. Si j’étais le Secret Service, je ferais drôlement attention à la boîte aux lettres de la Maison blanche. Les colis suspects doivent voler en escadrille.