Trump au secours des chrétiens du Nigeria : le président du cœur

Trump secours chrétiens Nigeria
 

Les gens du Darfour ont de la chance. Bernard Henri Lévy a passé une semaine chez eux, et dans les camps de réfugiés au Tchad, en 2007, il en tiré un livre de souvenirs express, Choses vues au Darfour, ce qui fait qu’on a entendu parler du massacre des chrétiens du Soudan par le pouvoir musulman – avant qu’il ne soit procédé à la plus rapide des épurations ethniques (14 millions de déplacés en quelques mois). Mais les chrétiens du Nigeria subissent une guerre ethnique et religieuse qui a fait plus de morts qu’à Gaza ou dans les territoires russophones de l’Ukraine de 2015 à 2022, sans que la Communauté internationale ne réagisse autrement que par des communiqués diplomatiques polis. Ils crient au secours en vain. Le méchant n’est pas occidental, ses crimes ne touchent donc pas le cœur des pétitionnaires professionnels. Seul le président Trump a réagi. Il a prévenu son homologue du Nigeria : s’il ne fait rien pour protéger sérieusement les chrétiens, il enverra l’armée US là-bas, « l’arme à la main ». Les médias jugent Trump souvent « imprévisible », « fou », ou lui prêtent les plus noirs calculs de politique intérieure. Mais, au Nigeria, les chrétiens se prennent à espérer.

 

Le président du Nigeria débordé depuis le rapt de Chibok en 2014

Il y a un peu plus de dix ans, le monde apprit qu’il se passait quelque chose de fou et très violent au Nigeria lorsque tomba au printemps 2014 la nouvelle qu’un mouvement islamiste, Boko Haram, avait enlevé 276 lycéennes à Chibok dans l’Etat de Borno, dans le nord du pays. Ce fut l’acte le plus médiatisé d’une guerre commencée cinq ans auparavant. Les filles de Chibok furent réduites en esclavage de toutes les manières. Dix ans plus tard notre confrère Le Monde, en dépit des évasions et des libérations, constatait qu’une centaine manquait toujours à l’appel. Dans le même article, on pouvait lire qu’avec son concurrent l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, Boko Haram continuait ses exactions, multipliant les enlèvements et les massacres dans le dessein de faire fuir les populations : depuis 2009 le bilan était de 40.000 morts et deux millions de déportés. Plus 1.680 élèves kidnappés dans les écoles, mais les bandits de droit commun y contribuent aussi. Ni l’Etat de Borno, ni le gouvernement fédéral ne sont en mesure de rétablir l’ordre.

 

Le cœur des chrétiens touché par le secours de Trump

S’ajoute à cela depuis quelques années dans le centre du pays (notamment l’Etat de Plateau) une offensive musulmane que les médias mainstream présentent comme conflit sociologique entre éleveurs peuls et agriculteurs. Or il se trouve que les Peuls sont musulmans, nomades à l’origine, et les agriculteurs en grande majorité chrétiens (alors que l’équilibre global au Nigéria est d’environ 60 % de musulmans pour moins de 40 % de chrétiens). Avec la radicalisation des revendications musulmanes, les Peuls sont à l’offensive, sur le modèle Boko Haram, et le conflit s’est transformé en razzia ethnique et religieuse. Fillettes de douze ans vendues pour épouses, gamins endoctrinés contraints d’assassiner leurs voisins, etc. L’objectif est l’épuration : il faut chasser les chrétiens. De manière significative, seuls les civils sont attaqués. Pour la seule année 2023, plus de 5.000 chrétiens nigérians ont été assassinés lors d’attaques ciblées en raison de leur religion. Profitant du grand désordre qui règne au Nigeria, certains commentateurs continuent à ne pas vouloir voir l’éléphant dans le couloir : c’est bien l’appartenance ethnique ou religieuse qui détermine celui qu’on tue. Seul Trump aujourd’hui le dit nettement. Et seul il parle de porter secours aux chrétiens du Nigeria, de punir leurs assassins. Là-bas, on l’approuve et on l’attend, quand ici des observateurs blasés le moquent. Quels que soient ses mobiles et ses outrances, il est peut-être de rendre du cœur, à tous les sens du terme, à un Occident complètement déboussolé.

 

Pauline Mille