Liz Truss : « Les faits ont donné raison à Trump sur à peu près tout »

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Portrait officiel de Liz Truss en 2022 (© Number 10)

 

Avec l’âge vient la sagesse. Liz Truss, qui n’avait pas fait l’unanimité lors de son court passage à Downing Street en tant que Premier ministre du Royaume-Uni, a publié ce mardi une tribune dans le Telegraph de Londres sous le titre : « Les faits ont donné raison à Trump sur à peu près tout. » Alors que la grande presse s’emploie à le faire passer pour un imbécile tous azimuts, Mme Truss souligne que sa critique de l’environnementalisme, de la migration de masse et de toutes les autres politiques imposées par la « pensée de groupe » de l’establishment résumé en un mot – Davos – est justifiée par la réalité. Elle salue la « stratégie du choc » adoptée par le président américain et semble regretter de n’avoir pu la mettre en œuvre elle-même.

 

Liz Truss donne elle aussi raison à Trump

La politique de Trump va-t-elle réussir ? Toutes ses promesses seront-elles tenues ? Pauline Mille pose aujourd’hui à ce sujet des questions sérieuses. Ce qui est sûr, c’est que Trump prend les moyens de la politique qu’il veut mener, et que ces moyens sont massifs.

La dénonciation de la pensée mondialiste et écologiste – avec son « désarmement unilatéral » de l’Occident – est toujours intéressante et bienvenue, surtout de la part d’une personne qui peu ou prou, y a participé, telle Liz Truss. C’est pourquoi nous proposons ci-dessous notre traduction intégrale de sa tribune. – J.S.

 

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« Les faits ont donné raison à Trump sur à peu près tout »

 

L’économiste américain Thomas Sowell l’a écrit un jour : « Les gens vous pardonneront d’avoir tort, mais ils ne vous pardonneront jamais d’avoir raison, surtout si les événements vous donnent raison tout en leur donnant tort. »

On dirait que c’est ce qui se passe avec le président Trump. Les événements lui ont donné raison sur à peu près tout et maintenant qu’il essaie d’agir en conséquence, l’élite hurle sa colère aveugle.

Il s’avère que les accords de Paris sur le climat ont conduit à un désarmement économique unilatéral en Occident, en particulier au Royaume-Uni ; que la Chine s’est révélée être une force malveillante et nous avale désormais tout crus ; que les confinements draconiens liés au covid ont été une erreur ; que le « marais » ou « l’Etat profond » – appelez-le comme vous voulez – est une menace réelle qui sapait la démocratie ; et que les migrations massives ont provoqué un désastre économique et culturel.

Trump a raison de dire que les villes ont été vidées de leur substance, des deux côtés de l’Atlantique : des endroits comme l’Ohio et Scunthorpe ont souffert, la fermeture d’industries ayant laissé derrière elle des centres-villes délabrés et tout un cortège de problèmes sociaux et de toxicomanie.

Le défi n’est pas nouveau. J’ai fréquenté l’école primaire à Paisley dans les années 1980. Ses filatures de coton désaffectées témoignaient de la prospérité passée de la ville. Mais le déclin est désormais total. La situation est pire ici qu’en Amérique : les prix de l’énergie sont exorbitants et le refus d’autoriser la fracturation hydraulique rend la survie difficile pour les fabricants britanniques encore en activité.

La ruée des députés au Parlement samedi pour soutenir ce qui équivaut à une nationalisation de l’acier, provoquée par la Chine et par la politique du « zéro émission nette » adoptée avec enthousiasme par les députés, en est la preuve. Tout en se congratulant d’être venus travailler un week-end, rares sont ceux qui semblaient prêts à réfléchir sérieusement aux raisons de cette situation.

L’ensemble de l’establishment occidental supporte mal d’admettre à quel point il s’est trompé et que sa « pensée de groupe » intéressée issue de Davos a laissé nos pays dans un état désastreux.

Bill Clinton a laissé la Chine rejoindre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en tant que pays en développement. Tony Blair et Gordon Brown, soutenus par Ed Miliband, ont confié d’énormes pouvoirs à des fonctionnaires non élus tout en augmentant le rôle de l’Etat et en consolidant les lois sur les droits de l’homme, les objectifs en matière de changement climatique et l’idéologie du DEI (développement, équité, inclusion).

Le gouvernement conservateur de David Cameron et George Osborne a proclamé « l’âge d’or » des relations avec la Chine. Les responsables non élus de la Banque d’Angleterre ont imprimé de la monnaie, augmentant encore les dépenses de l’Etat. Michael Gove a fait ami-ami avec Greta Thunberg, assuré la promotion du « zéro émission nette » et fait pression pour que les mesures de confinement liées au covid soient encore plus strictes. Boris Johnson a présidé à une vague de migration massive. Ces tendances se sont reproduites dans l’ensemble de l’Occident, comme en témoigne l’ascension fulgurante de Mark Carney, créature de Davos par excellence, qui est passé de l’échec à la Banque d’Angleterre à la fonction de Premier ministre non élu du Canada.

Pourtant, à lire les commentaires de la plupart des médias et de l’establishment britanniques, on pourrait croire que ce sont des génies et que Trump est un idiot. Même Nigel Farage a déclaré que Trump essayait d’en faire « trop, trop vite » avec sa politique des barrières douanières.

Pourtant, il faut comprendre que Trump se bat contre une pensée de groupe très influente, portée par des personnes qui se battront jusqu’à la mort pour ne pas nuire à leurs propres intérêts acquis. Les acteurs puissants du marché ne sont pas toujours neutres. Ils savent fort bien tirer profit du statu quo.

Le directeur général de BlackRock, Larry Fink, qui parle aujourd’hui de récession alors qu’il semblait peu enclin à le faire lorsque les Démocrates étaient au pouvoir, en est un bon exemple.

Je ne sais que trop bien comment on peut dénigrer les responsables politiques et utiliser les marchés comme arme contre ceux qui tentent de changer les choses. Le mini-budget de 2022 était un ensemble judicieux de mesures de gel des impôts, de restriction des dépenses et de mesures axées sur l’offre, y compris la fracturation hydraulique : il aurait entraîné la croissance économique (tout en étant de moindre envergure que les annonces fiscales qui l’ont précédé ou suivi).

Une grande hystérie a été provoquée, rendant très difficile la transmission du message. En fin de compte, les députés conservateurs, qui ne l’étaient que de nom, l’establishment économique et leurs alliés dans les médias ont contribué à créer une telle turbulence que ces politiques n’ont pas pu être mises en œuvre. On m’a reproché des échecs qui étaient en réalité ceux de la Banque d’Angleterre : elle a depuis reconnu que les deux tiers des mouvements du marché étaient de sa responsabilité.

L’idée selon laquelle passer plus de temps à « préparer le terrain » pour « introduire les choses progressivement » aurait été utile est absurde. L’environnement auquel sont confrontés les perturbateurs n’est pas celui de l’ignorance ; c’est celui de l’hostilité de la part de ceux qui ont tout intérêt à ce que vous échouiez. Tout ralentissement du rythme donne simplement plus de temps aux opposants pour s’organiser ; vous voilà alors entravé, puis écrasé par l’opposition interne et externe.

La seule stratégie viable est celle adoptée par Trump, qui consiste à « submerger la zone », c’est-à-dire à utiliser la stratégie du choc et de l’intimidation pour mettre ses adversaires au défi et bouleverser le statu quo. Ceux qui aspirent à un changement profond doivent comprendre que nous sommes engagés dans un combat contre un establishment non élu qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher ce changement.

Trump a raison de dire que la Chine a triché en matière de commerce international et que l’UE et de nombreux autres pays ont agi de manière protectionniste tout en professant les valeurs du libre-échange. Ses tactiques de choc ont amené les pays à la table des négociations. La Chine est enfin confrontée à des mesures sérieuses après des années d’inaction totale d’une OMC dysfonctionnelle. D’autres acteurs sont désormais contraints de choisir entre la Chine et les Etats-Unis. S’il avait laissé l’Occident continuer sur sa trajectoire actuelle, nous aurions probablement assisté à une domination industrielle accrue de la Chine et à des menaces existentielles pour notre sécurité.

Les intérêts de la Grande-Bretagne ne sont pas automatiquement alignés sur ceux des Etats-Unis. Nous devons faire passer nos intérêts d’abord. Il est évident que nous ne pouvons pas affronter à nous seuls la Chine et perturber le système commercial mondial. Mais nous pouvons nous lancer dans la fracturation hydraulique, supprimer des réglementations, abolir la loi sur les droits de l’homme et procéder effectivement à l’expulsion des immigrants illégaux. Le président Trump défend le peuple américain ; nous devons commencer à défendre le peuple britannique.

L’establishment britannique et les dirigeants politiques actuels du pays s’y refusent. Beaucoup d’entre eux ne veulent même pas parler de ce qui se passe. Ainsi, plutôt que de reporter toute leur colère sur Donald Trump, ceux qui ont mené ce pays à la ruine au cours des 40 dernières années doivent commencer par balayer devant leur porte.

 

Liz Truss

 

Traduction par Jeanne Smits