« Notre projet, une France appaisée » lit-on en gros titres sur le site de l’UDMF – sans faute d’orthographe, ça serait déjà plus crédible. L’Union des démocrates musulmans de France a l’ambition, c’est officiel, de participer aux élections cantonales en mars et espère même avoir un jour les moyens de réunir les 500 signatures pour l’élection présidentielle. Elle a déposé huit candidatures à Bobigny (Seine-Saint-Denis), à Bagneux (Hauts-de-Seine), aux Mureaux (Yvelines), à Marseille (Bouches-du-Rhône), à Lyon (Rhône), Nice (Alpes-Maritimes), Avion (Pas-de-Calais) et peut-être Strasbourg (Alsace). C’est petit , mais il faut bien un début.
Huit candidats aux cantonales
L’UDMF ne date pas d’hier. Fondée en novembre 2012 par Najib Azergui, elle possède un seul élu, un conseiller municipal à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Et ne peut se vanter que de 900 adhérents sur toute la France. Mais enfin, une vague est née en ce début d’année 2015, générée a contrario par Charlie Hebdo, préparée par la parution des livres d’Eric Zemmour et Michel Houellebecq. Et elle compte bien la prendre.
On se défend bien sûr de toute initiative communautariste. « Il existe en France un parti des chrétiens-démocrates. L’UDMF tente de donner une voix à une partie de la population qui ne se retrouve pas dans les partis traditionnels et qui a envie d’agir » rétorque Najib Azergui. Mais le programme parle évidemment pour eux. Finance islamique, business hallal, éducation, port du voile à l’école, droit de vote pour les étrangers, entrée de la Turquie dans l’Union européenne… Les thèmes sont classiques et attendus – sauf, toujours, les fautes d’orthographe qui finissent par faire mal aux yeux.
L’UDMF, « une évidence aujourd’hui dans le paysage politique » ?
Et ça jase chez les politiques. Pour justifier la dimension religieuse de l’UDMF, son président, Emir Megharbi, n’a pas hésité à comparer son parti à ceux de la CDU (Union Démocratique Chrétienne) allemande d’Angela Merkel et du PCD français (Parti Chrétien Démocrate) de Christine Boutin. Répartie outrée de Jean-Frédéric Poisson ! « Nous ne sommes pas du tout dans le même état d’esprit, car l’inspiration de l’UDMF semble tout droit issue d’une application stricte d’un certain nombre de principes du Coran dans l’espace public » : les « racines de la culture occidentale » sont plus profondes et non contraires à la République.
Cette République et le fait religieux vont-ils s’opposer ?! Louis Aliot, au FN, y voit « la suite logique de tout ce que nous vivons », et une « base communautariste contraire, selon lui, à l’unité et l’indivisibilité de la république ». Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France (DLF) avise un risque de « libanisation » du pays.
Au PS, on s’emmêle davantage les pinceaux. Malek Boutih, député de l’Essonne, défend le fait que « tout le monde a le droit de prendre l’initiative qu’il souhaite sur le terrain politique et citoyen » et que cela est « toujours mieux que se replier dans la violence ». Facile quand on avoue en même temps ne pas y croire… Ils ne voudraient surtout pas voir s’enfuir une part non négligeable de leur électorat.