Ukraine : le cessez-le-feu entre craintes et satisfaction

Ukraine : le cessez-le-feu entre craintes et satisfaction
 
Le respect du cessez-le-feu entré en vigueur à minuit en Ukraine a été jugé « globalement satisfaisant », dimanche après-midi, par Angela Merkel, François Hollande, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, à l’occasion de l’entretien téléphonique à quatre prévu la veille, et qui a duré une heure et demie. Cette satisfaction n’empêche cependant pas les craintes, ici ou là, de s’exprimer, car les armes ne se sont pas totalement tues…
 
Dans un communiqué, l’Elysée, évoquant cette rencontre téléphonique entre les quatre dirigeants, a tenu à marquer sa satisfaction : « Ils ont marqué également leur accord pour avancer dans la mise en œuvre (…) du retrait des armes lourdes, le suivi et la vérification du cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes par l’OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe) ».
 

Ukraine : un cessez-le-feu en trompe-l’œil

 
Mais la réalité est loin d’être aussi satisfaisante que veut le croire et l’afficher François Hollande. La guerre est toujours là, et le cessez-le-feu ne paraît devoir être qu’un simulacre. Les séparatistes pro-russes ont en effet empêché les observateurs d’accéder à certaines parties du territoire qu’ils contrôlent, estimant que le cessez-le-feu ne s’applique pas à Debaltseve et à ses alentours, car cette ville fait partie intégrante de leur territoire.
 
« C’est un territoire intérieur : à nous, a commenté l’un de leurs responsables militaires. Et intérieur, c’est intérieur. Mais sur la ligne de front, il n’y a pas de tirs. »
Cette distinction n’est sans doute pas du goût de tout le monde. Et elle pourrait tout remettre en cause, puisque l’accord de Minsk II semble avoir été signé par des gens qui n’avaient pas la même compréhension des mots employés, ou qui faisaient preuve de restrictions mentales suffisamment importantes pour que chacun puisse considérer que la partie adverse viole l’accord tel qu’il le comprend…
 

Plus de craintes que de satisfaction

 
Autre exemple, peut-être plus significatif encore : ni le gouvernement ukrainien, ni les séparatistes pro-russes n’envisageaient finalement lundi le retrait des armes lourdes à minuit, comme convenu dans le nouvel accord. Chacun se retranchant derrière le viol du cessez-le-feu par l’autre pour ne pas appliquer cette partie de l’accord signé jeudi.
 
Une source militaire ukrainienne a d’ailleurs déclaré que quatre soldats de l’armée gouvernementale ont été tués, et vingt-et-un autres blessés, depuis l’entrée en vigueur de la trêve.
 
Sur le plan politique, l’Union européenne a renforcé lundi matin ses sanctions contre la Russie, mettant notamment en cause deux vice-ministres russes de la Défense, Arkady Bakhin et Anatoly Antonov. Bruxelles estime que « la politique du gouvernement russe menace l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine ».
 
Il va de soi que cette nouvelle démarche devrait amener Vladimir Poutine à reconsidérer sa vision de l’accord, et des échanges qu’il a eus avec Angela Merkel et François Hollande.
En Ukraine, la diplomatie ne fait toujours pas ses preuves…