Si les technocrates de l’Union européenne voulaient pousser le Royaume-Uni vers la sortie de l’UE, ils ne s’y prendraient pas autrement. Des fonctionnaires de Bruxelles ont signifié au gouvernement britannique que le système de taxation des producteurs de cidre en vigueur n’est pas conforme aux règlements européens, en le sommant de mettre fin sans tarder à l’exemption dont bénéficient ceux qui fabriquent moins de 7.000 litres par an. A ce niveau-là, on parle d’une production artisanale. Et lesdits producteurs sont menacés de devoir mettre la clef sous la porte – au profit des « gros ».
Ces producteurs de cidre artisanal peuvent espérer un revenu de quelque 13.700 euros annuels au maximum. Si les bureaucrates de l’UE obtiennent gain de cause, ils pourraient, en fonction de leurs revenus, être taxés à hauteur de plus de 3.600 euros.
L’UE dénonce les exemptions de taxes des producteurs de cidre artisanal britanniques
Plus de 26.000 Britanniques ont signé une pétition déposée mercredi au 10 Downing Street pour demander à David Cameron de résister à cette exigence européenne et de maintenir l’exemption fiscale décrétée en 1976 pour aider les producteurs artisanaux à faire face à une importante hausse des coûts. Aujourd’hui le Royaume-Uni compte quelque 500 producteurs de cidre, parmi lesquels 400 sont des producteurs indépendants.
C’est toute une petite industrie quasi millénaire qui est ainsi menacée par les réglementations européennes : celle née des invasions normandes qui ont amené la boisson fermentée en terre anglaise avec leurs armes et bagages en 1066.
Les menaces de l’Union européenne contre une industrie millénaire
Plutôt que d’asphyxier les petits producteurs, souligne Tom Bray, qui a commencé à produire du cidre dans une jolie ferme de Cornouailles il y a trois ans, le gouvernement ferait mieux de prévoir de nouvelles exemptions pour les producteurs moyens, de 7.000 à 100.000 litres par an, qui ont du mal à exister face aux gros.
Bien entendu, un responsable du Trésor britannique a annoncé que le gouvernement continuera de soutenir la petite industrie du cidre, aujourd’hui « diverse et dynamique », même si les demandes de Bruxelles seront « étudiées avec soin ». Comme si les nations pieds et poings liées par l’Europe – et encore le Royaume-Uni l’est-il un peu moins que les autres – avaient vraiment le choix.