Le Conseil consultatif des académies scientifiques européennes (EASAC), qui a pour objectif de peser sur la politique de l’Union européenne dans divers domaines, vient de demander que l’UE mette en place des règles plus strictes pour encadrer les médecines alternatives. L’homéopathie en particulier est dans son collimateur : selon l’organisme qui représente 29 académies nationales en Europe, cette médecine douce « ne rime à rien » et « la promotion et l’utilisation de produits homéopathiques fait courir des dangers significatifs ».
C’est une condamnation véhémente de l’homéopathie et de ses principes affirmant que l’on peut soigner le mal par le mal, et que l’eau possède une « mémoire » : le rapport de 12 pages de l’EASAC affirme que cette médecine est « scientifiquement invraisemblable » et qu’elle ne produit rien de plus qu’un effet placebo. Son danger résiderait dans le fait que les patients retarderaient le recours à des soins conventionnels en se fiant d’abord à l’homéopathie.
L’homéopathie serait « dangereuse » en détournant les patients des traitements conventionnels
Parmi les mesures proposées par le rapport, la plus drastique consiste à demander le déremboursement total des traitements homéopathiques dans l’ensemble de l’Union européenne, mais l’EASAC souhaite en tout cas que les médecins homéopathes soient interdits de publicité « trompeuse » et que des produits comportent une identification précise de leurs composants et des quantités présentes.
Si les savants des académies nationales sont persuadés de l’inefficacité de l’homéopathie, il n’en va pas de même pour les patients, puisque le recours à cette médecine alternative est en pleine croissance dans l’Union européenne, son chiffre d’affaires progressant de 6 % par an – l’industrie valait environ 1 milliard d’euros dans l’UE en 2015.
L’Union européenne doit arrêter de rembourser l’homéopathie, selon un organisme de conseil scientifique
Le système de santé publique britannique, la NHS, propose aujourd’hui des traitements homéopathiques dans deux de ses hôpitaux, tandis que de nombreux médecins généralistes britanniques prescrivent ce type de médicaments. Le directeur exécutif de la NHS a averti qu’il souhaitait la fin de tous les remboursements d’ici à juin 2018. Soit une économie de quelque 90.000 livres sur… 123 milliards de son budget total. Dans le même mouvement, l’aromathérapie (le recours aux huiles essentielles) serait elle aussi déremboursée.
Pour le plus grand plaisir des laboratoires pharmaceutiques…
Quoi que l’on en pense, il s’agit d’une nouvelle ingérence potentielle de l’UE dans les affaires des pays membres, mais aussi d’une nouvelle négation de la liberté des patients, souvent échaudés par les effets secondaires des médicaments allopathiques, et qui ont pu tester l’efficacité – par exemple – des huiles essentielles pour calmer une toux bronchique chronique là où le sirop pour la toux, de l’aveu même de certains praticiens, est purement décoratif.