La France ayant demandé, au lendemain des attentats de Paris, une réunion en urgence du conseil « Justice et Affaires intérieures » de l’Union européenne, les ministres européens de l’Intérieur, se sont réunis vendredi à Bruxelles pour une réunion de réflexion sur les mesures de sécurité à prendre dans la situation actuelle, réunion au terme de laquelle ils se sont mis d’accord pour partager les données sur les passagers aériens (par l’intermédiaire du fameux fichier PNR), juguler les trafics d’armes à feu, et renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’Europe.
Le ministre français Bernard Cazeneuve s’en est aussitôt félicité – dans un français approximatif. « Sur les trois points que la France a souhaité porter à l’ordre du jour de notre réunion, l’Europe s’est accordée, a-t-il déclaré. Et notre pays a donc été entendu. (…) Nous avons donc pris aujourd’hui des décisions fortes et opérationnelles avec des résultats qui doivent advenir avant la fin de l’année sur les trois principaux sujets. »
L’Union européenne manifeste tout à la fois son inquiétude et sa désunion
Pour autant, et malgré ce discours satisfait, la réalité de ces trois principaux sujets relève du vœu pieu – ou de la pétition de principe. En ce qui concerne notamment le PNR (Passenger Name Record), on voit bien, sur le plan de la détection des actes terroristes, tout l’intérêt qu’il y aurait à créer un fichier européen commun conservant la trace des déplacements en avion des voyageurs. Sur une période d’un an, a estimé Bernard Cazeneuve, qui estime que ce système permettra de « tracer les déplacements des personnes qui cherchent à nous attaquer ».
« Nous devons savoir qui vole vers l’Europe, qui revient en Europe », a renchéri son homologue allemand Thomas de Maizière, en évoquant la présence de milliers de djihadistes européens dans les territoires contrôlés par l’Etat islamique.
Recherche sécurité désespérément…
Le problème est que la décision de créer un tel fichier est pour le moment bloquée par le Parlement européen, qui s’inquiète des menaces que cela ferait peser sur les libertés publiques. On peut sans doute trouver cela mesquin au lendemain des attentats qui ont frappé la France. Mais, si l’on veut bien se rappeler que Jean-Marc Ayrault, au temps où il était député-maire de Nantes, avait été accusé de ficher ses opposants, et que ce procédé n’était surement pas unique en France, on comprend qu’on puisse s’interroger sur l’utilisation qui pourrait être faite d’un tel fichier, demain, lorsque la situation de violences actuelles se sera tassée, et que certains hommes politiques s’interrogeront sur leur avenir…
En ce qui concerne les deux autres points, il paraît assez extraordinaire que les ministres de l’Intérieur des vingt-huit aient besoin de se réunir pour décider de contrôler l’armement lourd dont disposent les terroristes. Il est vrai que, en la matière, leur action a, jusqu’ici, manqué d’efficacité.
Enfin, pour ce qui est du contrôle aux frontières extérieures de l’Union européenne, on a vraiment l’impression, alors qu’on assiste actuellement à un déferlement migratoire que non seulement Bruxelles ne semble pas vouloir juguler, mais qu’en outre elle favorise en critiquant ceux qui s’y opposent, que l’on se moque de nous.
En clair, le seul point qui soit à peu près sûr dans tout cela, c’est que Schengen n’y survivra pas. Mais que le Schengen 2 plus ou moins annoncé ne sera viable qu’à la condition de réduire l’inquiétude parlementaire quant au contrôle des libertés publiques…