Lundi, l’Union européenne a décidé de mettre sur pied une opération navale afin de « casser » l’activité des trafiquants qui exploitent la détresse des migrants prêts à tout pour traverser la Méditerranée à destination de l’Europe. Ceux-ci paient généralement leur passage au moyen d’argent collecté dans toute une famille, toute une tribu, qui espère que cet investissement sera payé de retour lorsque leur représentant atteindra l’Eldorado… Espoir fou, souvent déçu.
Quoi qu’il en soit, cette mission verra le déploiement de bâtiments de guerre et d’avions de surveillance des armées européennes au large de la Libye, devenue la principale plate-forme du trafic. Elle se fera, en outre, avec l’accord des Nations unies, et ne sera, de fait, véritablement lancée qu’en juin.
Est-il besoin de faire allégeance à l’ONU et à l’Union européenne pour démanteler un réseau de mauvaises barques ? Car, si elle doit servir à « démanteler les réseaux qui font du trafic d’êtres humains dans la Méditerranée », selon l’expression du chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, il n’en reste pas moins que ces trafiquants ne constituent pas une organisation internationale bien constituée, mais des petits groupes abusant, ici ou là, de la crédulité et de la faiblesse de pauvres hères.
Les difficultés de l’Union européenne
Mais là n’est pas le réel problème de Bruxelles. Accusée de passivité, l’Union européenne doit agir contre les drames qui se succèdent en Méditerranée ; tout en déjouant, peut-être selon le système des quotas prévus par la Commission européenne mais qui rebute bien des Etats-membres, ces flux de migrants qui se déversent sur nos côtes et dans nos pays sans que ceux-ci soient aujourd’hui en mesure de prendre les décisions qu’impose cet état de fait.
Les trafiquants de migrants trouveront d’autres voies
Il n’empêche que cette mission militaire, nommée EU Navfor Med, qui doit donc détruire les embarcations des trafiquants avant qu’ils ne s’en servent, est unanimement critiquée par les ONG, qui estiment qu’elle ne fera que déplacer les routes empruntées par les passeurs et augmentera ainsi les risques des migrants.
Pour l’heure, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont promis de fournir des navires. D’autres pays ont également promis de s’y joindre.
En attendant, les migrants continuent, parfois au péril de leur vie, d’affluer…