Valls : l’Assemblée nationale vote une confiance très limitée

Valls l Assemblee nationale vote une confiance tres limitee

 
C’est fait ! et qui s’en étonnerait : Manuel Valls a obtenu la confiance de la représentation nationale. Mais une confiance très limitée, qui ne lui laisse plus la majorité absolue à l’Assemblée nationale, 32 « frondeurs » (ou supposés tels) s’étant abstenus. En clair, la situation s’est encore dégradée pour le Premier ministre, malgré la relative discrétion, ces derniers jours, de François Hollande.
 

Des députés tenus, une confiance très limitée

 
D’autant que le risque était très mince de voir le Premier ministre renvoyé à ses chères études. D’une part, parce que le système institutionnel jouait en sa faveur, puisque seuls les votes exprimés sont comptabilisés pour une déclaration de politique générale – ce qui relativise totalement l’abstention des frondeurs socialistes. D’autre part, et logiquement de ce fait, parce que, s’ils avaient fait chuter le gouvernement, les députés prenaient le risque de provoquer une dissolution de l’Assemblée. Dans la situation actuelle, même en ce qui concerne les fameux frondeurs (en peau de lapin donc), les députés socialistes pouvaient sérieusement s’interroger sur la possibilité de leur réélection…
 

Confiance en berne

 
Si l’on en croit les petites phrases lues ou entendues ici ou là, Manuel Valls a parfaitement joué ce jeu de dissuasion dans les jours qui ont précédé ce vote, crucial pour lui. La confiance qui lui a été donnée hier par l’Assemblée s’en trouve plus limitée encore !
 
En réalité, Manuel Valls n’avait guère d’autre solution. Son discours de politique générale a paru si peu engageant, ne répondant pas à la plus simple des critiques émises ces derniers jours de l’intérieur même de son camp, qu’il ne pouvait assurément emporter l’adhésion d’une majorité de députés à l’Assemblée nationale.
Fidèle à une technique éprouvée, et largement employée par ses prédécesseurs, le Premier ministre a donc développé sa version de la méthode Coué : « Gouverner, c’est résister. Gouverner, c’est tenir. »
 

Promesses et aides limitées

 
C’est faible, mais la suite l’est bien plus encore. Car « les valeurs de la République » « chères à la gauche » sont manifestement démonétisées. Manuel Valls annonce de nouvelles baisses d’impôts – non chiffrées, semble-t-il –, des aides pour les retraités les moins aisés, à savoir une augmentation de huit euros du minimum vieillesse et une prime exceptionnelle – dans le sens, bien sûr, de non renouvelable – de quarante euros pour ceux percevant moins de 1.200 euros par mois. C’est loin d’être le Pérou ! Et peu pour construire la confiance… des électeurs, celle que les socialistes cherchent vainement à reconquérir.
 
Faut-il défendre les valeurs de gauche ? On en remet une couche contre le patronat – qu’on flattait il n’y a pas quinze jours. « Personne – et je le dis clairement au patronat – ne doit prendre le risque d’affaiblir, par je ne sais quelle provocation, par je ne sais quelle surenchère, l’indispensable dialogue social qui est la marque de ce quinquennat », lance, avec détermination, Manuel Valls. En l’occurrence, la valeur de gauche développée ici, ce doit être plutôt l’aveuglement. Si l’on entend bien les partenaires sociaux, il s’agirait plutôt, jusqu’ici, d’un monologue social…
 
Le Premier ministre use des mêmes œillères lors qu’il parle de la France qui, assure-t-il, « décide elle seule de ce qu’elle doit faire ». A la Commission européenne, on en rigole encore… Quant à accuser l’opposition de « vouloir affaiblir la France » parce qu’elle réclame la démission du chef de l’Etat, c’est refuser de voir qu’elle est exsangue. Manuel Valls attend-il donc que les Français le réclament dans la rue ?
 

Seul, tout seul

 
On ne s’étonnera donc guère de voir l’ensemble de la classe politique critiquer, d’un bord de l’échiquier à l’autre, le discours de Manuel Valls. « Echec », pour les écologistes, « faillite morale » pour Jean-Luc Mélenchon, « vacuité » pour Marine Le Pen, etc., on peut au moins lui reconnaître le mérite de mettre tout le monde d’accord… sur son dos. Au point qu’on n’a guère entendu de socialistes se risquer à prendre, ces dernières heures, la défense du chef du gouvernement.
 
Si l’on en croit certaines indiscrétions, qu’il nie d’ailleurs mal, Manuel Valls, la veille de son discours aurait déclaré à quelques proches : « Si d’ici trois à six mois la situation ne s’est pas inversée, ce sera foutu ! »
 
On peut dès lors résumer sa déclaration de politique générale à l’Assemblée d’un lapidaire « Après moi, le déluge ! ».