D’importants éléments des effectifs de trois compagnies de CRS se sont mis en arrêt maladie afin de manifester leur grogne contre les effets du plan Vigipirate qui les « épuise ».
Le mouvement a commencé la semaine dernière et s’est intensifié depuis pour toucher aujourd’hui trois compagnies. C’est la CRS de Toulouse qui, vendredi, a ouvert le bal avec 25 hommes arrêtés sur 65. Et, mardi, celles de Lyon et Nancy lui ont emboîté le pas, alors qu’elles devaient venir en renfort en région parisienne dans le cadre de Vigipirate. Un déplacement qui, compte tenu de la situation, a été annulé…
Responsable d’Unité police SGP-FO (second syndicat de gardiens de la paix et de CRS), Nicolas Comte fait état d’un « ras-le-bol » chez les CRS, notamment en raison de « l’emploi très tendu des effectifs » du fait de Vigipirate, qui les trouve « épuisés » et « inquiets sur les possibilités de tenir à long et moyen terme à ce rythme ». « On a tapé sur les repos et la formation, les CRS n’en peuvent plus, explique-t-il. (…) Ce sont des missions difficiles. C’est un minimum de six heures de garde statique avec un gilet pare-balles qui pèse dix kilos, et ce sont des missions de plus en plus longues. » Sans oublier une arme de plus de cinq kilos. Tout ça pour une indemnité journalière de déplacement de trente euros.
Des CRS épuisés
Bref ! « Il faut donner des signaux, ouvrir des négociations », assure-t-il.
Or, début mars, le gouvernement affirmait que les niveaux actuels du plan Vigipirate, « alerte attentats » en Ile-de-France et dans les Alpes-Maritimes, et « vigilance renforcée » dans le reste de la France, qui avaient déjà été prolongés jusqu’au 10 avril, le seront encore pour « plusieurs mois ».
Depuis les attentats parisiens du début de l’année, 10.500 militaires protègent 830 « sites sensibles » en France – dont 310, principalement juifs précise-t-on, en Ile-de-France. Au total, un millier de CRS en moyenne sont mobilisés chaque jour. Une mobilisation importante qui entraine également, logiquement, d’importants surcoûts budgétaires.
De toute façon, les effectifs ne sauraient suffire. Ainsi la CRS 46 de Sainte-Foy-lès-Lyon actuellement en patrouille dans la capitale doit surveiller les locaux de presse. Mais, n’ayant pas mes moyens humains de les couvrir tous, ils patrouillent d’une rédaction à l’autre.
Vigipirate jusqu’à quand ?
« Le premier ministre a rappelé que les Français doivent apprendre à vivre dans ce contexte de menaces et de sécurisation constante. Il faut réfléchir à la façon dont les CRS peuvent vivre avec ça sur le long terme, d’autant que ce sont eux qui ont été les plus touchés par la baisse des effectifs au sein de la police entre 2008 et 2012 », affirme encore Nicolas Comte.
Si Manuel Valls donc semble s’en laver les mains, le syndicat propose, pour calmer la situation, d’abandonner la surveillance des sites à risque la nuit ; et de demander aux groupes de presse de se sécuriser eux-mêmes en ayant recours à des vigiles.
François le Luc