G20 : Vladimir Poutine agacé mais pas affaibli

Vladimir Poutine G20
 
Par delà un accord – qui se paye surtout de mots en attendant des actes – sur les grandes lignes d’une politique économique commune, la plupart des analystes, commentateurs ou simples citoyens auront surtout retenu du G20 qui vient de se dérouler à Brisbane, en Australie, la façon de Vladimir Poutine de claquer la porte, avant les petits fours. Maladresse, comme tendent à le penser les journalistes de divers pays – y compris en Russie ? Peut-être. Mais il n’est pas sûr que les critiques, pour le moins exemptes de politesse, qui lui ont été adressées par certains de ses pairs, de quelque partie du monde qu’en arrivent leurs auteurs, à commencer par les Premiers ministres britannique et australien, lui aient laissé beaucoup de marge de manœuvre, s’il ne voulait pas perdre la face vis-à-vis de l’opinion russe.
 
On a même vu les Australiens réclamer à nouveau des comptes à la Russie pour le crash de l’avion malais MH17 qui, il y a quelque quatre mois, avait fait 298 victimes, remettant ainsi en cause un accord plus ou moins tacite sur la non-responsabilité de Moscou. Sur quelles bases et à quelles fins avouables ?
 

Vladimir Poutine face au G20

 
Cela dit, le départ précipité du président Russe de la réunion de Brisbane n’est en rien l’aveu d’une défaite. Face à la menace de nouvelles sanctions occidentales à l’encontre de son pays, Vladimir Poutine avait d’ores et déjà averti que celles-ci auraient « de graves conséquences pour l’économie ukrainienne ». On n’ignore pas, en effet, que celle-ci est encore fortement dépendante de Moscou. Répondant aux questions des journalistes avant d’arriver en Australie, le président russe évoquait le chiffre de 25 milliards de dollars avancés par les banques russes à Kiev…
 
L’agacement du président russe ne saurait changer en quoi que ce soit sa détermination. D’autant que celle-ci a été renforcée, quelques jours plus tôt, lors du sommet de la Coordination pour l’Asie-Pacifique, qui s’est tenu en Chine, par le renforcement des liens entre Pékin et Moscou. Le dirigeant chinois Xi Jinping s’est montré solidaire en déclarant à Vladimir Poutine : « La Russie et la Chine doivent résister aux pressions de Washington et rester unies dans l’intérêt du monde entier. » Comment mieux manifester la certitude d’être dans son bon droit ?
 

Hollande, Sarkozy et Moscou

 
Et, si l’on veut bien observer la situation d’un peu plus près, la contrariété passagère du président russe est sans doute moins grave que celle de son homologue français. Non seulement Moscou lui a adressé un ultimatum – quinze jours – pour livrer le premier navire militaire Mistral commandé (et payé) par la Russie à la France. Mais en outre, et dans le même temps, Nicolas Sarkozy, sous la présidence duquel le contrat avait été signé, a pris un malin plaisir à dénoncer la gestion socialiste du dossier, martelant que la France devait « honorer sa parole », et que « la Russie est un partenaire naturel de la France ».
La réponse de François Hollande à Brisbane ? Un éloquent silence…