L’Etat de Washington, sur la côte nord du Pacifique des Etats-Unis, entre la Colombie britannique, l’Idaho et l’Oregon, vient de prendre une loi scélérate obligeant les prêtres à dénoncer tout criminel coupable d’abus sexuels venu leur révéler son crime et son péché en confession. Deux évêques locaux ont déjà vivement critiqué cet abus de droit qui prétend soumettre l’Eglise aux intérêts du monde et l’obligerait à piétiner le devoir de maintenir le secret de la confession. Ce type d’empiètements du temporel sur le spirituel est une menace croissante, aussi bien dans les « démocraties libérales » que dans le monde « illibéral », de la Chine au Tiers-Monde. C’est un défi important que devra relever le nouveau pape, et peut-être une circonstance atténuante quand il s’agira d’apprécier l’action et la diplomatie du pape disparu : le monde fait subir une pression toujours plus lourde sur les fidèles catholiques, l’inscription de l’IVG dans notre Constitution et la visite d’Emmanuel Macron aux maçons le rappellent.
L’Eglise de l’Etat de Washington prête à aller en prison pour remplir son devoir
Le Sénat de l’Etat de Washington a donc supprimé le secret de la confession, sous peine de prison, dans une loi votée par 28 voix contre 20, la chambre des représentants ayant voté pour par 64 voix contre 31. Le clergé est désormais tenu de dénoncer tout abus sur mineur venu à sa connaissance, y compris par la confession, sans exception. Le sénateur démocrate Bob Ferguson a signé la loi le 2 mai. L’archevêque de Seattle, Mgr Etienne, a réagi en citant saint Pierre devant le Sanhédrin : « Nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (Actes 5, 29). Telle est notre position face à cette nouvelle loi. Le clergé catholique ne peut violer le sceau de la confession sous peine d’être excommunié. Tous les catholiques doivent être assurés que leurs confessions restent sacrées, sûres, confidentielles et protégées par la loi de l’Eglise. » Il ne pouvait bien évidemment pas faire autrement, et il n’y aurait plus de confession ni de confiance possible si le prêtre obéissant au nouveau droit se faisait dénonciateur : il n’est qu’un canal, et ne doit se souvenir de rien. Mgr Thomas Daly, évêque de Spokane, dans l’est de l’Etat de Washington, a ajouté : « Les évêques et les prêtres se sont engagés à respecter le secret de la confession, même si cela signifie d’aller en prison. »
Partout le monde impose son droit face au devoir de l’Eglise
Il a parfaitement perçu le problème. Partout, l’Etat de droit, la loi « laïque », s’oppose à la liberté et au devoir de l’Eglise, et ce phénomène s’accélère. Les conséquences judiciaires vont s’amplifier. Et cela dans le monde entier. En Australie, dans le Queensland notamment, les prêtres ont légalement tenus de signaler les abus sexuels sur enfants, même si ces informations sont reçues en confession. Et aux Etats-Unis, des tentatives d’une telle extension de la justice du monde sont en cours dans le Montana, le Delaware et le Vermont. Quant à l’Etat de Washington, les Démocrates avaient fait miroiter ces trois dernières années aux autorités catholiques des accommodements, des versions plus « modérées » de la loi, au cours d’une longue négociation qui a capoté faute de la possibilité d’un accord sur le fond. Le gouverneur est finalement passé en force, bien que sa loi s’oppose à l’amendement N°1 de la Constitution américaine qui dispose : « Le Congrès ne fera aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice. » Or le nouveau droit de l’Etat s’oppose au libre exercice du sacrement de pénitence dans l’Eglise catholique.
L’Eglise catholique choisie comme cible par le monde
En dehors de cet aspect proprement juridique, l’attaque de l’Etat de Washington contre l’Eglise est un projet idéologique et politique qui adapte avec beaucoup d’intelligence sa tactique aux circonstances médiatiques et aux habitudes mentales du monde post-moderne. D’abord, il profite de l’émotion mondiale que suscite un mal bien réel, les désordres, délits et crimes commis à propos de sexualité, en particulier sur les plus faibles, les enfants. De ce fléau, qui est général et touche toutes les religions (bouddhisme, islam, judaïsme, animisme, etc.), toutes les confessions (orthodoxes, protestants), tous les milieux en contact des enfants (éducateurs sportifs, instituteurs et professeurs), les médias, à travers quelques campagnes ciblées (rapport Sauvé, Irlande, Betharram, abbé Pierre), ont focalisé l’attention et l’indignation sur l’Eglise catholique. Or, si un catholique doit se réjouir de voir celle-ci s’en prendre à ses propres abus, il ne doit pas être dupe de la manœuvre politique en cours, et, sous prétexte que les maux de l’Eglise lui pèsent particulièrement, oublier que le mal frappe partout.
Malgré ses pécheurs, l’Eglise a le devoir de maintenir la foi face à l’Etat
Mais dans l’esprit du monde, médias, politiques, grand public, il est si bien établi que l’Eglise est particulièrement pécheresse, qu’il devient naturel qu’elle doive « payer », rentrer dans le rang et ne plus exercer son ministère. Aussi l’émotion s’ajoute-t-elle à la morale pour juger normal que l’Eglise abandonne sa doctrine et sa pratique afin de mieux prêter son concours à l’Etat laïque dans sa traque des « abuseurs ». La confusion est ici manifeste et grossière : oui, l’Eglise, et tout humain d’ailleurs, doit se réjouir des enquêtes qui mènent à la connaissance de faits criminels, et des peines qui sanctionnent ceux qui les ont commis, mais non, cela ne signifie pas qu’elle doive abandonner le service de Dieu et des âmes, en un mot qu’elle doive trahir son devoir en se soumettant aux injonctions du monde.