Le secrétaire général du parti communiste chinois, Xi Jinping, maître incontesté de la Chine, a prononcé un long et vibrant hommage à la civilisation chinoise, « la seule sans interruption dans le monde », lors du symposium sur l’héritage culturel et le développement de Pékin. Avant d’exhorter les assistants à « renforcer (leur) confiance en soi culturelle » pour « construire la civilisation moderne de la nation chinoise ». Il a été vivement applaudi et soutenu par les intellectuels présents qui voient dans cette stratégie une façon efficace de défendre le marxisme en l’associant à la traduction chinoise au profit du PCC, dans un mouvement qui est une anti révolution culturelle.
La révolution culturelle a fait table rase du passé de la Chine
En 1966, le chef de la révolution chinoise, Mao Tse Toung, lançait sa révolution culturelle qui ne devait finir qu’à sa mort. Il s’agissait pour lui d’éliminer ses rivaux, et la chose se traduisit par des persécutions sans nombre, des millions de morts et la lutte entre les gardes rouges et l’armée populaire, mais l’idée de base était de se débarrasser du passé et des hiérarchies qu’il portait pour reprendre le pouvoir au nom du peuple : Xi Jinping à l’inverse, pour maintenir le pouvoir du parti communiste procède à l’inverse, il prétend couler le marxisme dans la continuité de la civilisation chinoise « ininterrompue » depuis cinq mille ans afin de « créer une nouvelle culture qui appartient à notre ère et construire la civilisation moderne de la nation chinoise ». Il ne s’agit là rien moins que d’un « nouveau départ ».
En admiration devant la pensée de Xi Jinping
Xi Jinping entend « ouvrir et développer un socialisme à caractéristiques chinoises reposant sur les fondations solides d’une civilisation chinoise remontant à plus de cinq mille ans ». Le message a été répété et amplifié par tous les universitaires et politiques présents, en tant que nouvelle ligne du parti. Wang Bo, vice-président de l’Université de Pékin, Xing Guangcheng, ponte de l’académie chinoise des sciences sociales, Xu Qinhua, professeur à l’école de relations internationales de l’Université de Renmin et quelques autres ont paraphrasé avec enthousiasme et sérieux la pensée du chef, insistant sur la « combinaison » nécessaire entre « l’innovation » et la « compréhension complète de l’histoire de la civilisation chinoise ».
Sauver la révolution marxiste grâce à la tradition chinoise
Dai Yuqi, professeur de marxisme, estime que « dans notre future recherche scientifique et dans notre enseignement, nous devons intégrer les dernières conclusions du Secrétaire Général, de sorte que les étudiants puissent mieux comprendre l’essence spirituelle de la combinaison des deux et devenir les armes magiques qui produisent le succès, des constructeurs de théories scientifiques et les successeurs du socialisme ». Cette phraséologie habille une stratégie que le symposium mettra en œuvre : se servir du chauvinisme lié à la civilisation chinoise pour sauver le marxisme et maintenir le Parti Communiste au pouvoir. Une anti-révolution culturelle.