4.000 % d’inflation l’an, retour au troc : le Venezuela de Maduro, illustration tragique de la régression socialiste

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Plus de 100 % en trois semaines et 4.000 % d’inflation par an : à ce rythme-là, le Venezuela chaviste de Nicolas Maduro n’a potentiellement plus de monnaie et le troc y est devenu l’ultime système d’échange. Cette situation illustre la faillite, classique en histoire économique, des systèmes socialistes totalitaires qui prétendent contrôler tous les aspects de la vie sous prétexte de rationalisme, d’égalitarisme et de matérialisme. Au 1er janvier dernier on pouvait acheter à Caracas un dollar des Etats-Unis moyennant 3.100 bolivars. Au 1er novembre, il en fallait déjà 41.000. Au 20 novembre, il en fallait 84.000. Pour acheter une miche de pain on offre une poignée de haricots, valeurs intrinsèques qui ne peuvent pas être détruites par une imprimerie de billets de banque. Cest le grand retour du troc consécutif à la régression socialiste…
 

Le Venezuela de Maduro en pleine régression économique à cause d’une inflation à 4.000 %

 
Le Venezuela socialiste tire 96 % de ses devises du pétrole, dont il détient probablement les premières réserves mondiales. Pourtant, déclaré en défaut de paiement partiel par les agences de notation Standard & Poor’s et Fitch les 14 et 15 novembre, le pays dirigé par Maduro a été visé une troisième fois ce 22 novembre par Standard & Poor’s pour avoir manqué deux échéances, de 237 millions de dollars. Selon l’agence, « Il y a une chance sur deux que le Venezuela fasse à nouveau défaut dans les trois prochains mois ».
 
Tout événement économique ressort d’un contexte politique et culturel. La faillite de cet Etat béni des dieux pétroliers s’explique d’abord par la volonté des dirigeants politiques de s’attirer le soutien de la population en lui promettant des biens et des services sans contrepartie de travail.
 

PdVSA nationalisée en 1976, épurée, a financé l’Etat providence d’Hugo Chavez

 
Pour Hugo Chavez, c’était facile : les colossales réserves de pétrole étaient vendues pour le plus grand profit de PdVSA, nationalisée en 1976. En 2006, le ministre de l’Energie de Chavez lançait à ses employés : « Les travailleurs de PdVSA sont avec cette révolution, et ceux qui ne la soutiennent pas n’ont qu’à aller ailleurs. A Miami ! » PdVSA devint la première ressource de la révolution de Chavez qui a développé à l’extrême un Etat providence sans exiger aucune contrepartie de la population. Mais quand les prix du pétrole ont décroché, les revenus de PdVSA ont plongé. Privé de 40 % de ses financements, Chavez préféra créer de la monnaie plutôt que de réduire l’Etat providence. Quand Chavez mourut d’un cancer du côlon en 2013 à 59 ans, son dauphin Nicolas Maduro poursuivit sur la même voie socialiste. Il emprunta à tours de bras en gageant ses réserves pétrolières – 150 milliards de dollars pour une économie en générant à peine 250 milliards par an – et augmenta la masse monétaire.
 

L’inflation entraîne le contrôle des prix, puis le rationnement et la pénurie (socialiste)

 
L’analyste Bob Adelmann, de The new american commente alors : « A partir de là, ce fut la dégringolade : alors que l’économie ralentissait (à cause de la baisse du prix du baril), la descente s’accélérait, débouchant sur la catastrophe actuelle. L’inflation a fait monter les prix, entraînant leur mise sous contrôle puis le rationnement. Le rationnement a entraîné la pénurie, qui a touché les plus vulnérables : les très jeunes et les malades. Quand les hôpitaux n’ont plus pu obtenir de médicaments, ils ont demandé aux patients d’amener les leurs. Quand la nourriture a disparu des magasins, les chiens ont disparu des rues. Les chevaux de course ont été tués pour leur viande. D’autres horreurs ont été cachées : les gens ont fait ce qu’ils ont pu pour survivre. » Selon plusieurs reportages, le citoyen moyen du paradis socialiste de Maduro en est réduit à deux repas par jour et a perdu en moyenne neuf kilos de poids.
 
On en est arrivé aujourd’hui au troc, rapporte l’Institut américain pour la recherche économique (AIER). Ce qui constitue le dernier stade de la régression économique car il implique la destruction de la division du travail.
 

Au Venezuela, le socialisme a détruit la chaîne de production des biens : bienvenue au troc

 
A ce titre, le Venezuela inflige une sévère leçon d’économie à tous les tenants de la déresponsabilisation communiste et des systèmes archaïques. Car c’est cette division du travail qui a permis aux économies d’atteindre des niveaux de vie supérieur. Et ceci pour une raison simple : l’individu peut se spécialiser dans un maillon de la chaîne de production. Avec la réduction du coût du travail, le coût des biens et services décline rapidement, améliorant les niveaux de vie de chaque membre de cette chaîne. Soutenu par l’état de droit, la propriété privée du capital incluant celui qui l’a gagné par son travail, et la garantie légale des contrats, les personnes ont investi la masse croissante de leur capital dans des moyens de production de plus en plus efficaces. « Tout cela est bien connu pour qui a étudié Adam Smith, lequel expliquait dès 1759 dans sa Théorie des sentiments moraux, que chaque individu n’avait pas besoin de connaître la façon dont le système fonctionnait au bénéfice de tout le monde pour pouvoir y participer et jouir de ses bénéfices », rappelle Bob Adelmann.
 
Mais que la chaîne se rompe et ses membres sont rendus à se débrouiller seuls. Ils s’en retournent à des systèmes rudimentaires pour cultiver leurs haricots, cuire leur pain et échanger ce qui peut rester. John Fortschen l’a illustré dans sa nouvelle publiée en 2011, One second after, qui décrit la vie d’un village de Caroline du Nord après une attaque électromagnétique. La population s’y réduit de 90 %, ne laissant survivre que ceux qui peuvent produire suffisamment pour leurs besoins vitaux, complétant par le troc. Le Venezuela illustre ce drame, comme l’illustre la Corée du Nord ou l’ont illustré l’URSS ou les rayons vides des magasins d’Etat de RDA, de Roumanie ou de Chine maoïste. Le socialisme n’est pas progressiste mais régressif.
 

Matthieu Lenoir