Baupin : hystérie politiquement correcte et dérive américaine

Affaire Baupin Hystérie Politiquement correct
Le député EELV Denis Baupin en compagnie de Cécile Duflot.

 
Le député EELV Denis Baupin, époux du ministre du logement Emmanuelle Cosse, est accusé de harcèlement et d’agression sexuels. Cela suscite une hystérie médiatique, une affaire d’Etat, une campagne « antisexiste » en vue de promouvoir le politiquement correct. La dérive à l’américaine de la société française progresse.
 
Les faits sont dans l’ensemble prescrits, mais, selon le témoignage de plusieurs femmes qui sont aussi des adversaires politiques, Denis Baupin se serait comporté sans délicatesse avec elles. Qu’a-t-il fait au juste ? Les a-t-il violées, a-t-il tenté de les violer, les a-t-il, par de subtils et pervers massages de pied comme naguère le secrétaire d’Etat Georges Tron, menées contre leur gré à des relations sexuelles ? Non. Huit femmes du parti qu’il vient de quitter, EELV, dénoncent, plusieurs années après, les petits actes entre amis qu’il aurait commis. L’une l’accuse d’avoir cherché à l’embrasser, une autre lui reproche des tweets insistants, une troisième des plaisanteries graveleuses. Dans l’affaire Strauss-Kahn, quelle que fût la réalité des faits, l’incrimination était terrible et claire : viol avec traces physiques d’une brutalité particulière. Ici les faits qualifiés sont flous et la qualification excessive, voire abusive. C’est le premier signe d’une dérive à l’américaine. Une certaine morale remplace la loi : il s’est passé quelque chose, et, au lieu que cette chose soit précisément définie, elle est déclarée globalement mauvaise.
 

Les partisans de la licence sexuelle à fond contre Baupin

 
Cette dérive du droit est paradoxale et spectaculaire pour deux raisons. La première est qu’elle entend punir très sévèrement un abus sexuel bénin alors que notre société baigne depuis 1968 en pleine licence sexuelle : parmi les accusatrices figurent d’ailleurs des partisans du vagabondage sexuel, du « mariage » homosexuel, de la gay pride, etc… Un sondage tout récent révèle, sans émouvoir personne, qu’un cinquième des jeunes gens interrogés serait prêt à « coucher » pour grimper dans l’entreprise où ils se trouvent employés. La deuxième raison est que notre société est aujourd’hui le lieu et la victime de faits très graves auprès desquels les débordements allégués d’un Denis Baupin paraissent de ridicules peccadilles. Il y a en France et en Europe des violences graves contre les femmes, en couple ou non, de la pédophilie, des viols, souvent en réunion. Savoir des tournantes impunies quand on harcèle Baupin pour des tweets a quelque chose d’agaçant, ou plutôt de profondément pervers. Ces deux considérations conjuguées indiquent une subversion de la morale sexuelle à des fins politiques, couplée à l’utilisation de l’institution judiciaire pour promouvoir l’idéologie qui fonde cette subversion morale et politique. Pour faire court, il n’est pas trop grave que sept ou huit jeunes de banlieues utilisent une jeune fille dans une cave comme un morceau de viande, mais on ne saurait tolérer qu’un mâle blanc se permette une réflexion « inappropriée » au passage d’une jupe. Ainsi en a décidé la nouvelle morale du politiquement correct. Il s’agit d’une révolution de la société européenne par « l’antisexisme ».
 

L’affaire au scanner : comment l’hystérie a été provoquée

 
Voyons maintenant comment l’affaire a été montée en mayonnaise. A l’origine on trouve Médiapart, le site du trotskiste bobo Edwy Plenel. Les faits sont inconsistants, mais, immédiatement, les relais dans les médias et le milieu politique, sont nombreux et les réactions démesurées. Il faut « faire le grand ménage ». Il est « grand temps de changer les mœurs politiques ». Etc. On se demande gravement si le machisme et le sexisme sont une question de génération. On en arrive à une véritable hystérie collective. Baupin n’est plus qu’un prétexte à un grand déballage de témoignages plus ou moins authentiques et impudiques, mais tous orientés, politiquement corrects, tous « antisexistes ».
 
Témoin cette conseillère municipale de Magny les Hameaux (ça ne s’invente pas, on dirait Clochemerle), dans les Yvelines. Elle aurait suscité de la part de ses collègues républicains la réflexion suivante : « Quand je te vois, j’ai envie de faire une Baupin. » Et d’autres mâles présents auraient ri en disant : « Quand on voit Aurore (elle s’appelle Aurore), on a le bâton de Berger » Dire que ces paroles soient très fines, non, mais les qualifier d’agression ou de violence sexuelle est soit une mauvaise plaisanterie, soit un acte révolutionnaire.
 

Les étranges pudeurs du politiquement correct

 
Et un acte révolutionnaire qui porte, puisqu’il se trouve relayé par les médias. Un journaliste juge « hallucinants » ces propos. Non. Ils sont simplement lourdingues, s’ils sont avérés. Les autres témoignages qui nourrissent l’hystérie parisienne sont encore plus disproportionnés. Isabelle Attard, élue EELV du Calvados, et Elen Dubost, adjointe au maire du Mans, auraient reçu qui des dizaines de tweets, qui « plus de cent cinquante ». Des mails explicites et insistants, alors qu’elles avaient manifesté clairement qu’elles n’étaient pas intéressées. Imaginons par hypothèse que cela soit vrai : cela prouve seulement qu’elles ne savent pas comment on traite les messieurs importuns.
 
Quand certaines limites sont franchies, une bonne claque leur remet les idées en place, leur orgueil en souffre durablement, et ils n’insistent pas. C’est ce qu’aurait dû faire l’ancien ministre Monique Pelletier, qui se répand tardivement sur un baiser non souhaité, dans le cadre de la « libération de la parole », id est de l’hystérie délatrice sans contrôle. Ce « baiser complet », dixit la « victime », lui aurait infligé en 1979 par un sénateur, président de séance, avant un débat sur la prorogation sur la loi Veil qu’elle défendait. Preuve que les politiciennes qui défendent l’avortement ne sont pas toujours assez libres de leur corps pour donner la baffe nécessaire. Dans la majorité des cas, une phrase suffit, « t’as vu ton âge », ou, « t’as vu ta tronche », ou même un haussement de sourcil bien placé. Cette affaire regorge de gourdes, de menteuses, ou de militantes féministes, ou les trois à la fois.
 

Dérive américaine et confusion révolutionnaire

 
Vat-on tenter d’identifier ce sénateur, susciter des délations, lui intenter un procès ? Cela serait dans la logique politiquement correcte qui prend l’affaire Baupin pour prétexte afin de promouvoir la révolution féministe. Dans la logique de confusion révolutionnaire qui régit l’affaire et l’hystérie qui en est le moyen. On parle pêle-mêle de sexisme, de machisme, de violences, de harcèlement, d’agression sexuelle. Comme si tout cela était non seulement de même degré, mais de même nature. Par ce moyen, des parlementaires qui ont imité le bruit d’une poule au passage d’une de leurs collègues ont été sanctionnés. Et un autre, pour avoir respecté le bon usage grammatical, recommandé par l’Académie française, a été privé d’une part de son indemnité de député. La nouvelle morale sert à mettre au pas tous ceux qui demeurent attachés à la société traditionnelle. Comme la nébuleuse LGBTI, c’est une création du féminisme. Le principal instrument de la révolution est aujourd’hui l’antiracisme, mais l’antisexisme est son petit frère, c’est l’harmonique dans le concert politiquement correct, l’adjoint féministe de la police de la pensée.
 

Anatrella victime aussi de l’hystérie politiquement correcte

 
Nous avons importé cela d’outre Atlantique, où un professeur d’université ne reçoit plus une étudiante dans son bureau porte fermée, de crainte d’être poursuivi pour harcèlement sexuel : la dérive américaine est un fait. Des juges formatés par le syndicat de la magistrature estiment très sérieusement qu’un patron qui fait la bise à l’une de ses employées se livre à du « harcèlement sexuel ».
 
Cette évolution à prétention progressiste s’en prend naturellement à tous ses adversaires, qu’elle hait comme tels, et qu’elle entend dénigrer par tous les moyens. De ce point de vue, les accusations qui viennent d’être portées contre Mgr Anatrella, prêtre, psychothérapeute, conseiller du Vatican sur les questions d’éthique sexuelle, doivent s’analyser, quelle que soit la véracité des faits, comme une attaque politique. Des homosexuels l’accusent d’avoir eu des rapports avec eux, dans le cadre de ses fonctions. Ce n’est pas la première affaire de ce genre qu’on lui impute, et il a été innocenté des précédentes. Pourquoi cet acharnement ? Parce que ses prises de position, concernant le « mariage » des gays, et l’incompatibilité entre prêtrise et homosexualité dérangent le politiquement correct. Elles le dérangent particulièrement parce qu’Anatrella montre que la recherche psychologique rejoint et étaye l’enseignement du magistère catholique fondée sur l’Ecriture. D’où la nécessité de l’abattre. Là s’arrête bien sûr l’analogie avec l’affaire Baupin, apparatchik de l’écologisme et petit coq de gauche sans doute très mal élevé, se croyant vraisemblablement tout permis, et dont des féministes en proie à l’hystérie ont décidé de faire le bouc émissaire d’une société qu’elles veulent détruire.
 

Pauline Mille