Chinois et Indiens sont satisfaits de la globalisation, selon une enquête Pew

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Si dans les pays développés, la globalisation mondialiste n’a plus la cote parmi les gens ordinaires, il n’en va pas de même dans les pays émergents qui en ont ont profité et qui espèrent bien continuer d’en tirer des avantages… sur le plan national. Une enquête réalisée par le Pew Research Center révèle que la globalisation est de mieux en mieux perçue en Inde et en Chine, pays qui comptent sur une croissance confortable aux alentours de 7,6 et 6,6 % respectivement. Pour les Indiens et les Chinois, cette satisfaction se double de la « fierté de voir leur nation acquérir une stature plus importante sur le théâtre du monde », selon Bruce Stokes, directeur des enquêtes sur les attitudes économiques globales de Pew.
 
« 86 % des Chinois et à peu près les deux tiers des Indiens sont satisfaits des tendances qui s’observent aujourd’hui dans leur pays », révèle l’enquête : l’ambiance est à l’optimisme, on s’attend à une amélioration du niveau de vie aujourd’hui et pour les générations futures. Dans 10 nations de l’Union européenne, ce pourcentage s’établit aujourd’hui beaucoup plus modestement à 42 %, tandis qu’aux États-Unis on fait à peine mieux avec 44 % de « satisfaits » de l’économie.
 

Surprise ! Les Chinois et les Indiens satisfaits de leurs économies en expansion

 
Tout est question évidemment d’où l’on vient. D’un côté, tout semble désirable et positif en comparaison avec le simple manque de moyens voire l’extrême pauvreté beaucoup plus répandus dans les pays en voie de développement. De l’autre, on perçoit le déclin à travers la désindustrialisation entraînée par le mondialisme libre-échangiste, et les affres du chômage.
 
Un autre facteur mérite d’être souligné : que l’on soit en Occident ou dans un pays asiatique émergent, l’influence étrangère est perçue avec inquiétude et de part et d’autre, les habitants ordinaires attendent avant tout de leur gouvernement que celui-ci donne la priorité aux problèmes domestiques.
 
L’optimisme des Chinois et des Indiens s’explique notamment par le fait qu’on leur annonce une croissance deux fois plus importante que celle du reste du monde, comme le fait le FMI sans tenir compte des graves problèmes sous-jacents en Chine, notamment, où crises financières et difficultés démographiques, sans compter une bulle immobilière dont tout le monde parle, devraient relativiser ces prédictions au moins sur le moyen terme.
 

L’attitude envers la globalisation évaluée par une enquête Pew

 
Si les uns et les autres sont fiers de voir leurs nations prendre une place plus importante dans le concert des nations, les Chinois et les Indiens n’estiment pas que leurs gouvernements respectifs devraient s’inquiéter de ce qui se passe ailleurs, ni venir en aide aux pays tiers. Ils se focalisent sur les promesses de croissance immédiate. Les habitants des campagnes y sont plus optimistes en général que ceux des villes.
 
En Chine, seuls 23 % des interrogés sont insatisfaits de la mondialisation au motif que celle-ci fait baisser les salaires et détruit des emplois. La belle affaire ! C’est la Chine notamment qui a le plus profité du libre-échange et qui a attiré l’industrie au détriment des pays développés qui ont laissé bien des plumes. Devenu atelier du monde par volonté politique mondiale, la Chine aurait tort de se plaindre, même si ses perspectives sont un peu moins bonnes du fait de l’émergence de pays encore moins chers.
 
Pour autant, 77 % des Chinois estiment qu’il faut protéger leur société des influences étrangères, ce qui représente 13 points de plus qu’en 2002. La mondialisation, à cette aune, est bien perçue comme un simple élément de développement national.
 
En Inde, les inquiétudes sont souvent relatives à la Chine. Sept Indiens sur 10 estiment que le poids économique de la Chine est un problème pour leur pays ; 45 % estiment que ce problème est très grave ; 69 % jugent même que la puissance militaire croissant de la Chine est problématique pour l’Inde, 49 % allant jusqu’à dire que c’est un « très grave problème ». Pour 48 % des Indiens, les relations de la Chine avec le Pakistan représentent elles aussi un « très grave problème ».
 

Le globalisme isolationniste ou les paradoxes du libre-échange

 
D’un côté comme de l’autre – 56 % des interrogés en Chine et 53 % en Inde – une majorité nette estime que les gouvernements nationaux doivent s’occuper prioritairement des problèmes nationaux : on retrouve à peu près les mêmes pourcentages que dans les pays développés. Un globalisme isolationniste ? C’est à peu près cela : le libre échangisme est considéré comme un bien, tant qu’il profite à soi, et peu importe ce que l’on vit ailleurs.
 
Les mondialistes trouveront toujours un égoïsme local ou catégoriel sur lequel s’appuyer, tout en contestant le droit des nations de s’organiser en fonction de leur souveraineté et de leur propre bien commun…
 

Anne Dolhein