Où Christopher Booker s’interroge sur les pièges du Brexit

Christopher Booker pièges Brexit
Christopher Booker

 
Editorialiste au Telegraph de Londres, Christopher Booker n’est pas suspect d’européisme. Il fait partie des plus grands dénonciateurs du pouvoir totalitaire grandissant de l’Union européenne, en même temps qu’il est un climatosceptique des plus convaincants. Mais à l’approche du déclenchement du Brexit, il s’inquiète de la manière totalement irresponsable dont le Royaume-Uni prépare, selon lui, sa sortie de l’UE.
 
Dans un récent éditorial, il accuse le ministre chargé de la sortie de l’Union européenne, David Davis, de n’avoir pas la moindre idée de ce à quoi le pays s’expose à travers le Brexit. Ni Davis, ni le premier ministre Theresa May n’ont mesuré des conséquences d’une sortie pure et simple, à la fois du marché unique et de la zone économique européenne, avec l’idée qu’« aucun accord, c’est encore mieux qu’un mauvais accord ».
 
Pour le reste, les responsables chargés de mettre en mouvement l’article 50 du traité européen ne semblent pas avoir mesuré ni le coût ni les conséquences d’un départ sans accord, reconnaissant simplement la fin du « passporting » qui permet aux services financiers britanniques d’opérer sur le territoire de l’UE, celle des cartes d’assurance-maladie européenne, et celle du droit de profiter de l’accord « open skies » entre les Etats-Unis et l’Union européenne, affirme Booker.
 

L’eurosceptique Christopher Booker ne fait pas confiance aux négociateurs du Brexit

 
Davis «  a également reconnu que les « freins  au commerce » seront « un problème potentiellement aussi grand que celui des droits de douane »… Il espère qu’on pourra nous donner accès à une extension des « vérifications douanières électroniques légères » qui permettent à 10.000 camions britanniques de conduire des biens n’importe où dans l’UE chaque jour sans contrôles aux frontières », observe Christopher Booker.
 
Pourtant, signale ce dernier, le Brexit exclura automatiquement le Royaume-Uni du bénéfice de ce système en en faisant un « pays tiers », avec des délais et des bouchons inimaginables pour les transporteurs britanniques, soumis en outre aux règles phytosanitaires de l’UE qui exigeront des contrôles massifs des produits végétaux et animaux à leur entrée sur le territoire.
 
Christopher Booker ne croit pas un instant que l’Union européenne laissera le Royaume-Uni se dispenser de ces obligations, et il croit encore moins que toutes ces questions pourront se régler – avec les innombrables autres renégociations qui s’imposeront – en l’espace de deux ans. Et ce notamment dans le domaine des relations bilatérales actuelles entre l’Union européenne et les pays tiers : on en compte aujourd’hui 880, dont 20 avec les Etats-Unis et 67 avec la Chine, auquel le Royaume-Uni ne saurait prétendre une fois dissociée de l’UE.
 
Peut-être est-il pessimiste ; l’UE a certainement intérêt à la poursuite des échanges. Mais elle est incontestablement attachée aux tonnes d’obligations qu’elle a créées…
 

Christopher Booker : quitter l’UE, oui, mais pas la Zone économique européenne

 
C’est un gigantesque traquenard qui attend le Royaume-Uni, Booker en est donc persuadé : « La réalité horrifiante est bien que nos politiques se préparent à ces négociations sans avoir aucune idée concrète de l’énorme piège à éléphant qui les attend – et que nous aurions pu éviter si seulement nous avions été assez malins pour quitter l’UE mais en restant dans la zone économique européenne. Hélas, nous avons préféré le piège à éléphants. »
 
Pendant ce temps, le Royaume-Uni ne se désengage pas d’une autre forme de tyrannie. L’éditorial de Booker s’achève sur un sujet connexe : celui du coût budgétaire du « verdissement » qui imposera au cours des cinq prochaines années de nouveaux impôts et taxes écologiques.
 
« Le coût des « prélèvements environnementaux » aura pratiquement doublé pour atteindre 13,5 milliards de livres par an, dont la part la plus importante, 11,8 milliards, servira à subventionner les parcs éoliens, les centrales solaires et la « biomasse » (qui consiste principalement à faire brûler des granulés de bois importés des Etats-Unis). Le coût total sur cinq ans de toutes ces mesures destinées à nous mener vers une économie à bas carbone sera donc de 57 milliards de livres », calcule Christopher Booker.
 

Eviter les pièges du Brexit, c’est pourtant possible

 
A quoi il faut ajouter la « Renewable Heat Incentive », un projet qui offre aux propriétaires immobiliers professionnels et de grandes maisons des avantages considérables s’ils acceptent de faire fonctionner leur chaudière à granulés de bois 24 heures sur 24, même en été. Coût pour le contribuable : 4,9 milliards de livres.
 
C’est sans compter, en outre, avec les nouveaux droits imposés aux passagers aériens et la « Climate Levy », une taxe climatique : ils représentent une ponction de 29 milliards de livres supplémentaires.
 
« Tout cela signifie que d’ici à 2022 nous aurons sorti de nos poches quelque 91 milliards de livres supplémentaires, soit en moyenne 700 livres par an prélevés sur chaque foyer britannique. Tout cela supposément pour nous sauver du réchauffement climatique dont on a tant parlé dernièrement. Mais n’est-ce pas amusant comme la BBC, si enthousiaste pour « sauver la planète », ne nous en dit jamais rien ? », conclut l’éditorialiste.
 
Il ne suffit plus de quitter l’Union européenne, en effet, pour s’affranchir du poids du mondialisme.
 

Anne Dolhein