Laïcité : les clubs Satan proposés en option aux petits Américains après l’école

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Un groupe d’activistes anti-chrétiens, le Temple satanique, a créé des clubs Satan. Les petits Américains de l’école élémentaire suivent des programmes l’après midi après le temps d’instruction proprement scolaire : cela leur fera une nouvelle option. L’objectif avoué est de faire pièce aux « Christian Good News Clubs » lancés par des chrétiens évangéliques. Pour rétablir la « laïcité », et la « séparation de l’Eglise et de l’Etat ».
 
Doug Mesner, le fondateur du temple satanique et des clubs Satan, a un abord lisse et poli, un discours rationnel et mesuré. Il déplore que les chrétiens évangélistes du CEF (Child Evangelism Fellowship) aient contourné la constitution américaine et se soient infiltrés avec leur « Christian Good News Clubs » dans l’école publique, brisant ainsi la séparation entre l’Eglise et l’Etat. Mais puisque la Cour suprême des Etats Unis a décidé dans une affaire complexe, en 2001, qu’on ne saurait exclure un programme « après école » en raison des opinions religieuses de ses promoteurs, et que dix ans après, on comptait plus de 3.500 Good News Clubs, il a décidé d’en faire autant avec ses Clubs Satan.
 

Satan garant de la laïcité

 
Il ne s’agit ni plus ni moins à l’en croire que de rétablir l’équilibre constitutionnel et la laïcité par une option non chrétienne. Et, toujours selon lui, les Clubs Satan et ce qu’on y fera n’auront rien avoir avec un être surnaturel malfaisant. Le temple satanique rejette hautement toute forme de surnaturel et ne jure que par la rationalité scientifique. Pour Mesner, « Satan » est juste « une construction métaphorique » censée représenter le rejet de toute forme de tyrannie exercée sur le cerveau humain. Héhé : tout cela est très poli et très rationnel, mais revient à présenter explicitement le christianisme comme une tyrannie, et Satan comme un libérateur.
 
La suite n’est pas moins policée, ni moins claire. Mesner ajoute : « Il est capital que les enfants comprennent qu’il y a de multiples façons de voir sur chaque question, et qu’ils ont un choix pour déterminer leur façon de penser. » En somme, les clubs Satan leur donneront une option : Jésus ou Satan. Telle est la nouvelle laïcité, conforme aux habitudes mentales américaines : même ses ennemis évangélistes reconnaissent que Mesner a « l’amendement numéro 1 pour lui ». Au nom du pluralisme et de la liberté, on débouche sur un parfait relativisme.
 

Les clubs Satan, une option préférable pour l’école

 
La cible des clubs Satan est incontestablement de faire une concurrence directe aux clubs Good News. Et ils jouent pour cela sur leur côté libéral et propre sur eux : « Alors que les Good News Club se focalisent sur endoctrinement, remplissant les enfants de la peur de l’enfer et du courroux de Dieu, les clubs Satan insisteront après l’école sur le libre examen, le rationalisme. Nous préférons donner aux enfants un aperçu des merveilles de la nature qui les entoure, pas la peur de l’horreur éternelle de l’autre monde ». A l’en croire, ce seraient les chrétiens les vrais satanistes.
 
Et la rhétorique fonctionne. Le Washington Post rapporte le cas d’une éducatrice de bon niveau, Amy Jensen, qui a décidé de diriger un Club Satan après avoir comparé ses programmes avec ceux du Good News Club. Selon elle, ils inspirent la bienveillance et l’empathie pour tout le monde, et respirent le sens commun. Alors que leur concurrent, bien sûr, enseignent « la peur et la haine des autres croyances ».
 

Satan, son folklore américain, sa réalité

 
Tout cela est bel et bon, mais le Temple satanique, s’il essaie de se faire une nouvelle notoriété par ses Clubs Satan, s’est fait connaître voilà quelques années par une statue du Baphomet dans l’Oklahoma, cette fois pour faire équilibre avec un monument où figuraient les Dix Commandements. Toujours le même militantisme provocateur antichrétien.
 
Et le Temple satanique, bien qu’il se veuille provocateur, ironique, tenant de la laïcité, et prétende n’agir que pour s’opposer à l’expansionnisme d’une religion fondamentaliste qui tenterait de s’imposer comme religion d’Etat, sacrifie quand même au folklore luciférien. Pour la réunion qui devait fixer la stratégie des clubs Satan, ses dirigeants, venus d’une vingtaine d’Etats américains, s’étaient réunis à Salem, où eut lieu au dix-septième siècle un retentissant procès de sorcières, dans une maison aux murs tendus de tissu cramoisi, dans une atmosphère de films d’horreur. Dérision ? Sans doute ! Mais Satan a-t-il besoin des apparences dont la superstition l’enveloppe pour exister et pour agir ? Par l’humour et l’équilibre apparemment requis par la raison, les clubs Satan n’atteignent-ils pas leur objectif : discréditer le christianisme et prédisposer le public au relativisme et à l’indifférence ?
 

Pauline Mille