La plainte du Temple satanique contre les restrictions à l’avortement rejetée d’emblée au Texas

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Le tribunal fédéral du district sud du Texas a rejeté, la semaine dernière, la demande d’ouverture de procès formulée par le groupe militant d’extrême gauche The Satanic Temple (TST), qui cherchait à faire juger que les restrictions légales à l’avortement dans cet Etat, dans la mesure où celles-ci violeraient la « liberté religieuse » des satanistes. Les arguments de l’association ont été rejetés comme « faibles » et « sibyllins », et elle ne pourra pas intenter une action sur le fond contre le commissaire exécutif des services de santé et des services sociaux du Texas, Cecile Young, du fait des « préjugés » de la « mauvaise foi » qui caractérisent la plainte.

L’affaire peut paraître saugrenue mais elle est très significative de l’inversion qui est propre aux esprits démoniaques, et ce même si les membres de leur « Temple » présentent leur secte de manière volontairement décalée.

Le TST se présente comme un groupe de gauche laïque et prétend avoir adopté le nom de Satan comme « symbole de l’éternel rebelle en opposition à l’autorité arbitraire », sans croire pour autant en Dieu ni même au le diable : aucun concept surnaturel n’existe littéralement, affirment ses membres, mais cela ne les empêche pas d’organiser des rituels sataniques. Chose éminemment délétère, et qui le resterait même si ces gens disaient vrai en suggérant que tout cela relève d’une espèce de jeu politique.

 

Le Temple satanique présente sans succès l’avortement comme une liberté religieuse au Texas

L’action en justice avait été intentée par le TST en 2021 en invoquant la liberté d’expression et la liberté religieuse, bien avant que la Cour suprême des Etats-Unis ne renverse l’arrêt Roe v. Wade et ne reconnaisse expressément la liberté des Etats de décider de leur propre législation en matière d’avortement. Le Texas venait alors d’imposer aux femmes cherchant à avorter de passer une échographie afin de pouvoir écouter battre le cœur de son enfant et voir son image avant de prendre la décision d’avorter, au nom de leur droit à l’information pertinente en vue du « consentement éclairé ».

Le TST indiquait alors que l’avortement faisait partie de son culte : « Le rituel satanique de l’avortement est un sacrement qui entoure et englobe l’acte abortif. Il est conçu pour combattre les sentiments de culpabilité, de doute et de honte et pour permettre au membre d’affirmer ou de réaffirmer son pouvoir et son contrôle sur son propre esprit et son propre corps. »

Le groupe sataniste arguait que les conditions posées pour avorter au Texas n’ont aucun lien avec l’avortement et n’assurent pas à celui-ci une « issue plus favorable », assimilant les nouvelles obligations à ce que serait par exemple « un temps d’attente avant de pouvoir communier » ; celui-ci serait « inconstitutionnel » selon leur plainte. Absurde ? Bien sûr (ne serait-ce qu’en raison des conditions à remplir pour pouvoir recevoir la sainte communion !). Mais on devine le raisonnement éminemment tordu et ricanant de ces militants qui prétendent réclamer « les mêmes droits que n’importe quelle autre organisation religieuse ».

 

Le Temple satanique retourne les arguments des pro-vie pour revendiquer l’avortement

Avec le renversement de Roe v. Wade en juin 2022, la plainte a été amendée pour tenter de faire reconnaître que les lois pro-vie qui sont entrées en vigueur automatiquement à ce moment-là empêchent les satanistes de pratiquer des rituels en rapport avec l’avortement.

« L’interdiction de l’avortement au-delà de six semaines imposée par la loi SB 8 porte atteinte au droit de nos membres de pratiquer la religion de leur choix et de participer à des rites et rituels religieux », a ainsi déclaré Erin Helian, directrice des opérations de campagne de TST. « Conformément à notre troisième principe, le Temple satanique s’opposera à la violation par le législateur texan de l’autonomie corporelle et de la liberté de choix de nos membres. »

L’avocate de l’association, s’exprimant au nom de la représentante du TST, « Ann Doe », a déclaré au cours de la procédure : « Le rituel d’avortement (1) nécessite un avortement ; et (2) confirme sa croyance religieuse aux Troisième et Cinquième Tenets de la TST. Mais avant que Mme Doe puisse se faire avorter – et donc participer au rituel de l’avortement – le gouvernement a exigé qu’elle passe une échographie… Ces exigences interfèrent fortement avec les croyances et pratiques religieuses de Doe pour deux raisons. Premièrement, ces exigences sont une condition préalable à la participation de Mme Doe à une cérémonie religieuse. Le fait que l’Etat place un obstacle réglementaire – et payant – devant un exercice religieux constitue en soi une ingérence substantielle. L’Etat pourrait tout aussi bien taxer et réglementer la messe. »

Il s’agit en quelque sorte de renverser l’argumentation de ceux qui font appel à leur liberté de conscience pour ne pas participer à un acte qu’ils considèrent comme un crime, pour affirmer le « droit religieux » de faire l’inverse, dans une fausse symétrie moqueuse, pour ne pas dire blasphématoire.

 

La « mauvaise foi » du Temple satanique

Et si l’on frise le canular – raison, sans doute, pour laquelle la plainte a été rejetée au nom de la mauvaise foi – le fond de l’action du TST est parfaitement et sérieusement en phase avec les exigences du nouveau Moloch dévoreur d’enfants. Dès le renversement par la Cour suprême de l’arrêt qui, depuis 1973, imposait aux Etats de rendre l’avortement accessible au nom du droit à la vie privée, le Temple satanique a annoncé vouloir ouvrir un avortoir permettant aux femmes de se fournir en pilules abortives, sous le nom : « Clinique d’avortement satanique de la maman de Samuel Alito » – ce dernier étant le juge qui a rédigé la décision de 2022. La clinique fonctionne effectivement en ligne depuis février.

La TST est plus largement connue pour ses actions contre les lois pro-vie, le parrainage d’événements de « fierté » LGBT, l’érection de statues sataniques dans le domaine public et la promotion de « clubs Satan » dans l’enceinte des écoles publiques…

Et ce n’est pas drôle du tout.

 

Jeanne Smits